Dark Side : Murky

30.

Cette nuit n'avait pas été concluante. Le plan était au point, mais long à mettre en place. Je commençai à désespérer de venir un jour au bout de cette mission. M'enfin, il suffisait d'un peu de patience et je finirais par en voir la fin. Tout ne pouvait pas toujours se dérouler comme prévu.

Je rentrai enfin chez moi, il était aux alentours de cinq heures du matin, j'étais en retard mais ça n'était pas grave puisque Jimoon n'avait pas cours aujourd'hui. Et puis, je crois bien que j'étais beaucoup trop fatigué pour me faire du souci sur la question. Mon frère avait le sommeil lourd. Je poussai la porte, impatient de retrouver mon lit.

Ce que je trouvai dans le salon m'annonça assez distinctement que l'univers avait été gentil avec moi beaucoup trop longtemps, qu'il s'acharnait à nouveau.

Jimoon était là. Au beau milieu du salon, les yeux et les joues ravagés par les larmes, un air colérique collé au visage, et les bras croisés. J'étais face à lui, vêtu de ma belle tenue de tueur à gage et je n'avais aucune excuse valable pour justifier ça.

Je restai silencieux, ne sachant pas quoi dire, ni comment amorcer ce qui serait de toute évidence la pire conversation de ma vie. Il me détailla de la tête aux pieds, puis dit simplement avec plus de haine que je l'en aurais cru capable :

"Bonsoir, Murky."

Je ne trouvai pas quoi lui répondre.

"Sympa ta nuit au bar ?

- Il y a plein de trucs que tu dois savoir avant de...

- Ah des trucs en plus ? Qu'est-ce que je devrais savoir à part que t'es un putain de tueur en série, et que ça fait cinq ans que tu me mens ?!

- C'est compliqué...

- Ça m'a l'air très simple. Tu tues des gens, t'empoches le fric, et t'as l'audace de me faire des cadeaux grâce à ça. J'aurais préféré ne rien avoir que d'obtenir tout ça avec de l'argent sale, cracha-t-il.

- Tu m'en veux.

- Le mot est faible. J'avais confiance en toi, Jimin, vraiment confiance ! On est que tous les deux maintenant, et depuis trop longtemps. Tu es le seul qui ne m'a jamais trahi, le seul qui arrivait presque à me prouver qu'il y avait encore quelque chose à tirer de l'être humain. Mais la vérité c'est que t'es qu'un psychopathe.

- Je ne suis pas un psychopathe.

- Tu tues des gens et tu fais comme si de rien n'était le jour qui suit.

- Certes, mais...

- Ta gueule, je veux pas entendre des excuses à la con. J'ai eu le temps de réfléchir pendant que t'étais parti tuer quelqu'un, et j'ai pensé à toutes les fois où tu m'as menti. J'ai rarement eu aussi mal.

- J'ai tué personne cette nuit, grognai-je.

- Tu m'en vois ravi ! Il leva les yeux au ciel.

- Sérieusement, Jimoon, laisse-moi essayer de t'expliquer.

- Non, il s'approcha de moi, si près que je sentais son haleine et articula simplement, tu me donnes envie de vomir."

Après ça, il partit dans sa chambre. Je l'y suivis, ne tenant pas à en rester là. En arrivant, peu de temps après lui, je le trouvai déjà en train de remplir un sac de vêtements.

"Tu vas où ? Demandai-je.

- Très loin de toi."

Il resta dos à moi, remplissant son sac encore et encore. Puis il chopa son sac de cours et me contourna pour quitter la chambre, comme si je n'existais pas. Je le suivis encore jusqu'à l'entrée.