Brulons. Aimons.

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" Tu sais c'que c'est toi, le bonheur ? C'est bizarre hein ? Ça me prend, de temps en temps. ", disait-elle, une clope entre les lèvres. Il la regardait, un petit sourire en coin. Pour une fois qu'elle voulait parler, il n'allait pas l'en priver. Et elle continua:
" Le bonheur... Je me demande comment c'est quand ça reste plus d'un jour ou deux. Tu crois qu'on s'y habitue ? Parce que moi, j'ai jamais été heureuse plus de trois jours, j'crois bien. J'ai déjà ressentie l'adrénaline. Le fait de se sentir libre, un peu comme un oiseau. Tu sais, comme dans ces pauvres manèges ? Ça tourne, ça va pas trop vite, mais ça nous fait rire et ça nous rend heureux, le temps d'un tour.
Un peu comme ça, j'aimerais que cette euphorie dure plus longtemps. J'sais pas moi, genre une semaine. J'pourrais vivre avec, j'crois. J'me demande souvent; pourquoi avec toi, j'suis comme je suis.
Heureuse tant que tu es là, désespérée à crever quand tu pars ? T'es pire qu'une drogue. "

Pendant qu'elle parlait, elle agitait ses mains, et sa cigarette remuait dans le coin de sa bouche tandis que des volutes de fumées s'élevaient au dessus de eux. Il la prit contre lui, et ils regardaient le soleil se coucher doucement. Elle reprit alors:

" J'aime bien. C'est bizarre, mais ouais, j'aime ça. Ça m'détruit pas vraiment, puisqu'à chaque fois que tu reviens, c'est comme un renouveau. Comme si j'avais le droit à un autre coup, une autre clope. C'est un moment avec toi. Un moment magique.
Tu dois rire, j'suis sûre. Tu m'entends pas poète comme ça d'habitude, hein ? Enfin, je suis pas très poète. Je sais que fumer, toujours et encore, comme une idiote.
Mais je crois que ça me calme de tout ce qu'il se passe en plus. Faut pas m'en vouloir. J'ai pas l'habitude de ressentir ça. Je connais mieux la douleur, la peine, la solitude. L'amour pour moi c'est nouveau. C'est beau, mais ça m'fait peur. "

En disant ça, elle s'était relevée, et elle lui tournait le dos. Il l'imaginait se mordre la lèvre inférieur pendant que sa main gauche agitait la cigarette dans les airs. Il était sûr que c'était ce qu'elle faisait. Elle finit par se retourner vers lui, un sourire au visage, les yeux bleus pétillants, et lui déclara:

" Mais avec toi, je sens que je peux supporter ça. Cette peur. "

Elle se rassit à côté de lui et il lui murmura quelques mots à l'oreille:

" Tu sais, si t'as peur, c'est qu'tu m'aimes. "

Elle rit. De ce rire franc et joyeux, puissant et contagieux. Elle tourna son minois vers le sien et continua son discours:

" Alors oui, je t'aime de tout mon coeur. De tout mon petit coeur, malmené et réparé comme j'ai pu. Et j'veux t'aimer, pendant encore longtemps. Comme une cigarette, je veux que ça dure le plus longtemps possible. Parce que j'suis une fille à problèmes, et que t'es ma solution.
T'es ma cigarette. "

Elle le regardait toujours. Lui la regardait au plus profond de ses yeux, et lui dit ses deux mots qui la faisaient chavirer " Je t'aime. ".
Et alors, il lui prit son visage entre ses mains et l'embrassa.

Leur amour brûlait comme une cigarette, et le temps s'était stoppé pour leur permettre de se consumer plus longtemps.

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Fumée noire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant