Une course dans la nuit.

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J'hurle dans la nuit ma folle idée. L'idée de courir encore et encore, toujours plus loin. Dans la forêt, le vent s'engouffre dans mes cheveux et me répond avec joie. Il me défie de courir avec lui. Il souffle de derrière moi, une brise légère qui lance mes cheveux vers l'avant de mon visage. Quelques mèches rebelles se balancent devant mes yeux, mais je les y laisse. Et je me lance à la poursuite du vent. Je cours avec lui, lançant mes jambes dans une course effrénée. J'écarte les bras et hurle encore. Je suis transportée.

Mes pieds nus s'enfoncent légèrement dans la terre humide, et mes mains caressent les quelques feuilles à ma portée. Courir sans but, mais courir quand même. L'air siffle dans mes poumons, qui me brûlent. Mais je me sens terriblement bien. Comme je me sens libre ! Personne pour me dire que je dois m'arrêter au milieu de cette course, personne pour me dire que ça ne sert à rien, personne pour me diriger. Et alors un rire enfle dans ma gorge et sort pour éclater dans la nuit. Je me dirige vers la sortie de la forêt, ou les premiers rayons de soleil m'accueillent. Je n'y suis pas encore, je peux continuer à courir. Et le vent toujours m'accompagne, me poussant plus loin, plus fort.

Jamais cette sensation ne me lassera. Elle est comme une drogue. Mes jambes me portent, et la fatigue commence à s'installer dans les muscles, mais l'envie prend le dessus sur la douleur. J'ai l'impression que quelqu'un court avec moi. Alors je tourne la tête vers la gauche et voit une forme floue. Je me concentre et regarde sans ralentir, sans craindre de me prendre un arbre. Lorsque je le reconnais, je souris de plus belle. Il est là. Le fantôme du passé est revenu pour courir avec moi.
Mon amour ! Jamais tu ne me laisses seul, et ô comme je t'aime !

Je cours à tes côtés et ton bras se tend pour que nos mains se joignent. C'est une course impossible, mais la nuit me fait délirer, j'en suis consciente. Mais où est le problème ? Nul part ! Le bonheur d'un instant fera mon bien être de demain ! Je me laisse encore l'illusion que même après sa mort, il puisse revenir courir avec moi. Je dois être folle, mais merde ! Le monde est bien trop triste sans lui pour que je m'empêche de voir ce que je veux.
Je lève mon visage vers les étoiles qui commencent à disparaître doucement, et le sourire sur mes lèvres s'étire encore. Mes cheveux flottent derrière moi, et le rire est le seul bruit qui emplit la forêt, avec le bruit de mes pas.

Je vois le bout de la forêt, la fin d'une illusion. Le retour à la réalité m'attend, mais je m'en fiche, car je recommencerai. La nuit est mon amie, et elle plus belle que tout ce que je pouvais imaginer.
Enfin, j'arrive au bout. Le premier rayon de soleil que je perçoit éclate dans ma rétine et, l'espace d'un instant, je suis aveugle. Quand je retrouve la vue, la lumière m'inonde le visage de son éclat doré. Je tourne la tête sur la gauche. Tu n'es plus là. Je le savais. Mais je souris quand même, heureuse d'avoir couru avec toi. Toujours souriante, mes cheveux finissent par tomber dans mes yeux.

Alors je prends une profonde inspiration et hurle à pleins poumons cette phrase qui me tient à coeur.

" I am free ! "

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Fumée noire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant