Un heros.

32 1 0
                                    

Moi qui me sentais seule, j'ai décidé d'aller au parc, pour photographier ce que j'y verrai. Ce que j'y ai vu m'a fendu le cœur... En allant là-bas, je pensais trouver la joie des enfants, et les rires innocents qui la caractérisent. Je pensais trouver un coin de bonheur, un monde parallèlement doux comparé à la réalité qui nous entoure. Au final, j'ai trouvé cette même vérité qui remplit notre quotidien. La vérité que la différence éloigne.

Il y avait un petit garçon, il ne devait pas avoir plus de cinq ans, qui avait une cicatrice sur le visage. Sûrement le vestige d'un accident tragique. De plus, il n'était pas accompagné de ses parents, mais d'une femme dont je savais qu'elle travaillait à l'orphelinat. Cette femme surveillait d'autres enfants, et était allée voir une petite fille qui était tombée. Elle ne vit pas ce qu'il se passa au même moment, mais moi, je le vis.

Le petit garçon était allé voir un groupe d'enfants qui jouaient. A son approche, ils se figèrent tous et le dévisagèrent. Le petit garçon lança alors, tout joyeusement:
« Je m'appelle Matéo, je peux jouer avec vous ? »
Les autres avaient légèrement reculé, comme sous la menace d'un monstre quelconque. Mon cœur se déchirait devant cette scène. Matéo avait un sourire angélique sur le visage et semblait heureux et confiant. Aucune trace de peur ou de douleur n'était visible. Mais un petit garçon s'avança vers lui et dit, d'une voix acerbe pour un quelqu'un de son âge:
« On veut pas de monstre avec nous ! T'es qu'un monstre ! C'est marqué sur ta figure ! Dégage ! »
Dès qu'il eu dit cela, il le poussa et Matéo recula en trébuchant. Les autres enfants se mirent à glousser en se regardant. Puis une petite fille hurla :
« Et t'as même pas de maman ! »

Matéo avait la bouche entrouverte, et ses yeux étaient devenus humides sous cette méchanceté gratuite, cette disgrâce. Il essayait de parler mais ce n'étaient que des balbutiements qui sortaient de sa gorge et on se moqua de lui. Au final, celui qui lui avait adressé la parole le poussa franchement et le petit garçon tomba au sol. Il resta comme ça quelques secondes, avant de se relever et de partir, tête basse, vers la balançoire. Il s'assit sur un siège et pleura en silence, sans pouvoir s'arrêter. Il fixait le sol, ce petit Matéo perdu, comparé à un monstre. Tout cela parce que le destin a été cruel avec lui.

C'est alors que je me suis levée de mon banc pour aller le voir. Lorsque je me suis accroupie devant lui, il m'a regardé. Ses yeux étaient rouges, ses joues mouillées et sa bouche tremblait. Je lui ai donné un mouchoir et l'ai aidé à se moucher. Je lui souriais, agissant comme une maman. C'est alors qu'il me parla:
« Est-ce que c'est vrai ?
- De quoi ? répondis-je.
- Que je suis un monstre...
- Non, tu n'es pas un monstre. Le monstre, dans l'histoire, ce sont eux. Toi, tu es un héros.
- C'est vrai ?
- Bien sur. »

Il fit alors une chose que seul les enfants savent faire. Il s'est mit à sourire de toutes ses dents et s'est jeté dans mes bras. Je l'ai accueilli et l'ai câliné avec chaleur. J'ai alors fait quelque chose dont je ne me serais pas crue capable. Je l'ai poussé sur sa balançoire, et lorsque son rire est parvenu à mes oreilles, j'étais la femme la plus heureuse du monde.

C'est à ce moment là que j'ai décidé que je ferai tout ce qui était en mon pouvoir pour adopter ce bout de chou, pour devenir la maman d'un héros.

©

Fumée noire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant