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ACHLYS | PROLOGUE

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ACHLYS | PROLOGUE


































Royaume de Chô-Seon,

ancienne Corée réunifiée,

30 Décembre 1488.



























— D —


Une bise infime effleurait les joues rebondies du garçonnet à la chevelure drue. À l'aube du jour, ses traits s'ensommeillaient et le rendait à l'inapte de prêter oreille au charivari métallique des épées à son derrière.

Le jour naissait. Et voilà qu'une guerre paraissait sur la plaine capitale. Chô-Seon s'éveillait et à la cadence d'un premier battement de coeur, quelques doigts osseux se mêlaient aux boucles luisantes de l'héritier prince qui, son parchemin entre les mains, prenait le soin d'articuler chacune des syllabes le jalonnant, montrant ainsi à sa brune comment lire cet alphabet nouvellement adopté. Tous deux rayonnaient d'une gaieté fallacieuse. Des pétales de chrysanthèmes rouges virevoltaient au gré du vent et du temps et les baignaient dans une atmosphère semblable à une prière. 

— Je suis bien trop vieille pour apprendre à lire, Votre Altesse.

L'enfant se mina ; sa grimace boudeuse ne le quittait plus. La nourrice fleurit un contentement, demandant à voir cet éclat illuminer continuellement ce visage juvénile tandis qu'un merveilleux sourire se fendait sur l'ourlet de ces lèvres bambines.

Ils semblaient conquis.

— Fais-moi confiance ! Je te promets que, bientôt, tu le sauras aussi bien que moi.

Son ton curieusement solennel fit rire la dame dont les pores se creusaient de fatigue. Sa dextre caressait doucereusement son ventre amaigri de misère... Son erreur de la veille la tourmentait en pensées tortueuses, l'accablait de grande détresse.

Le garçon remit son nez aquilin dans les pages de son ouvrage et avec force de ses désirs, parvint à lui faire déchiffrer, à elle, les premières lettres d'une phrase tirée d'un extrait de lois. Une exclamation de joie les prit puis de vifs applaudissements. Une fierté. Grande et si belle. Un intense sentiment du coeur qui s'étouffa par les pas hâtés de quelques gardes se dirigeant vers ceux qui dressaient un tableau de famille fortuit et sublime. Ae-Cha dressa la tête et plongea ses pupilles à la couleur de l'ambre dans celles du soldat en exergue. La bouche mi-close, la tendre s'apprêtait à amorcer la raison de leur présence ; or, le timbre goguenard de celui-ci la coupa abruptement.

— Arrêtez-la.

Cet ordre bourreau la débrida d'indignation folle. Deux de la royale milice saisirent chacun de ses bras et la levèrent de ce banc sur lequel elle avait la coutume de siéger. Le prince se campa aussi, enlisé dans la poudreuse au sol, et demanda à maintes pourquoi sans qu'il n'acquière jamais de réponses.

— Non... Non, vous ne pouvez pas l'emmener. Je vous en prie... implorait-il en se jetant en pleurs aux bottes de ces soldats.

— Quelle est la raison de cette arrestation ? Je souhaiterais voir le roi, lâchez-moi, rinça Ae-Cha de colère.

Rien ne les bouscula aux premiers abords. Néanmoins, la grisante senteur de l'Altesse, la reine, embauma vive les environs. Les hommes se raidirent tels quelques piquets glacés, piqués à preste par la divine créature souveraine à l'enivrant charme. Ae-Cha maugréait, et sans trop attendre, pivota et noya genoux et front dans la neige. La dame de la cour souffla le titre obséquieux de l'arrivante dont le sourcil se haussa et dont la vue s'apposa sur l'enfant.

— Mère...

— Tae-Hyung, fais preuve de politesse, fit-elle de sa voix rêche.

Les yeux ronds de stupeur, il montra soumission en courbant l'échine à la légéreté. Ces iris de marbre, il ne les connaissait que bien pour les subir en rafale depuis quatre années qu'il vivait en ces murs. Une froide sudation fragilisa sa tempe et son échine, il déglutit avec peine. L'ombre d'une suffisance glissa sur les lèvres pleines de la toute-puissante ; de quoi offrir fourmillements au plus téméraire de ses gardes.

— Cette éhontée est accusée de haute-trahison, qu'on l'emmène... Sur ordre de Sa Majesté.

Ces mots derniers tintèrent douloureusement en l'esprit de la concernée. Dans un mutisme évocateur, elle éleva le menton et laissa percevoir les larmes vilaines qui mutilaient ses pommettes. Sa physionomie se décomposa avec lenteur puisque l'ordre d'arrêt venait de Sa Majesté, l'unique.

Elle se refusait à cette cruelle croyance, elle rejetait la compréhension de cette terrible nouvelle. La matriarche opina et aussitôt, les pions accrochèrent la devenue docile, bouleversée par ces ouïes dires.

Tae-Hyung tressaillit sur les motifs de cet affront ; une peur irascible s'emparait de tout son lui. Il n'avait la cesse de se dire que c'était affreux mais il n'ajouta rien, sachant pourtant le sort ultime des personnes accusées de trahison. À Chô-Seon, il s'agissait là d'un crime, du plus sinistre d'eux tous. Et à la suite d'une arrestation, personne en revenait jamais. Ce songe véritable le gratifia d'un sursaut d'angoisse. À la discrétion, il nettoya la trace de ses chagrins d'un revers de la paume et osa un regard plus haut. Sa mère le considérait plus longuement qu'à l'accoutume, un regret vissé à la face. Le regret de manquer de mots et de maux pour ces actes déjà du passé.

Ae-Cha disparaissait dans un nuage épais de blanc et de rouge, d'hiver et de fleurs. Peu avant, elle se tourna et du bout de son dard, souffrante, elle exprima quelque émotion à l'égard d'un "je vous aime" pour le Kim infantile. Or, en son esprit, la tempête rageait et d'un seul halo de soleil, elle se promit de veiller au destin de ce petit par un moyen au-délà du possible.

La nourrice s'estompa au lointain avec pour témoin, une ombre obscure qui planait sur les Hommes. Tae-Hyung le Kim resterait seul au désormais, si seul et si mélancolique.

La ventée s'élevait dans les feuillées. Les chrysanthèmes poursuivaient leur valse saisonnière, et les perce-neiges décoraient le doux manteau de froid. Une tépale prit l'audace de se poser sur la tête princière du chevelu. Ses sourcils se froncèrent grossièrement, et du bout de ses doigts, il s'en empara et la broya dans son minuscule et petit poing, pensée pour l'Ae-Cha. Un grand déchirement l'enveloppa puis une sourde fureur. Tae-Hyung se voyait traverser de divers picotements qu'il ignorait nommer à cause de son âge embrassant la tendresse.

À présent, il tendit l'oreille. À son entour, il ne demeurait qu'un rien assourdissant qui lui opprima le coeur. Un conflit de loyauté se parait alors que les soldats joignaient enfin les rangs.

À Chô-Seon, la guerre était imminente.






























































ACHLYS | PROLOGUE

𝐀𝐂𝐇𝐋𝐘𝐒 ᵗᵃᵉᵍᵍᵘᵏ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant