Chapitre neuf : Luka

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Je ne suis pas dans le pétrin. Mila a autant envie de s'envoyer en l'air que moi. Je pensais compter sur elle pour me freiner dans mes envies mais c'est devenu l'inverse. En même temps, je ne comprends pas comment une telle idée a pu traverser mon esprit. Mila doit avoir une moyenne d'un homme par semaine, si ce n'est pas plus. Je n'ai pas réussi à me retenir quand elle m'a demandé de la prendre. D'un autre côté, elle venait de conduire comme une reine. Je n'ai jamais vu personne conduire comme ça. On venait d'éviter la mort de justesse et il fallait faire redescendre toute l'adrénaline. Je crois n'avoir jamais vécu ça. S'inquiéter pour elle, réussir à viser, vérifier qu'elle nous emmène pas dans le décor et assurer la conversation avec Nate en même temps. 

- Pourquoi tu me suis ?

Elle se retourne alors que je mate ouvertement ses fesses. J'adore la voir dans mon sweat. Le mien. Pas celui de son ex-mari mort pour... mort. Quand on est mercenaire, on ne meurt pour personne, on est notre propre cause.

- Ton top cinq des expériences les plus extraordinaires ? Je demande sans tenir compte de sa question.

Pourquoi je la suis ? Je ne sais pas, je n'ai pas grand chose à faire d'autre pour aujourd'hui et Nate ne m'a-t-il pas demandé de veiller sur elle ? Elle est clairement capable de se débrouiller seule. Elle conduit comme une reine, gère un meurtre comme une déesse et baise comme... je ne vais pas dire une princesse parce qu'il n'y a rien de délicat, tendre ou doux dans nos parties de jambes en l'air. C'est plutôt l'inverse. On peut dire qu'elle baise comme un dragon ? Non, ce n'est pas possible.

- Les réponses ne vont pas te plaire. J'ai faim.

Elle est crue, agressive, autoritaire, indifférente, sociale, souriante, sexy, belle. 

Faut que je m'arrête, je dévie carrément. Cette femme n'est pas un dragon, c'est une sorcière. Elle sera capable de mettre un filtre d'amour dans le verre de n'importe quel homme.

Elle passe les portes d'une boulangerie. Je reste dehors, allume une cigarette et regarde autour de nous. J'aime bien Copenhague. Ça a son charme avec son architecture, ses châteaux et ses toits en cuivre vert. Il neige et il fait froid. En même temps il fait au maximum trois degrés et Mila trouve le moyen de sortir avec un tee-shirt de la voiture par des températures négatives et de sortir avec juste mon sweat.

Elle sourit et brandit des sachets dans ses mains.

- J'espère que tu aimes la cannelle. On mange où ?

- Viens.

J'ai déjà repéré le jardin du château de Rosenborg. Sur les photos, il a l'air sympa. Il paraît que la garde nationale défile dans les rues vers midi mais autant dire que vu l'heure, ce n'est pas aujourd'hui qu'on la verra.

On parcourt les rues de la capitale et elle me tend une boisson.

- Café sans sucre, sans rien. Quintuple doses.

- Quintuple ?

- Tu bois en moyenne un café toutes les trois heures. Tu n'en as pas bu depuis... bien plus de quinze heures donc je me suis dit que tu devais être en manque.

Altruiste, généreuse, attentive. 

C'était quoi mon plan pour elle ? Plus je la vois, plus j'ai envie de le modifier. Elle est en train de me retourner le cerveau. 

Respire. 

Appliquer la phrase du film Le Parrain et suivre ses plans. Peu importe qu'elle me fasse les yeux doux, qu'elle connaisse ma consommation de café ou qu'elle ait envie de moi autant que j'ai envie d'elle. D'ailleurs, je devrais mettre un terme à ce dernier point car si on venait à s'envoyer en l'air, je pourrai perdre les pédales. Bordel. Je suis censé être le mercenaire le plus redouté d'Amérique et je me retrouve à flancher devant une femme.

[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant