Chapitre trente-et-un : Luka

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- Elle est drôle ta copine.

- Ce n'est pas ma copine.


    Il soupire. Carlson soupire pendant que je tire sur mon joint.

Je suis à peine revenu de Los Angeles, ça fait trois heures que j'ai mis les pieds dans son appartement et il me parle déjà de Mila.

- Parce que je me suis pointé chez toi comme une fleur pour récupérer ce que tu m'avais demandé et j'ai été... accueilli.


    Qu'est-ce que Heidelberg a encore foutu ?

- Non, tu vois avec un immeuble aussi sécurisé, j'y suis allé comme un surhomme. Je me sentais bien dans mes pompes jusqu'à ce qu'elle m'accueille avec un flingue.


    Oh bordel ! Carlson ne traîne clairement pas dans le même monde que nous.

- Je ne te cache pas que j'ai légèrement flippé. J'avais l'impression qu'un zombi allé me tuer.

Un zombie ? Mais qu'est-ce qu'il me chante ? Mila n'est pas un zombie. Elle rayonne autant que le soleil.

    Il se redresse, une bière fraîche dans les mains avant de me dévisager.

- En fait, vous pourriez faire une colocation. Je vois bien un nom du style : Zombieland.


    Mais il n'en a pas marre de dire des conneries ?

- Bref, elle est mignonne enfin... elle a un joli corps mais là, je crois qu'elle ne mettra personne dans son pieu.


    Je vais le tuer.

- Elle ne portait qu'un tee-shirt sale, une culotte et des chaussettes hautes alors qu'on crève de chaud dans cette putain de ville. Je ne te parle pas de l'état de son tee-shirt. Il y avait une tache de café. Sa coiffure, c'était l'Afghanistan mec. Un véritable champ de bataille.


    Qu'est-ce qu'il raconte ? Mila ne se laisserait jamais aller à ce point.

- Donc, elle ouvre la porte et braque son arme sur moi. Le tout appuyé contre l'encadrement de la porte comme si ce qu'elle tenait n'était qu'un pistolet à eau. Je ne sais pas si elle monte la garde mais personnellement, je ne me frotterai pas à ce cerbère.


    Si elle apprend que mon meilleur ami la traite de cerbère, il est bon pour faire un petit séjour à l'hôpital, ou pire, être soignée par elle-même. Je ne dis pas qu'elle soigne mal. Bien au contraire. Je pourrais me faire recoudre tout le corps par ses mains douces et j'adore le regard qu'elle porte à la plaie comme s'il s'agissait d'un défi mais si on la contrarie, je pense qu'il ne vaut mieux pas, qu'elle nous soigne.

- J'ai levé les mains et je me suis présenté. Elle n'a pas bougé. Je me suis senti jugé comme jamais. Je ne l'avais jamais vue mais j'en viens à me demander ce qu'il te plaît chez elle. Peut-être son agressivité ? Le fait qu'elle tienne une arme comme un jouet ? Ou son tatouage sur la cuisse ? C'est vrai que ça ressemblait drôlement à un poème. Un peu comme celui que tu as sur le bras.


    Je ne montre rien mais mon souffle s'arrête dans ma gorge. Comment ça un tatouage sur la cuisse ? Heidelberg n'a pas de tatouage.

- Tu es sûre que c'était elle ?

- Une brune, les yeux bleu-vert, le teint légèrement hâlé. Bref, le stéréotype même d'une espagnole.

- Avec un tatouage sur la cuisse ?

- Ouais. Mais il avait l'air récent, l'encre était trop foncée pour qu'il date de quelques mois.

- Tu n'as pas pu le lire ?

[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant