Chapitre vingt-deux : Mila

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Il m'a lâchée devant les flics ce con. Ils ne faisaient pas de bruit mais ils étaient à l'angle du couloir. J'ai couru. Je n'ai pas réfléchi et j'ai pris la fuite. Mon cœur est en train d'exploser tellement je suis à bout. La panique, la peur, l'excitation. J'entends leurs pas marteler le sol juste derrière moi. J'essaye de les semer mais à croire que tous les flics se sont retrouvés au Louvre. J'entends des voix.

- Elle est par là !


    Je continue de courir, de monter les escaliers car ils doivent être en bas. Ils sont partout, dans chaque recoin. Je passe devant un encadrement de porte et en suivant j'entends des tirs. Bordel. J'ai encore l'arme de Henders dans les mains. Même si je me fais prendre, je suis bonne pour les quarante-huit heures de retenue.

- Elle monte ! Bloquez le toit !


    La sueur perle mon front. Mes mains tremblent. Oui j'ai déjà tué un homme. Trois fois. Je ne l'ai jamais avoué à personne. Je ne suis pas une faible. Dans ce monde, avoir de la pitié c'est être faible. Je contourne juste les choses. Généralement, Ashley m'aidait. Je blessais. Elle tuait. On formait un bon duo mais elle n'est plus là.

- Ici !


    Quelqu'un m'attrape par le poignet et me tire d'un coup sec. Je me fais plaquer contre le mur avant qu'une main se colle contre ma bouche avant même que je proteste. Henders. Je pourrais reconnaître son odeur contre toutes. Il ne sourit pas mais guette les bruits.

- Il te faut encore un sauveur, Heidelberg ?


    J'enlève rageusement sa main de mon visage. Quel connard ! Je range l'arme dans mon jean et passe mon tee-shirt et ma veste par-dessus.

- C'est de ta faute !

- Allez viens. J'espère que tu es encore aussi souple qu'avant. Au pire, tu te briseras un os.


    Quoi ? Mais à quoi il joue, bordel ? Il ouvre la fenêtre et passe dehors. Je ne vais pas escalader la façade ! Il disparaît et sa tête apparaît dans l'encadrement.

- Sauf si tu veux te taper le poste de police, les interrogatoires et surement un séjour à Paris de plusieurs semaines pour finir devant un tribunal.


    Je soupire et le suis. Je sors sur le rebord de la fenêtre. Il se déplace de quelques mètres.

- Tu me laisses tomber, je te tue dans ton sommeil !

- Moi aussi je t'aime bien, Heidelberg. Allez, attrape ma main.


    Mon cœur bat à tout rompre. J'ai les mains moites. J'agrippe la sienne et le laisse me guider sur la façade. Heureusement que je n'ai pas mis une paire d'escarpins. Il me lâche pour me donner de meilleures prises contre le mur, il guide chacun de mes pas. Je suis sûre qu'il irait plus vite tout seul mais il m'attend. Il n'hésite pas à placer mon pied.

- Saute !

- Mais il y a plusieurs mètres !

- Allez !


    Je regarde derrière moi. Mes mains vont bientôt glisser contre la paroie. Je n'ai plus de prise pour désescalader. Je prends une inspiration et saute. Mes pieds percutent le sol mais je perds l'équilibre à la réception et atterrit dans ses bras.

- Tu vois, tu n'es pas morte et parfaitement en vie.

- Enfoiré !

    Je me détache de son emprise et commence à marcher pour nous éloigner du bâtiment. Il vaudrait mieux que l'on ne reste pas dans les parages. Il me suit, une cigarette entre le l'index et le majeur droit et l'autre main dans sa poche.

[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant