Chapitre seize : Mila

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Allongée sur mon lit, je laisse mes larmes couler. Je ne sais pas quoi faire. Je suis complètement à bout. Reprendre les cours de médecin en accéléré est un calvaire. Le médecin du trafic Jones me fait faire des cours pratiques particuliers à chaque heure de libre que mon emploi du temps le permet et c'est sans compter mon voisin qui me donne du café tellement bon qu'il me rappelle à quel point coucher avec lui est un délice tout aussi succulent. Mais là, maintenant, coucher avec quelqu'un est la dernière chose dont j'ai envie. J'ai juste envie de tuer mon voisin. Je pourrai. C'est une idée que je devrais creuser.

Il est neuf heures du matin, je suis levée depuis trois heures, j'ai bu une demie bouteille de téquila, je vomis mes tripes dans les toilettes. Je déteste Henders. La première fois qu'il a déposé du café, j'ai renversé tous les sachets sur son paillasson. J'ai quand même pris de quoi m'en faire un parce qu'il avait l'air vraiment délicieux. Puis il est entré chez moi par effraction et il a mis un cube de bouillon dans le pommeau de ma douche. Quand j'ai vu la couleur de l'eau et l'odeur alors que j'avais les yeux mouillés, l'idée de le tuer n'a fait plus que me frôler l'esprit. Alors je suis allée dans les toilettes d'un bar et j'ai inscrit une annonce à caractère sexuel avec son numéro de téléphone. Pour se venger, il a mis mon numéro pour faire du babysitting sur un site. Alors je suis allée chez lui, par effraction bien sûr et j'ai pris toutes les chemises et tee-shirts qu'il y a dans sa penderie. En retour, il a caché tous mes couverts dans le fond de mon lit. Alors j'ai fait venir un électricien et j'ai fait remplacer toutes ses lumières par des lumières qui clignotent. J'aurai bien aimé voir sa réaction. J'avais bien envie d'installer une caméra mais je veux garder ma vie privée alors je n'irai pas le regarder. Le coup des lumières, c'était hier mais là, je n'en peux plus. Je suis à bout.

Il a réquisitionné toutes les couettes et les couvertures de mon appartement. J'ai essayé de dormir sans mais il a pris les draps, les serviettes et tout ce qui peut ressembler à une couverture. Alors j'ai passé la soirée à réviser mais je me suis endormie sur le tapis vers cinq heures pour que mon réveil sonne une heure plus tard.

Je me plante devant son appartement et sonne plusieurs fois avant qu'il ouvre, torse nu et un jogging en bas. Je l'ai clairement réveillé. Il pose son bras contre l'encadrement et tient la porte dans l'autre.

- Il est un peu tôt, là, Mila.

- Je veux une trêve.

- En échange, je veux qu'on baise.

- Non. Je ne coucherai plus jamais avec toi.

- Alors il n'y a pas de trêve.

Je lui jette ma tasse de café devenue froide à cause du temps passé sur mon lit et au-dessus des toilettes puis claque la porte de mon appartement. Qu'il aille se faire voir le connard. Je pourrai faire changer ma serrure mais dans notre cas, nous n'avons pas besoin de clé pour ouvrir une porte.

Je m'empare de mon portable et de ma veste avant de me diriger vers l'ascenseur. Je ne peux pas rester chez moi. Pas aujourd'hui. Luka peut faire ce qu'il veut, je ne suis même pas sûre de rentrer ce soir. Ça va faire plus de quatre semaines que l'on s'est envoyé en l'air et si je n'étais pas contre une partie de jambe en l'air, depuis ce matin, je ne veux même plus en entendre parler. On dit que les secrets les mieux gardés sont ceux que l'on ne partage pas mais celui qui ose dire ça, ne sait pas ce que ça fait d'avoir plusieurs secrets à garder.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Eryne et Camille sont assises autour de la table alors que Nate est dans la cuisine en train de se servir un café. Je l'ignore et ébouriffe les cheveux de Camille en la saluant.

- Tu me prêtes un lit pour dormir ?

- Pourquoi ? Tu as fait quoi de ton lit ?

- Un lit, Eryne. On parlera plus tard.

[L.3] LOVE & POETRYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant