Chapitre 1

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Stiles bâilla à s'en décrocher la mâchoire. La réunion de meute s'éternisait et il était... Fatigué. Dans le canapé d'en face, Lydia gloussa à l'air outré de Derek, qui s'arrêta de parler un instant et lui lança un regard noir plus que clair. S'il avait pu dire « si tu te fais chier, casse-toi », il l'aurait fait. Mais l'alpha ici, ce n'était pas lui.

- Merci, Derek, fit Scott d'un air sérieux.

Le manque de politesse dont faisait preuve Stiles ne semblait pas l'affecter, du moins, pas vraiment. Son côté benêt ressortit finalement lorsqu'il conclut la réunion en donnant à chacun ses postes et sa mission. Stiles, comme toujours, se cantonnait aux recherches, ce qui avait en général le don de l'agacer. Mais cette fois, il ne pipa mot, faisant froncer les sourcils de certains. L'on était habitué à le voir râler, parfois s'emporter, essayer de faire en sorte de mettre Scott dans sa poche mais... Non, il se contenta d'un nouveau bâillement sonore. Scott sourit et vint s'approcher de son meilleur ami. Il prit un faux air mécontent.

- Toi, t'as encore passé la nuit sur la console. Appelle-moi quand tu fais ça ! Dit-il en lui faisant un clin d'œil.

- J'ai pas joué, enfin je crois, articula Stiles avant de bâiller, encore.

Deux yeux bleu océan à la lueur moqueuse se posèrent sur lui.

- Si t'es même plus sûr de ce que t'as fait hier soir, c'est chaud, Stilinski.

- Ta gueule Jackson, marmonna l'hyperactif en s'étirant.

Deux yeux ébènes parcoururent sa divine cambrure alors qu'il essayait de garder la mainmise sur son corps fatigué. Ainsi, ses fesses ressortaient, deux globes de chair appétissants que son pantalon moulait parfaitement bien à cet instant. Mais ça, Stiles ne s'en rendait pas compte. Scott vint poser sa main sur son épaule. Puisque la réunion était close et que tout le monde commençait à vaquer à diverses occupations, le latino demanda à l'hyperactif ce qu'il voulait faire. Rester encore un peu, venir chez lui jouer aux jeux-vidéos ?

- Nah, je pense que je vais rentrer, je suis fatigué, répondit Stiles en se frottant les yeux.

- C'est vrai que tu m'as pas l'air très en forme, te reposer te fera du bien.

- Ouais...

Nouveau bâillement.

- La question c'est surtout de savoir s'il va arriver à ne pas s'endormir au volant, releva Lydia, à la fois amusée et en même temps, un tantinet préoccupée.

- C'est bon, dit Stiles, ça ira.

- Je te ramène, intervint Scott. Passe-moi tes clés.

- Ah non, pas touche à ma Roscoe.

- Stiles.

- Non.

- Stiles, je suis ton meilleur ami ! S'il te plaît, insista Scott en adoptant un air de chien battu.

- Bon, d'accord... Marmonna l'hyperactif.

Alors qu'il écoutait l'échange d'un air à moitié distrait, Jackson ne put s'empêcher de froncer légèrement les sourcils. A son humble avis, Stiles capitulait un peu trop vite, sans doute à cause de cette fatigue lancinante qui faisait pâlir son visage et avait creusé des cernes sous ses yeux. Le kanima avait toujours critiqué l'hyperactif. Autrefois, c'était de manière ostentatoire, parce qu'il ne pouvait pas le saquer et que le dénigrer... C'était drôle. Oui, quand il était bête, il trouvait ça drôle. Maintenant, les choses avaient changé et s'il se permettait des remarques de temps à autres, il essayait de limiter le côté « blessant » qu'elles pouvaient avoir. Les autres, parfois un peu plus poussées, ne passaient pas la barrière de ses lèvres. C'était ça de traîner avec une bande de joyeux lurons au sang surnaturel - excepté Stiles -. Leur bonté déteignait sur lui. Dégoûtant, mais bienvenu. Oui, à force, Jackson s'habituait à être « gentil ». C'était un peu nouveau et il lui arrivait de faire preuve de maladresse, mais il faisait des efforts.

Alors, il ne commenta pas, mais n'en pensa pas moins.

Stiles salua tout le monde avec une mollesse non dissimulée et l'on s'accorda sur le fait qu'effectivement, il avait besoin de dormir. On se moqua un peu de lui à ce sujet et Scott leur promit qu'il allait le ramener en un morceau chez lui. De toute façon, s'il en était autrement, le shérif l'étriperait. L'on rit à sa remarque et les deux jeunes hommes s'en allèrent. Ils se dirigèrent vers l'ascenseur et Stiles commença à manifester davantage de signes de faiblesses. En fait, alors que la cage de fer descendait les six étages, il perdit momentanément l'équilibre. Si Scott ne l'avait pas rattrapé aussi vite qu'il venait de le faire, Stiles se serait facilement cogné la tête contre la rambarde de l'ascenseur. Puis, il serait carrément tombé. Le bras fort de Scott, insidieusement passé autour de lui, l'entourait comme il le fallait.

- Merci, souffla-t-il. Désolé Scotty, je... J'ai un petit moment de faiblesse.

- Je sais Stiles, je sais.

L'alpha avait l'air étrangement enjoué et resserrait son étreinte sur l'hyperactif qui n'eut d'autre choix que de se reposer volontiers contre lui.

- Je te tiens Stiles, ne t'inquiète pas.

- Je suis désolé, s'excusa encore l'humain, qui détestait non seulement être faible, mais également imposer ladite faiblesse à ses amis.

- Tout va bien Stiles. Je te ramène chez toi et direct dans le lit !

- Ouais... Ouais, t'as raison.

D'un geste pas vraiment fraternel, Scott déposa ses lèvres sur la tempe de Stiles qui, s'il avait été dans son état normal, aurait non seulement râlé, mais également demandé à son ami de ne plus réitérer son geste. Là, il n'eut pas réellement de réaction à part celle de froncer légèrement les sourcils. Il n'était pas en état de penser, encore moins de poser quelque question que ce soit.

Deux ou trois minutes plus tard, Scott démarrait la bonne vieille Jeep de son meilleur ami, qu'il avait déposé et correctement attaché sur le siège passager. Le trajet ne fut pas très long et surtout, particulièrement silencieux. Stiles luttait contre le sommeil qui l'assaillait et n'avait même pas remarqué la main posée à plat sur sa cuisse. Main qui, d'un avis extérieur, aurait été placée un peu trop haut pour que ce geste soit amical.

- Me sens pas bien... Souffla péniblement Stiles alors qu'il peinait à penser.

Sortir ces quelques mots avait relevé d'un effort certain, un effort qu'il n'aurait pas dû avoir à fournir.

- Je sais Stiles, je sais, lâcha Scott d'un air guilleret. Mais ça va aller mieux.

Sur ces paroles faussement prometteuses, l'alpha sortit de la voiture et aida son ami, qui tenait à peine debout. Après avoir jeté un coup d'œil dans l'allée, Scott eut un sourire mesquin. Le shérif n'était pas là, comme prévu. Il était d'astreinte cette nuit : une aubaine pour le latino. Après avoir déverrouillé la porte d'entrée, porte dont il possédait un double de clés, Scott se mit carrément à porter Stiles dont les jambes ne tenaient plus. La tête de l'hyperactif vint se loger malgré elle contre le torse ferme de son meilleur ami. La mesquinerie quitta le visage de Scott, et fut tout de suite remplacée par un air béat. Pris d'une pulsion soudaine, Scott accéléra le pas, monta rapidement à l'étage et déposa délicatement son précieux fardeau sur le grand lit bleu. Il alla se procurer un verre d'eau dans lequel il glissa un cachet qui disparut instantanément. Son regard ébène se posa sur Stiles et l'avisa un instant. Il bougeait à peine et commençait à avoir beaucoup de mal à garder les yeux ouverts. De magnifiques yeux ambrés recouverts par cette brume confuse qui le dirigeait. Ses pupilles dilatées voulaient tout dire et cette mollesse dans le peu de gestes qu'il avait... Oui, il était complètement out. Mais on n'était jamais trop prudent. Se parant d'un sourire satisfait et étonnamment chaleureux, Scott vint s'assoir au bord du lit et redressa l'hyperactif en l'entourant de son bras libre de manière assez ambigüe. Sa main reposait sur sa hanche, jouait avec le bord de sa chemise. Il porta le verre à la bouche de son ami et le leva doucement en lui disant que cela lui ferait du bien. Stiles n'opposa aucune résistance tant il était... Absent. Il avala le liquide avec une lenteur folle et avec une confiance exagérée, exacerbée par sa faiblesse généralisée. En lui faisant un nouveau baiser sur la tempe, Scott le rallongea et, par simple mesure de précaution, il ferma la porte à clé, ferma les volets, verrouilla la fenêtre, tira les rideaux.

Tout était parfait.

The Saving SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant