Chapitre 17

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Noah Stilinski poussa un soupir las lorsqu'il eut fermé la porte de la chambre de Stiles et qu'il se fut retrouvé dans le couloir. Un silence des plus plombants y régnait, au contraire de ce qu'il venait de quitter. Son fils ne s'était pourtant pas montré extrêmement bavard, mais ses plaintes les plus discrètes avaient sonné comme des alarmes à ses oreilles. Que dire de ses soupirs et de sa respiration si irrégulière et en même temps si forte ? Sans être un loup-garou, le shérif les avait parfaitement perçus, si bien qu'il n'avait pas été difficile pour lui de comprendre que ce n'était le début et que le pire restait à venir. C'était d'autant plus vrai qu'il n'avait pas pu se résoudre à lui dire les choses, à lui expliquer que ce qu'il ressentait et qu'il ne comprenait pas n'était autre que le résultat d'une horreur sans nom. A dire vrai, Noah n'en revenait toujours pas.

Même s'il savait, il avait l'impression d'être coincé dans un mauvais rêve, un rêve d'une violence telle que le qualifier de cauchemar serait de l'ordre de l'euphémisme pur. Il associait en tout cas Scott au diable et espérait vraiment qu'il n'aurait pas le culot de venir ici. Parce qu'il ferait semblant d'être un garçon gentil et ferait mine de s'inquiéter pour Stiles. Si l'attraper pour le faire payer était très important pour Noah, il savait que la chose ne devait pas être faite n'importe comment.

Et que la protection de son fils prédominait face à l'importance de sa vengeance. C'était dur à accepter pour le père meurtri qu'il était, mais nécessaire.

Noah avait toujours la mine sombre lorsqu'il reparut dans le salon, où Derek l'attendait. Contrairement à ses habitudes, ce dernier n'arborait pas l'air le plus impassible qui soit : il était atteint, lui aussi.

Il avait eu bien du mal à le prévenir du réveil de Stiles et des inconvénients douloureux qui allaient avec. Pourtant, Derek avait eu à se confronter à bien des horreurs dans sa vie. Mais aucune n'était de ce genre-là. Jamais il n'avait eu affaire à une telle ignominie, contre laquelle... Il se retrouvait comme un adolescent, à ne savoir que faire précisément. A hésiter bêtement. A être dans l'attente d'il ne savait quoi.

A avoir besoin d'être en groupe pour agir vraiment.

Sans un mot, Noah s'assit face à lui. Il attrapa le verre de whisky qu'il avait laissé traîner sur la table basse et le sirota avant de relever les yeux vers son invité... Dont la présence l'étonnait toujours. Derek aurait très bien pu profiter de son absence dans le salon pour partir, prendre l'air quelque part. Or, il n'avait pas bougé. D'après ce qu'il lui avait dit avant de lui révéler l'état de Stiles, il comptait rester autant que possible, notamment pour assurer la protection de l'hyperactif. Il continuait de penser qu'il ne valait mieux pas laisser la maison sans surveillance, vide de tout loup-garou. Car même si Noah était un flic, qu'il possédait une arme ainsi que quelques balles en argent en réserve, il n'en restait pas moins humain – un être faible face à des griffes acérées.

Noah déposa son verre vide sur la table basse une fois qu'il se fut assuré qu'il ne restait plus une goutte de son précieux breuvage à l'intérieur. Il avait horreur du gaspillage...

... Et commençait malgré lui à se tourner un peu trop facilement vers la douce liqueur à la robe mordorée. Il chercha la bouteille du regard et retint un soupir. Il lui en fallait une autre. Mais Noah ne bougea pas, il pouvait attendre et savait que faire une pause ne pouvait que lui faire du bien. D'autant plus qu'il se devait de rester aussi sobre que possible, de garder les idées claires pour la suite.


C'était d'ailleurs peut-être la seule chose qui le retenait de vider son stock d'alcool d'une traite. Car il voulait participer à tout ça, et de façon active : ne pas se contenter d'être le spectateur d'une situation qui exigeait sa présence la plus complète.

- Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Demanda-t-il, le regard dans le vide.

Derek releva vers lui un visage à l'expression significative quant à son humeur actuelle. Mais Noah n'en fit pas cas, il continuait d'avoir l'air ailleurs, loin d'ici.

- On attend qu'Isaac et Jackson arrivent et on en discute, finit-il par répondre au bout d'un intense moment de réflexion...

... Duquel n'était pas sorti grand-chose, si ce n'est cette échappatoire. Derek n'avait malheureusement pas de réelle réponse à lui donner dans la mesure où il n'avait pas l'habitude de gérer ce genre de choses. Il devrait pourtant s'occuper de cette affaire comme si elle était du même acabit... Mais ce serait se mentir à lui-même, refuser de s'avouer qu'en réalité, il n'avait aucune idée de quoi faire – ce qui laisserait la porte ouverte aux erreurs les plus grossières.

- En dehors de ça, Derek, reprit Noah en reportant sa totale attention sur lui. Est-ce que tu penses que je devrais lui dire, ou qu'il vaudrait mieux le préserver jusqu'à voir s'il se souvient de quelque chose ?

L'ancien alpha comprit instantanément de qui et de quoi il parlait... Et la question le décontenança peut-être plus que nécessaire. Sans doute était-ce à cause du fait que le shérif semblait l'analyser avec ses yeux d'un bleu glacé. Derek se redressa et se rasséréna comme il le put, de peur de passer pour il ne savait quoi.

- Je pense qu'il préfèrerait le savoir, finit-il par répondre, mais pas tout de suite.

Selon le loup-garou, il lui faudrait quelques jours pour digérer le simple fait de se sentir mal : le reste viendrait après. Enfin, c'était comme ça que lui voyait les choses, mais il n'avait en réalité aucune idée de la façon dont pouvait réagir Stiles – il ne le connaissait pas assez.

Noah eut l'air de réfléchir. Son regard se perdit alors dans le vague, si loin que Derek ne chercha pas à l'accrocher. Il lui laissa le temps de songer à l'idée qu'il venait de lui soumettre, de la jauger, de la juger. En sa qualité de père, Noah était le seul à pouvoir aviser et décider de ce qui pouvait être le meilleur pour son fils.

- Je suppose que tu as raison, soupira-t-il.

Derek ne sut quoi répondre. Il n'arrivait pas à être à l'aise, à jouer au dur comme il en avait l'habitude... Et il commençait à se rendre compte du fait que ce n'était pas uniquement à cause de ce qui arrivait à Stiles. Quelque chose d'autre le chiffonnait.

Il finit par comprendre, après de longues secondes de silence, que c'était principalement à cause de la façon dont le shérif se comportait. Pour dire les choses plus simplement, sa froideur le surprenait tant qu'il n'arrivait pas à s'y habituer alors qu'elle était... Parfaitement normale par rapport aux circonstances. Lui aussi était perdu, lui aussi réagissait comme il le pouvait. Derek n'irait jamais lui reprocher une sensibilité et une façon de faire différente. Mais ce fait ne le mit pas plus à l'aise pour autant, au contraire.

Il lui tarda alors que Jackson et Isaac arrivent. Il zieuta discrètement l'heure sur son téléphone tout en étendant ses sens lupins : il était encore tôt, et Stiles somnolait malgré son mal-être et ses questionnements sans doute nombreux.

Par chance, l'on sonna à la porte, coupant court à ses réflexions. Il était près d'onze heures du matin : il ne pouvait, en conséquence, pas s'agir d'un membre de la meute. Et pourtant, lorsque Noah revint après être parti ouvrir, Derek constata qu'il s'était bien trompé.

Les cours s'étaient visiblement terminés plus tôt que prévu.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 08 ⏰

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