Chapitre 9

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Stiles se douchait. Il était encore faible et Noah, qui n'avait pas assez bu pour sombrer dans l'ivresse, l'aidait à se décrasser. Un peu dans les vapes, l'hyperactif n'avait pas remarqué grand-chose, si ce n'est qu'il avait avoué à son paternel avoir l'impression qu'un rouleau compresseur lui avait écrasé tout le corps. Le reste, ce qui collait ou avait séché... Il n'y faisait pas trop attention. Tout ce qu'il sentait, c'était cette douleur pas trop forte, mais qui l'était suffisamment pour qu'il la remarque et qu'elle le dérange.

De son côté, Jackson changeait ses draps.

La confrontation avait été aussi pauvre en paroles qu'étrange. Stiles avait demandé à Jackson ce qu'il faisait là, et le kanima lui avait juste répondu que son père l'avait appelé. Stiles n'avait pas insisté, trop épuisé. La réponse de Jackson était un peu fausse, mais il n'avait rien trouvé d'autre. Parce que lui dire la raison de sa présence aurait signifié qu'il cessait de garder le secret sur certaines choses et pour être honnête, Jackson ne se voyait pas lui dire la vérité pour le moment. Dans un sens, il voulait l'épargner et pour le coup, l'amnésie due à la drogue l'arrangeait.

Car Jackson ne se voyait pas être celui qui lui annoncerait la nouvelle. Il ne voulait pas avoir à lui dire ces mots si destructeurs. Lui dire que son meilleur ami était sans doute la pire des pourritures qu'ils avaient rencontrée jusque-là.

Et que lui-même avait encore un peu de mal à croire à tout ça.

Il se pinça un instant l'arête du nez. Enlever les draps sales du lit faisait remuer ceux-ci et obligeait par conséquent chaque odeur à remonter. Et toutes, elles s'amplifiaient, ne faisant que mettre fin au doute bienheureux que Jackson aurait aimé conserver – même si ce n'était pas possible. Avec son inspection et la confirmation d'Isaac... Il savait que ça s'était passé. Un instant, il eut un vertige qui l'obligea à se poser un peu. Il avait beau ne pas porter l'hyperactif dans son cœur, imaginer que l'on ait pu abuser de lui de la sorte lui remuait l'estomac – et c'était encore pire en sachant que Scott était l'auteur de ce crime des plus abjects.

Ainsi, Jackson eut besoin d'un peu de temps avant de s'y remettre et sitôt qu'il eut terminé de mettre le lit à nu, il balança les draps dans le couloir – la panière de linge sale se trouvant dans la salle de bain. Noah récupèrerait ces tissus immondes une fois qu'il aurait terminé d'aider son fils à se laver, car il était hors de question que Stiles reste ainsi. Aussi sale, aussi souillé, avec l'odeur de Scott qui continuerait de l'embaumer tant qu'il ne serait pas propre. Isaac vint ensuite aider le kanima à mettre de nouveaux draps et ce, sans dire un mot. Aucun des deux jeunes hommes n'avait envie de parler. Leur humeur était sombre, identique. Chacun alternait entre choc, sidération et colère. Et ils avaient cette envie, commune, d'aller confronter l'alpha de ce pas pour exiger... Quoi, au final ? Des excuses – qu'il devait à Stiles – ne suffiraient pas. Pour ce qu'il lui avait vraisemblablement fait, il faudrait autre chose. Devait-il passer par un schéma de justice classique, ou par la juridiction des loups-garous ? Ni Jackson ni Isaac ne savaient comment les choses étaient censées se passer dans ce cas-là. Une chose était toutefois certaine : le confronter tout de suite était une mauvaise idée.

Et tous deux étaient suffisamment intelligents pour le savoir.

Ainsi, Jackson prit la parole alors qu'il enfilait maladroitement la taie sur l'oreiller :

- Je pense qu'il faut qu'on en parle... Juste à Hale, pour l'instant.

Isaac ne dit rien, attendit qu'il poursuive, qu'il développe sa pensée.

- En parler à la meute directement, je pense que ça créerait un bordel impossible à gérer et que certains pourraient ne pas nous croire. Parce que Scott est notre alpha et que tout le monde l'apprécie.

The Saving SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant