4/ Pieces

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Mon réveil Cone sonna à 12h, m'aveuglant également en remontant le store de ma chambre.
- Debout Marmotte ! On a une répèt' !
-Oh please ! M'écriais-je plaintivement en me frottant les yeux.

Je me levai et, sans prendre la peine de me coiffer, je m'habillai avant de sortir, mon sac sur le dos, dans lequel se trouvaient toutes mes partitions de l''album « Chuck ».

La salle dans laquelle nous entrâmes était immense mais plongée dans l'obscurité. Tous nos instruments étaient disposés sur une grande scène qui surplombait la fosse.

Je m'approchai à présent du micro, et les premières notes de « pieces » me secouèrent de frissons.
« if you believe it's in my soul ! I said all the words that I know... »
En chantant ces paroles, j'oubliais ma célébrité et tout ce qui m'entourait. Je me revoyais ado, à chanter et jouer dans mon garage du NOFX ou Metallica.

J'imaginais également Avril, et son rire enjôleur, me rappelant soudainement que j'avais oublié de l'appeler la veille en arrivant à l'hôtel . Merde !

Après de courtes heures de répétitions, durant la pause, je me rendis dans la loge pour me saisir de mon téléphone et l'appeler.

La sonnerie n'eu pas le temps de m'éclater les tympans qu'elle décrocha immédiatement.

-Allô Deryck ?! S'écria Avril toute excitée à l'autre bout du fil. Alors , tu ne t'es pas crashé ? Demanda-t-elle en riant. L'entendre rire me réchauffa le cœur et dessina un sourire sur mon visage.
-Non , ne t'en fais pas . Je suis vraiment désolé de ne pas t'avoir appelée plus tôt, j'étais défracté hier soir...
Elle me coupa :
-C'est pas grave Dédé ! Répondît-elle avec une pincée de moquerie dans son ton. C'est gentil d'avoir pensé à moi.
- Bien sûr que je pense à toi, Avril !

- Bon, le sentimental, on reprend quand tu veux, hein ! Interrompit Stevo. Je soufflai et lui fit signe de me laisser 2 minutes.

- Avril, le groupe m'appelle, je t'aime, bisous.
- Je t'aime aussi, Dédé. Puis elle raccrocha.
J'imaginais le sourire fière d'Avril qui devait être inscrit sur son faciès à la prononciation de cet affreux surnom qu'elle m'avait donnée.

Du fait de ma petite taille, Cone et Stevo m'attrapèrent par les pieds et les épaules sans que j'eus le temps de réagir. Ils me transportèrent jusqu'à la scène. Cette bande d'abrutis me lâchèrent sur le sol, juste devant le micro sous les rires hilares de Dave.

Nous nous remîmes à jouer, encore 2 heures, si intensément que j'en avais presque mal aux pieds à force de sauter avec ma guitare.

Il était près de 13h30 quand l'heure de manger vint enfin. Nous sortîmes de la salle de concert et en moins de 10 secondes nous fûmes accablés par les paparazzi.

Nous nous dirigeâmes à pas rapides vers une petite pizzeria de rue. Dave se fit un plaisir de nous rappeler l'histoire de braquage de pizzeria à l'aide des pistolets à eau dans notre clip « Makes no Différence », nous avions à peine 18 ans lors de cette connerie.

Avril, ayant un père français, m'avait gracieusement appris quelques mots en français tel que « merci » que j'adressais à la serveuse en payant nos quatre pizza.

Notre concert parisien approchait, nous savions que cela voulait dire aussi un nouveau public, et de nouvelles chansons qui allaient enfin être dévoilées à la population européenne.

Une boule d'excitation naissait dans mon estomac, me donnant la force de jouer le soir même, sur l'immense scène qui nous avait accueillis dans la matinée.

Dès notre arrivée sur scène, un torrent d'acclamations envahit la salle de concert. Alors que nous entamions « Fat lip », je me déchaînai sur ma guitare et le micro. Les accords sortant des amplis firent vibrer mon oreille interne à chaque riff de guitare ou battement sur les caisses de la batterie.

Une sensation de plénitude m'imprégna en un instant. Je répérai alors sur le devant de la fosse un petit garçon sur les épaules de son père. Tous deux arboraient le même grand t-shirt avec le logo de sum41 inscrit sur le devant.

Ils souriaient, même si le petit garçon avait l'air un peu perdu dans cette fosse bondée. À la fin de la chanson, je les interpelai :

-« Le...petit... boy, and his father » ? Déclarai-je avec un accent anglais trop prononcé et un vocabulaire complètement pété.
L'homme regarda autour de lui pour être sûr que je lui parlais bien à lui.

-« Oui, vous ». Il s'avança avec son fils.
-« Comment tu t'appelles ? » Demandai-je à l'enfant.
-Deryck. Affirma le petit garçon, tout fière de lui.
Oh yes that's... mon nom aussi » articulai-je.
-« This is mon name because you ! Ajouta le petit garçon avec un effort d'anglais.

Le père de l'enfant me sourit, fière de lui. J'étais plutôt flatté, ou alors un peu gêné aussi. Je souris à l'enfant et lui demandai :
-« What's your favourite song ? » Le père lui traduisit la phrase avant qu'il puisse me répondre.
-« In too deep » Je fondis d'attendrissement.
-« Ok, so let's go to in too deep ! » M'écriai-je alors que nous commencions à jouer les premières notes sous le regard admiratif du fils et de son père.

Le concert se déroula dans la meilleure des ambiances, malgré la pluie qui commençait à tomber accompagnée de la nuit.

A la fin de la prestation, je rentrai dans la loge, bien décidé à appeler une nouvelle fois Avril.
- Hey ! Quoi de neuf ?
- Le concert était super ! J'ai rencontré un gamin de pt'êt 4 ou 5 ans, il s'appelait Deryck ! Comme moi ! Luis racontais-je, ravi.

- C'est trop mimi ! S'exclama Avril avec joie. Je quitte Tokyo demain, tu me manques...
- Tu n'imagines même pas à quel point tu me manques aussi. Elle laissa peser un blanc avant de dire, la voix étranglée :
- Je dois raccrocher, je te dirai quelque chose plus tard .
- Je t'aime.
- Je t'aime aussi.

Nous raccrochâmes à contre cœur. J'avais envie de la voir, de la serrer dans mes bras, mais au lieu de ça, je m'aperçus que Cone, Dave et Stevo étaient partis sans moi en direction de l'hôtel.

Rock n' CrimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant