10/ Never there

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PDV Deryck :

Le lendemain matin, je fus réveillé par le bruit strident du réveil de chevet. Je sentis Avril à côté de moi placer la couette par dessus sa tête en poussant un petit grognement de mécontentement.

Après cinq bonnes minutes à fixer le plafond, je me forçai enfin à sortir du lit. Le contacte de mes pieds avec le sol froid me fit frissonner et je faillis me recoucher. Mais il était important pour nous de partir le plus vite possible.

A contre cœur, je me levai et ouvris les rideaux. Il faisait encore nuit dehors; seuls les lampadaires éclairaient la ville.

-Deryck...reviens te coucher...supplia Avril en un soupir. Je ris doucement.
-Je suis désolé, mais c'est l'heure, et puis c'était ton idée, je te signale.
- Oui bah...c'était une idée de merde. Elle me fixait implorante.

Avril s'était approchée du bord du lit, s'agenouillant face moi. Elle agrippa le col de mon t-shirt, rapprochant son visage du mien. Je pouvais à présent sentir son souffle chaud s'écraser contre mon visage. Elle écarta une mèche de cheveux qui tombait devant mes yeux et elle déposa suavement ses lèvres sur les miennes.

- Tu sais, c'est pas un drame si on a un peu de retard, hein Dédé ? Ajouta-t-elle de sa voix la plus aguicheuse. Me laissant faire, j'allais presque succomber à ses avances. Mais je me ressaisis et posai ma main sur son épaule pour l'arrêter.

- Je sais ce que tu essaies de faire, Avril. Lui soufflai-je malicieusement. Mais n'oublie pas ce qui était convenu.
-Pfff...t'es pas drôle ! Lâcha-t-elle, faisant semblant de bouder. Elle se leva également. Mais t'as de la chance d'être beau ! Elle me jeta son oreiller au visage.

Nous étions enfin près au bout de dix minutes. Nous quittâmes l'hôtel avec deux heures d'avance comparativement à ce qui était prévu par nos agents.  Nous avions réussi, après maintes supplications, à convaincre nos groupes.

Une fois à l'aéroport, hors d'haleine d'avoir couru, Stevo avait enfin demandé :
- Pourquoi on est parti si tôt, en fait ?
Avril m'avait regardé l'air de dire qu'elle gérait la situation. Je lui faisais totalement confiance. Elle fit signe à Stevo de ne pas s'en préoccuper et la discussion s'errata là. J'étais parfois impressionné par cette femme.

A notre grand étonnement, quelques cameraman commençaient à arriver, surpris que nous soyons arrivés à quatre heure du matin alors que notre avion ne décollait qu'à huit heure pour Berlin.

Avril ne les renvoya pas, au contraire, elle les incita à l'écouter. Je n'avais pas tout de suite compris ce qu'elle essayait de faire.
-Bon, elle se tourna vers nos groupes, il est peut-être tant de vous annoncer que je suis enceinte.

Tous poussèrent des exclamations de surprise et Cone eu la débilité de demander :
-C'est qui le père ?!
Je le regardai, l'air exaspéré, il se foutait de ma gueule ou quoi ?
-Tu te fous de ma gueule ?
- Ah oui ! C'est toi !
-Pauvre enfant, si c'est un nabot, comme son papa ! Renchérit Dave.
-C'est bon ?! Vous avez fini de me tailler gratuitement ? M'écriai-je sans grande prestance.

Avril avait parlé assez fort et les réactions de nos groupes étaient assez flagrantes pour que deux des caméraman s'enfuient avec leur nouveau scoop. En tout cas, cela éluda la question de notre présence en avance.

Il aurait été préférable de ne pas croiser de paparazzi mais ces journalistes n'avaient que ça à faire que de se pointer à quatre heure du matin pour harceler des célébrités.

Tous les membres de nos groupes respectifs posaient des questions à Avril à propos de sa grossesse, des questions pas toujours très intelligentes mais elle se faisait un plaisir de répondre à leurs interrogations.

Pendant ce temps, mes pensés fusaient en tout sens. Comment retirer un million de dollars en si peu de temps ? Surtout que nous n'étions pas au Canada, donc nos comptes bancaires avaient un plafond de retrait.

J'avais conscience que ce soir, peut-être, j'allais me retrouver à la une des magasines people et avec un procès au cul. Et malheureusement, je risquerai d'entraîner Avril dans ma chute médiatique.

La culpabilité qui m'habitait remonta, venant se nicher dans ma gorge. Je posai ma main sur le bras d'Avril, dans l'espoir d'attirer son attention. Elle se tourna vers moi, attendant que je lui parle.

- Je vais aux toilettes, je reviens. Murmurai-je. Elle acquiesça, visiblement sceptique.
- Ça va ? Demanda-t-elle en interrompant sa conversation. Tous se tournèrent vers moi.
-Oui. Je me forçai à sourire pour paraître naturel. Je vais me rafraîchir, je suis juste un peu stressé par les concerts à venir, l'avion, tout ça, quoi.
Puis je me séparai du groupe, sous le regard dubitatif d'Avril.

Face au miroir, je me regardai dans les yeux. Confronté au poids de l'angoisse et des responsabilités, je lisais l'appréhension qui assombrissait mes iris. J'allai devoir être fort, pour Avril, pour notre futur enfant qui allait être plongé dès la naissance dans le grand bain de la célébrité.

L'avion de ligne dans lequel nous nous trouvions était d'un blanc immaculé, le faisant paraître encore plus grand qu'il ne l'était initialement. Nous étions tous assis dans la même rangée, j'étais évidement à coté d'Avril.

Elle me lança un allègre sourire tout en serrant fermement ma main. Les autres, comme des gamins surexcités continuaient de noyer Avril avec les mêmes questions idiotes :
-Avril, ça fait combien de temps que tu es enceinte ?
-Un mois, Stevo.
- Avril, vot' gamin, il sera BG ?
- C'est quoi cette question à la con ?! Lançai-je en riant. Dave ajouta :
- Avril, comment tu nourriras ton môme ?
- Avec de la pâté pour chat ! Ironisa-t-elle.
- Et, demanda Cone, il ou elle va s'appeler comment ?

Avril et moi nous regardâmes. Il est vrai que nous n'y avions pas encore réfléchi. Mais il était peut-être encore un peu tôt. Elle était à peine à un mois de grossesse.

- Alors ?
Avril me jeta un regard malicieux.
-Pas Cone, ça c'est sûr !
Cone retourna finalement à sa place car l'hôtesse de l'air commençait à s'agacer de ses déplacements incessants. Il s'assit avec Stevo et ils commencèrent à discuter de choses inaudibles pour moi.

J'étais crevé. Je m'endormis donc dans l'avion au bout de quelques minutes, ma main enlacée dans celle de ma compagne.

Rock n' CrimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant