6/ With me

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Au fond , je me haïssais. Je venais de laisser tomber Avril, MON Avril, qui était en plus enceinte de moi. Quel imbécile ! Je reproduisais les mêmes erreurs que mon connard de père il y a 25 ans de cela...

Mais comment expliquer à Avril que j'avais fais cela uniquement pour la protéger, lui épargner la destruction progressive de sa carrière ? Mais je compris rapidement que je venais de lui infliger une douleur encore plus grande. J'agissais peut-être avant de réfléchir, ce qui avait visiblement réussi à détruire mon couple.

Je m'avachis sur mon lit dans un fort état de stresse et de désolations et finis par m'endormir d'épuisement vers 4h du matin.

PDV Avril

Je lui raccrochai au nez, pleine de rage. Les joues rougies par la colère et les pulsations cardiaques rapides, je tentais de me calmer en respirant un bon coup. Mais seul un déferlement de larmes résulta de mon expiration.

J'étais pourtant si heureuse 10 minutes plus tôt et voilà que maintenant je me retrouvais avec un gosse à gérer car son enc*lé de père avait décidé de se taper une pouffiasse de groupie. Ce sont vraiment des salopes ces françaises !

Il n'a même pas rappelé ; n'a rien dit alors que je venais de lui annoncer sa paternité. Je l'aimais vraiment, du plus profond de mon cœur, je ne voulais pas croire ce qu'il avait avancé.

Le ton d'incertitude qui était perceptible au téléphone me donnait le minime espoir que toute cette histoire était fausse. J'avais envie de croire qu'il mentait. Mais si c'était le cas, pour quelle raison ?

Mais je devais arrêter de me voiler la face, il était sûrement bourré ce soir là, comme à son habitude, et se l'est envoyée, un point c'est tout. La question était quand, et s'il était vraiment alcoolisé ?

Je comptais me concentrer sur ces points là. Je n'allais pas le laisser m'abandonner comme une vieille chaussette sans connaître le pourquoi du comment.

Et puis, lors de notre retour à Toronto, la presse se rendra bien compte que notre couple était parti en fumé...Et quand mon agent et les médias sauront que je suis enceinte, ils iront harceler Deryck pour lui poser plein de questions débiles. Il répondra peut-être quelque chose qui m'aidera à comprendre.

Même si le connaissant, je savais pertinemment qu'il restera de marbre, préférant ne pas s'exprimer sur le sujet.

J'allumai tout de même mon poste de télévision dans l'espoir de me divertir, m'aérer l'esprit un court instant. Il devait être près de 2h du matin quand une info passa sur la chaîne internationale. Le présentateur disait :

"Plusieurs cas d'agression au couteau ont été recensés ces 6 derniers mois près de l'Accord Arena à Paris, mais le dernier en date est celui d'Arnold Fouchet, le crime à eu lieu ce soir même aux environs de minuit. Pour l'instant les équipes de police n'ont pas encore de suspect et..."

J'éteignis le poste de télévision. J'étais peut-être parano, mais sachant que le concert de Deryck avait eu lieu dans l'Accord Arena, une sensation de peur s'installa subitement en moi. Il m'avait pourtant appelé vers 00:30, cela voulait dire que tout allait bien. Enfin "bien", c'était relatif.

Tout commençais à faire sens dans mon encéphale...Je devais absolument me rendre à Paris ! J'appelai précipitamment mon agent, lui annonçant que j'avais une course urgente à régler et qu'il fallait ajourner la tournée.

Je réussis à trouver une place dans l'avion de demain qui partait pour la capitale française. Mon vol n'était donc que le lendemain. Mais je n'avais pas la tête à me reposer ce soir. Mon premier réflex fut de vouloir m'enfiler une bière. Mais je me rappelai soudainement avec désolation que j'étais enceinte, même si je n'étais qu'a trois semaines de grossesse.

Sur ce, je m'endormi finalement bien vite malgré les pénibles cauchemars qui animèrent mon sommeil.

Il était à présent l'heure pour moi de quitter le pays du soleil levant en cette fraiche matinée. J'avais préparé au préalable un sac à dos et une petite valise pour le voyage et avais également réservé une chambre pour la nuit à Paris. De toute façon, je ne comptais pas y rester longtemps.

Je me nourris d'un croissant au jambon que j'avais acheté à l'aéroport tout en rejoignant ma porte d'embarquement. Mais j'eus un moment d'hésitation avant de monter dans l'appareil, étais-je vraiment sûre de vouloir m'infliger cela ? Finalement, poussée par l'adrénaline, je ne me torturai pas plus l'esprit et m'installai dans mon siège près du hublot.

Ces 12 longues heures de vol allait me permettre de réfléchir plus longuement que la veille. Il est vrai, je ne croyais plus vraiment à cette histoire de tromperie... ce n'était tellement pas du genre de Deryck. Et puis il avait l'air si incertain au téléphone. Mais surtout, ce que je m'interdis de penser, c'étais qu'il était un vrai boulet en matière de drague. Après, pour une fan hystérique il n'y avait pas vraiment besoin de savoir draguer.

Mais j'étais bien décidée à découvrir la vérité.

Ce voyage fut d'une rapidité déconcertante, même en classe économique. C'est vrai que faire seulement 1m57 était plutôt avantageux lors des vols long courrier dans des petits sièges.

Arrivée à Paris, j'eus à peine le temps de sortir de l'appareil que ma présence fut remarquée immédiatement. Près du métro, une horde de caméraman m'entouraient, m'accablant de questions au sujet de ma présence; je n'avais presque plus d'air pour respirer. Ils n'étaient donc pas encore au courant du scandale qui avait eu lieu au sein de notre couple, et je ne souhaitais pas en être l'informatrice.

Je pris le premier taxis qui se présenta à moi à la sortie de l'aéroport. Je donnai au chauffeur l'adresse de l'hôtel de Deryck lui signifiant bien que j'étais extrêmement pressée.

J'observais le paysage parisien qui s'offrait à moi alors que nous traversions la métropole. Ces splendides quartiers me rappelaient le premier concert que j'avais donné en France. Ce soir là, j'étais tellement stressée que j'avais annoncé à mon manageur que ne voulais plus monter sur scène. Le publique français m'intimidais, je l'ignore encore pourquoi.

J'avais à peine 18 ans et tout s'était accéléré si vite que j'en étais effrayée. Mais heureusement, Rod, mon manageur, est un homme admirable. Il m'avait poussé la main pour que je donne l'un des meilleurs show de ma carrière.

Sans que je ne m'en aperçoive, nous étions déjà arrivés devant l'hôtel que le groupe SUM41 occupait lors de leurs déplacements à Paris. Je restai figée un instant devant la battisse avant de me décider à enfin entrer.

Rock n' CrimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant