Partie II : Une virée parmi les nuages

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Si la vie voulait lui jouer un mauvais tour, tel un enfant jetant un sort le soir d'Halloween, elle avait parfaitement réussi. Le petit matin s'était levé dans une brume épaisse ne permettant de rien observer au dehors, réduisant la cabane à son enceinte et son maigre terrain, figeant le monde extérieur au delà d'une simple barrière. Malgré l'avancée du jour, le temps lui-même semblait s'être figé, loin de l'affluence matinale des sorciers qui gagnaient à pieds qui les grandes salles médicalisées de Saint Mangouste, qui l'entrée secrète des employés du Ministère, créant la vie mondaine du Londres sorcier, la seule qu'Hermione ait jamais connu. Le calme berça son corps fatigué et endolori, une étrange vibration parcourant sa peau, une qu'elle était bien en mal de comprendre l'origine. La brune tâta le lit à côté d'elle pour le trouver vide, la forçant à ouvrir les paupières pour constater cette absence. Les bras chauds dans lesquels elle s'était assoupi quelques heures plus tôt avaient disparus, ne laissant qu'un espace vide et un oreiller froid et tassé. N'en restait que l'odeur du jeune blond qui imprégnait les draps, qu'elle portait à présent sur son propre corps, telle une présence fantôme qui la couvrait encore de baisers. Hermione se redressa subitement, émergeant de cette rêverie qui ressemblait davantage à une fièvre. Sa peau nue fut parcourue de picotements lorsque le drap glissa au bas de ses hanches et elle s'en drapa aussitôt, parcourant du regard les recoins du chalet. Seul un feu se mouvait dans l'âtre de la cheminée, lançant quelques gerbes explosives dans un craquement de buche mais point de signe de vie du jeune homme à la chevelure cendrée. Hermione se risqua à lancer un regard par la fenêtre et le repéra aussitôt, affairé à découper, coup de hache après coup de hache, une pile de buches toute neuve qu'il empilait à ses côtés. Drago devait sans doute se sentir observé car il tourna la tête dans sa direction et Hermione lâcha un couinement mortifié, se rasseyant sur le matelas en toute hâte. La porte d'entrée pivota et se referma derrière lui et le jeune homme toisa Hermione d'un air amusé : 

- C'est quoi qu'ils disent par chez toi? La Belle aux Bois dormant s'éveille enfin? Pour le coup, il y a véritablement un bois, et une fille aux cheveux hirsutes qui dors dans mon lit. 

Hermione lui rendit une grimace peu éloquente en repoussant ses cheveux gonflés et emmêlés après un tel traitement au cours de la nuit. Au pied du lit, elle repéra ses vêtements qu'il avait soigneusement plié et se pencha en avant pour les ramasser. Drago lui tourna le dos sans se faire prier et fit face à la chaleur diffusée par les flammes. Quelques instants plus tard, Hermione tituba en direction de la table et tira une chaise vers elle. 

- Je t'ai réchauffé du porridge avec des œufs. Il reste encore du thé dans la théière. Lança le blond, l'air légèrement nerveux. 

Hermione souleva le couvercle de la théière et remarqua un fond de liquide brunâtre recouvrant des feuilles gonflées d'un noir intense, diffusant une légère amertume de thé bien trop corsé. Elle releva les yeux vers lui : 

- Combien as-tu bu de tasses jusqu'à maintenant ? Demanda-t-elle devant son air légèrement paralysé. 

- Hum... Assez pour vider ma vessie deux fois. Tu as dormi une grande partie de la mâtinée, Granger. 

Hermione fit les yeux ronds et regarda au dehors une nouvelle fois. Le jour était déjà bien amorcé, la fraicheur de l'aube diffusée au profit d'un vent plus doux, le ciel couvert de nuages d'un blanc éclatant faisant plisser ses paupières à peine décollées d'un sommeil profond. La jeune femme plongea une main dans sa sacoche en cuir pour en extraire son téléphone portable qui afficha la plus grande frayeur de son irréprochable existence. 

- Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas être en retard? Je n'ai jamais manqué une journée de travail ! Et Pattenrond ! Il doit se faire un sang d'encre, il n'y a personne pour le nourrir, il miaule à la mort si son estomac est vide ! Lança-t-elle précipitamment tandis que la poigne de Drago la forçait à se rassoir et qu'il déposait une assiette devant elle. 

Sous le rameau de l'olivierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant