- Madame Winter, voici l'accord de Monsieur Tamaki pour l'édition de Lundi prochain. Il a tout approuvé.
- Très bien. Je vous fais confiance pour la publication Saori. Dès que c'est bon vous pouvez partir.
Ma secrétaire hoche la tête avec un sourire aux lèvres, heureuse à l'idée de pouvoir quitter son travail plus tôt un samedi soir. Une fois la porte en bois de rose refermée, je m'autorise à lâcher un petit soupir et fermer les yeux trois secondes.
Je les rouvre au moment où mon téléphone sonne et décroche.
- Bonsoir ?
- Madame Winter ? demande une voix semi-moqueuse à l'autre bout du fil. J'aimerai vous contacter pour un projet ce soir.
Sans même répondre, je raccroche et secoue la tête en grimaçant, repensant à l'idiot qui vient de m'appeler avec le seul but de s'amuser. Satoru Gojo est un idiot. Un ami certes, mais un idiot quand même. Je n'ai jamais rencontré un adulte dont l'âge mental est aussi bas. Un gamin de cinq ans dans le corps d'un homme de presque trente ans. Et pour couronner le tout, il me nargue en passant tout son temps libre à m'appeler quand il sait que je travaille. Contrairement à lui, j'ai rarement les pieds en éventail.
Je remarque du coin de l'oeil l'exemplaire inédit de la prochaine édition de mon magazine, posé là par ma secrétaire quelques minutes auparavant. Par souci de bonne conscience, je m'en empare et le feuillette, appréciant le travail minutieux de mes employés. Le tout rend très bien.
Je m'appelle Lilliana Winter et je suis la propriétaire et créatrice du plus grand magazine de mode du Japon. Malheureusement, un tel titre ne vient pas sans effort, et seuls des jours (et nuits) entiers de dure labeur me permettent un tel succès.
Je supervise tout, depuis la recherche de nouveaux mannequins, thèmes, idées, jusqu'à la mise en page, en passant par le texte, les couleurs de fond, les collaborations et les accords avec nos associés et surtout les séances photos. Quand je suis sur le terrain, c'est le plus souvent là-bas. Tout ce travail fait qu'il m'est rare de quitter mon bureau avant sept ou huit heure du soir.
Je me concentre à nouveau sur mon écran d'ordinateur, faisant défiler des tenues ainsi que des mannequins, à la recherche de nouveaux sujets pour la prochaine édition. Après tout, je suis minutieuse et j'aime être en avance sur les délais.
Un bruit se fait entendre à ma porte et je me redresse, surprise.
- Entrez, je lâche d'un voix claire.
Trois silhouettes s'avancent dans l'espace calmement lumineux de mon bureau. Mes sourcils se froncent automatiquement.
- Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Wow Lilly chérie, je m'attends quand même à un accueil plus chaleureux de ta part. On recommence ? On t'emmène boire un verre après ça, babille gaiement Satoru Gojo, l'éternel gamin.
- Oui on recommence. Vous sortez et ne rentrez pas.
Je baisse à nouveau mes yeux vers mon écran.
- Lil, il est déjà huit heure et demi, tu devrais vraiment te décrocher de tes recherches, dit doucement ma tendre amie, Shoko Ieri.
Quelques secondes de blanc passent avant que je ne me fige, sans toutefois lever mes yeux vers eux.
- Il est huit heure et demi ?
Je pivote mon poignet et en effet, ma montre en argent indique huit heure trente deux.
- Putain, je jure doucement en paniquant, surprenant mes visiteurs.
- Je ne t'ai jamais vue aussi stressée de devoir quitter ton travail à cause de l'heure. Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquiert Toji.
- Ça ne vous regarde pas, je marmonne en enfilant mon manteau, redoutant le froid de novembre de l'extérieur.
J'attrape mes clés et éteins mon ordinateur en précipitations tout en faisant signe à mes amis de sortir. Je ferme la porte derrière moi et cours presque vers l'ascenseur, oubliant qu'il est en réparation depuis jeudi. Réprimant des injures, je descends les escaliers deux par deux en talons, mes amis très inquiets à ma suite.
- Lilliana, qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien, au revoir.
Je ne réponds pas de la sorte en temps normal, mais aujourd'hui est un jour différent de tous les autres. Un jour que j'appréhendais depuis un moment déjà, sans jamais le dire à mes amis. Ils n'ont pas la moindre idée de celui qu'il se passe, et j'ai toujours tout fait en sorte pour qu'ils ne sachent rien. Je ne veux pas qu'ils sachent. Ça ne les regarde pas. Je démarre donc ma voiture, me dirigeant vers l'adresse qui m'avait été donnée.
Mais comment j'ai pu oublier un truc pareil d'ailleurs ? J'étais sur les nerfs ce matin, et voilà que le soir ça me sort complètement de la tête !
Vingt minutes de route à me réprimander et j'arrive devant un bâtiment à l'allure austère. Je me gare et pousse un soupir, me préparant mentalement.
À mon entrée, une réceptionniste me demande la raison de ma venue.
- Bonsoir, Lilliana Winter. Je suis venue chercher mon fils.
Elle regarde son écran et trouve mon nom puis hoche la tête.
- Salle 28. Ils vous attendent.
Je hoche la tête à mon tour et trouve facilement la pièce indiquée. Je calme mon coeur compressé et tourne la poignée, entrant dans une pièce bien éclairée. Trois personnes m'y attendant déjà. La première est mon fils, un sourire enfantin collé sur le visage malgré le moment présent. La deuxième est un agent de sécurité, isolé dans un coin de la pièce, parfaitement silencieux et immobile. Mes yeux tombent sur la troisième personne présente et je dois me contrôler pour que mon regard soit vide de reproche et de déception.
- Maman ! crie mon fils de sept ans.
- Coucou mon coeur.
Je m'accroupis pour l'enlacer et il s'accroche à moi, tout content de se blottir dans mes bras. Mon enfant toujours calé sur ma hanche gauche, je me relève et fixe l'homme au sourire triste.
Il se lève et s'approche de moi avec précaution, comme si je pouvais fuir ou même lui coller une gifle. Il a bien raison de faire attention. Mesurant la distance entre nous, il s'arrête à trois pas de moi avant d'ouvrir la bouche pour exprimer ses derniers mots destinés à ma personne.
- Je suis désolé.
Je hausse un sourcil.
- D'avoir fait ce que tu as fais ou de t'être fait choper ?
- D'avoir fait ce que j'ai fait. Je n'aurai pas dû. Et j'en suis profondément désolé, autant pour toi que pour mon fils.
Je garde le silence un instant.
- Ça m'importe peu. Notre relation était quasiment inexistante de toutes façons. C'est pour Yuji que je t'en veux.
- Je sais. Mais je veux te demander pardon aussi, parce que maintenant tu te retrouve avec un fils sur les bras et pas de père pour t'aider. On n'était pas un couple mais on s'occupait quand même de lui chacun notre tour. Et maintenant tu sera toute seule. Avec ton travail qui te prends déjà tellement de temps, je ne veux pas imaginer à quel point ça sera dur pour toi. Donc je te demande pardon.
- Je te remercie de t'en rendre compte. Mais je me débrouillerai.
Un nouveau sourire triste étire ses lèvres, et pendant un moment, je crois déceler du respect dans son regard.
- Tu te débrouilles toujours.
Un vide prend place et le vigile s'approche, signe qu'il est temps de finir cette discussion. Alors, dans un dernier souffle, je sors les seuls mots que j'arrive à dire avec sincérité.
- J'espère que quand tout ça sera fini, tu reviendra voir ton fils en étant digne de t'appeler son père. Au revoir Shota.
Et je sors de la pièce, mon fils endormi dans mes bras, l'appréhension grandissant dans ma poitrine.
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Parfait pour toi [Ryomen Sukuna x OC]
Fiksi PenggemarCela fait deux ans que je l'ai rencontré par le biais de mon amie. Autant de temps qu'il me tourne autour, qu'il me dit que je lui plais, qu'il me demande de lui laisser une chance. ------------------------ Ryomen Sukuna est aussi surnommé Monsieur...