Chapitre 9

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Swan

Je meurs de chaud. Quelle heure est-il ? J'ai l'impression que ma peau est en train de cuire. Les rayons du soleil tentent de pénétrer à travers mes paupières tels des faisceaux laser. Je grogne comme un ours mal léché, bouge sur mon matelas, puis me fige quand ma poitrine s'abaisse soudain vers le bas alors que je n'ai pas soupiré ou même expulsé encore l'air de mes poumons. C'est alors que je sens autre chose sous ma paume. Mes paumes, à dire vrai. Une peau. Chaude. Sacrément brûlante. Un contour. Une hanche sous l'une, des vertèbres, sous l'autre. Je me redresse légèrement, bouge le genou, me heurte à une barrière plus chaude encore, perçois un gémissement qui me paralyse de la tête aux pieds. J'ouvre péniblement les paupières. Elles sont presque collées, lourdes. La lumière fuse aussitôt dans mes rétines et les blesse. Un « putain » résonne dans ma tête engourdie.

Ma vision s'affine, alors qu'une voix perce à travers mon brouillard laiteux :

— Swan...

Je découvre alors les traits endormis de Billie. Elle, sous moi. Sous mon corps. Mes mains agrippées à ses courbes comme si je refusais de la laisser partir. Mes paupières papillonnent de stupéfaction, alors qu'elle ouvre plus grand les yeux pour m'en effleurer. Je me sens aussitôt comme une merde. Qu'est-ce qu'elle fout là ? Qu'est-ce que j'ai fait cette nuit ?

— Ça va ? s'inquiète-t-elle en découvrant mon expression médusée.

Je ne sais pas quoi répondre. En l'état, je suis incapable de dire si je vais bien ou non. Je tiens Billie dans mes bras, dans mon pieu, bordel ! Elle n'a pas l'air surprise ou en colère d'être au milieu de mes draps, nos corps comme fusionnés. Moi si. Surpris. Et... beaucoup trop content. Du moins, mon corps paraît très satisfait de la situation. Je serre les dents, essaie de me vider le crâne des saloperies qui commencent à affluer, alors que son bassin esquisse un léger mouvement sur le côté, sûrement pour se dégager de la monstrueuse raideur qui tire mon caleçon. Satanée érection matinale.

— Tu... tu as fait un cauchemar cette nuit, m'explique-t-elle enfin.

Un cauchemar ?

Je libère ses bras en me redressant au-dessus de son buste. J'ai dormi sur elle. À cause d'un foutu rêve ?

En prenant de la hauteur, je réalise qu'elle est à demi-nue, seulement vêtue d'un t-shirt largement remonté sur son ventre. Mon regard va et vient stupidement entre ses yeux qui m'observent et tentent de m'analyser et la multitude de peaux éparses collées à la mienne. J'ai dormi avec elle. Qu'est-ce que j'ai fait d'autre ? Je lui ai parlé ? L'ai touchée ? Bon sang, pourquoi je ne m'en souviens pas ?

Son regard frôle mon épaule et s'attarde sur mon tatouage, qui a l'air de prendre tout son sens dans sa tête, s'imbriquant aux pièces du puzzle. Je fronce le nez, agacé contre moi-même, lorsque je sens remonter de mes entrailles la profondeur de mon cauchemar. Un de plus. Le même. Je tressaille, si bien que Billie pose aussitôt sa main sur ma joue.

— Swan, ce n'est pas grave, essaie-t-elle de m'apaiser. Tu... tu m'as agrippée pendant ton cauchemar et tu t'es calmé après. Tu as fini par te rendormir, je n'ai pas eu envie de te laisser.

Peu probable qu'elle aurait réussi à bouger, de toute façon. Au regard de notre position, je l'ai maintenue en une prison de chair sous mon poids. J'aurais pu l'étouffer pendant mon sommeil sans même m'en rendre compte.

Je finis par hocher la tête pour la rassurer, mon attention voguant entre ses yeux attentifs et mon érection qui refuse de se calmer. Si je me relève, je ne pourrai jamais la lui cacher. Si je reste comme ça, immobile... Quel con ! Ce sera pire. Mon sexe est bien calé au creux de sa cuisse. Peu de chance qu'elle l'ignore. Je ferme le poing près de sa tête, conscient du désir qu'elle éveille. Conscient que je ne veux surtout pas l'éprouver. Que je hais le ressentir et que je ne peux rien faire pour l'endiguer.

Love Memories (Black Ink Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant