Chapitre 11

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Je suis particulièrement excité à l'idée qu'Ismaël vienne dormir chez moi. La dernière fois que nous avions passé une nuit ensemble, je le pensais hétéro. Maintenant, je sais qu'il ne l'est pas tant que ça, mais je dois rester prudent et agile. Nous avons continué de discuter sur Grindr mais j'ai dû refuser ses propositions de rencontre, pour préserver notre double relation privilégiée.

Vers 19 heures, alors que je termine de ranger ma chambre, j'entends la sonnette. Je me précipite à l'entrée pour lui ouvrir et le présenter à mes parents. Malgré sa journée au salon de l'auto, il a fait l'effort de bien s'habiller et à l'air en forme. Après lui avoir fait visiter la maison, nous passons à table.

- Merci de me recevoir chez vous, le repas est très bon et votre hospitalité me touche.

- Le plaisir est partagé, Ismaël. Luc n'invite pas souvent de camarades à la maison, j'imagine que vous devez être de très bons amis.

- On a surtout passé beaucoup de temps à travailler ensemble, ça crée des liens.

La conversation entre Ismaël et ma mère prend une tournure assez pompeuse, mais mes parents sont sous le charme. Décidément, il a tout pour plaire et sait s'adapter à son public. Ce moment convivial me permet quand même d'en apprendre plus sur les origines d'Ismaël, son parcours, sa vie dans le sud...

Après le dessert, nous souhaitons bonne nuit à mes parents et montons dans ma chambre. Il me demande s'il peut prendre une douche, bien nécessaire après sa longue journée. Je lui indique la salle de bain adjacente à ma chambre. Il prend sa douche avant que je ne prenne sa place, en constatant avec une certaine satisfaction qu'il a laissé dans la corbeille un petit cadeau : sa couche pleine de la journée.

À mon retour, je retrouve Ismaël ostensiblement déjà changé puisqu'un bout de sa couche dépasse de son jogging. Il est assis en tailleur devant ma télévision, en train d'admirer ma collection de jeux rétros. Je lui propose une partie de Mario Kart Double Dash, qu'il accepte volontiers. Nous nous installons donc sur le canapé et jouons ensemble à la Game Cube.

Au milieu du circuit arc-en-ciel, alors que j'avais une bonne avance sur les autres participants, j'entends mon téléphone branché un peu plus loin émettre un son bien reconnaissable : celui d'une notification Grindr. J'étais persuadé de l'avoir laissé en charge avant ma douche en mode silencieux, comme presque tout le temps. Et pourtant, je reçois pendant la course encore deux ou trois messages à la notification caractéristique.

- Bah alors Luc, on te harcèle de messages ?

- C'est rien, c'est sûrement ma conversation de classe.

- Ah ouais ? C'est pas le son de Whatsapp pourtant...

La situation me tend. Il fait comme s'il ne savait pas, mais je sais qu'il sait. Après tout, il utilise lui-même Grindr en secret. J'ai de plus en plus de mal à me concentrer et termine deuxième de la course, juste derrière Ismaël. Triomphant, il me lance :

- Chez moi, celui qui perd à un gage donné par le gagnant !

- C'est pas juste, on avait pas parlé d'enjeu avant le début de partie !

- Oui mais c'est comme ça, tu vas quand même pas te défiler !

- Peu importe, si tu veux, je te suis. C'est quoi le gage ?

- Le perdant doit... retirer un vêtement !

Je vois où il veut en venir. J'accepte le défi et retire mon pull. Heureusement, la maison est bien chauffée.

- Ah tant que j'y pense, j'allais pas venir les mains vides, j'ai ramené quelques bières.

Nous reprenons nos courses et retirons presque chacun notre tour un vêtement : sweat, t-shirt, chaussettes... Je suis en caleçon tandis qu'Ismaël a encore son jogging. À coup de carapace bien placée, je franchis en premier la ligne d'arrivée du Circuit Yoshi. Ismaël est contraint de se débarrasser de son dernier véritable vêtement et finit simplement couvert par sa couche. Je pensais qu'il porterait un sous-vêtement pour la maintenir, mais il n'en est rien. Son change est encore sec, d'un blanc nuageux. Fier de ma victoire, je m'exclame :

- On dirait que j'ai gagné !

- Ah bah non, on est à égalité, il nous reste chacun un sous-vêtement.

- Bah Ismaël, tu ne vas pas retirer ta protection...

- Peut-être, mais toi il n'y a pas de raison que tu ne le retires pas !

Je suis assez surpris par son audace. Quel genre d'amis voudrait que je retire mon caleçon devant lui ? Je décide de jouer la surenchère :

- D'accord, mais pas question que je reste à poil. Si tu as le droit de garder ta couche, j'en veux une aussi. 

Accidents : Débuts à l'universitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant