Chapitre 12

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Ismaël a l'air si peu surpris par ma demande pourtant insolite qu'il sort immédiatement une couche de son sac en guise de réponse. Je perds presque volontairement la course suivante, et retire timidement mon caleçon, dévoilant pour la première fois mon intimité à un autre garçon. Ismaël se tient prêt et me commande de m'allonger sur le lit. N'ayant pas l'habitude d'être langé par quelqu'un d'autre, je lève et écarte mes jambes avec maladresse. Il en sourit, fait mine d'ignorer ma trique pourtant inévitable, et glisse le change complet sous mes fesses. De quelques mouvements experts, il referme les adhésifs et me dit :

- Là on est à égalité. Enfin plus pour longtemps...

Il me fixe droit dans les yeux avec un sourir perçant. Je ne comprends d'abord pas ce qu'il veut dire, jusqu'à ce que mon regard rencontre l'avant de sa couche, passant juste sous mes yeux du clair immaculé au sombre détrempé. À quel jeu joue-t-il ? En sommes-nous déjà là ? Je termine ma bière et la pose avec force sur la table.

- Ce n'est qu'une question de temps, crois moi !

Une ambiance étrange flotte dans ma chambre, alors qu'Ismaël et moi avons éteint la console de jeux pour nous faire face seulement vêtus de nos couches. Il sait que je suis gay, il l'a entendu. Son attitude n'a plus rien d'amicale, elle est provocante d'érotisme. À mon tour, je libère ma vessie et m'oublie dans ma couche. Il n'en rate pas une miette.

- Je vois que je ne suis pas le seul à en avoir besoin.

- Disons que nous n'en avons pas besoin de la même manière...

- Qu'est-ce que tu veux dire, Luc ?

- Depuis que tu m'as fait essayer tes protections à la bibliothèque, j'ai commencé à apprécier bien plus que leur aspect pratique. Nos après-midi de travail m'ont permis de découvrir des sensations que je n'aurais jamais pensé vivre. Je sais que pour toi c'est avant tout une contrainte, même si tu as l'air de t'en amuser parfois, mais pour moi c'est un véritable plaisir. J'ai du mal à me l'expliquer mais je ne peux plus m'en passer.

- Je dois t'avouer que lorsque je t'ai fait proposé pour la première fois une couche, je ne pensais pas que tu accepterais et encore moins que tu apprécierais l'expérience. C'était juste pour que tu imagines mon inconfort quotidien. Et pourtant, tu en as porté chaque jour. J'étais même surpris que tu ne m'en demande pas après les vacances de la Toussaint. Honnêtement, si je pouvais arrêter d'en mettre je n'hésiterais pas une seconde. Mais j'ai appris à vivre avec et à en profiter comme je peux, notamment avec mon meilleur ami. Je n'ai pas eu l'occasion de le voir depuis que je suis parti à Paris, et avec le temps je me suis dit que tu me faisais penser un peu à lui...

Me voilà friend-zoné. Je suis quand même content d'avoir une relation aussi privilégiée avec lui. Le glas de Grindr retentit à nouveau, me replongeant dans ma gêne. Ismaël en profite pour m'expliquer :

- C'est moi qui ai désactivé le mode silencieux de ton téléphone, ça me faisait beaucoup trop rire de voir ta réaction face à ces notifs.

- Mais comment tu savais que j'avais cette appli ?

- En arrivant devant chez toi, un profil avec qui je discute régulièrement paraissait soudain assez proche, c'est curieux non ?

Je rougis et souhaite m'enterrer six pieds sous terre. Au moins, l'abcès est crevé. Et puis, lui aussi m'a fait part de ses pulsions inavouables sur Grindr. Je décide de surenchérir :

- Très curieux oui, je me demande si tu vas enfin découvrir qui se cache sous ce profil !

- Oh je crois qu'il n'y a qu'une manière d'en être sûr...

Sans prévenir, Ismaël m'embrasse. Je reste sans voix. Je l'embrasse à mon tour. Cette fois, nous nous enlaçons en mélangeant nos langues. J'ai envie de lui, de son corps. Je lui retire son t-shirt, son torse est magnifique. Suivant les conseils qu'il m'a donné sans le savoir, je caresse doucement sa poitrine musclée. Alors que mes doigts effleurent ses tétons, il gémit avec virilité. Nous continuons de nous embrasser en retirant nos vêtements. Nous ne sommes plus vêtus que de nos couches. L'envie est trop forte, j'enfonce ma tête contre son change pour le sentir, le respirer, l'inhaler. Il semble beaucoup apprécier et râle de plaisir. En m'attrapant doucement par les cheveux, il remonte ma tête pour m'embrasser à nouveau. Je suis à lui, il peut me faire ce qu'il veut. J'essaye de lui lécher un téton, puis le deuxième, il devient fou.

Ismaël prend le dessus et m'embrasse le cou, puis tout le visage. D'un geste affirmé, il s'allonge sur moi et commence à donner des impulsions par sa couche contre la mienne. Nos deux changes s'entrechoquent et la sensation est exquise. À peine mouillés, nos couches sont tout juste assez épaisses pour envelopper nos sexes de leur ouate humide. Je continue de caresser le corps d'Ismaël pendant qu'il dirige ses manœuvres du bassin. Essoufflés, nous finissons par nous répandre dans une vague de plaisir que je n'imaginais pas pouvoir être si intense. Un peu de sa semence s'échappe de sa couche et atterrit sur mon ventre. Il l'efface en donnant un coup de langue puis en m'embrassant pour la partager langoureusement. Nous perdons presque connaissance et nous endormons l'un contre l'autre dans mon lit. 

Accidents : Débuts à l'universitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant