13 - La Voie du Dieu libre

219 11 1
                                    

''On y est'', Alina ne pensait qu'à ça alors qu'elle était enfermée dans le coffre d'un véhicule. Certes le coup sûr la tête n'était pas prévu, en revanche, être emmenée au camp de l'organisation terroriste l'était. Encore fallait-il qu'elle arrive à destination...
La route était cabossée, Alina se retrouva projetée à plusieurs reprises contre les parois et se cogna la tête. ''Hé, tu as eu ton permis dans un Kinder Surprise?'', ne put-elle s'empêcher de hurler. Elle ne pouvait pas se retenir avec les mains, ses poignets étant liés dans son dos, ce qui faisait qu'à chaque nid de poule, un hématome ou une bosse risquait de faire son apparition.
La voiture ne mit pas longtemps à s'arrêter, au grand soulagement de la jeune femme. Elle attendit calmement et tendit l'oreille, les portières s'ouvraient. Soit elle était au camp, soit elle allait finir dans un fossé.
Le lumière du soleil l'éblouit quelques instants, avant que deux paires de bras vinrent la sortir du coffre. Elle se retrouva rapidement à genoux dans le sable, deux mains sur les épaules pour l'immobiliser. Elle releva la tête en grimaçant et fit face à l'homme de la ruelle, Salim.
- Nous allons avoir le temps pour faire connaissance, l'informa-t-il.

Alina lâcha un léger soupir, soulagée de ne pas être exécutée tout de suite, mais peu enthousiaste à l'idée de ce qui allait suivre.
L'homme ordonna à ses hommes de la fouiller des pieds à la tête. La jeune femme tenta de reculer, en vain. Aucun des deux soldats ne trouva la carte SD dans la poche de son pantalon, ce qui était une chance pour elle. Même si elle ne doutait pas qu'Ahmed parvienne à remettre les photos à Tony.
Un des soldats coupa les liens de la jeune fille, à sa grande surprise. Elle tenta de se relever, mais une balayette la fit chuter sur le dos. Le sable amortit le choc, ce qui ne l'empêcha pas de lâcher un juron. Elle était prête à riposter lorsqu'un canon de Kalash se pointa devant son nez.
- Change-toi, lâcha un des soldats en lui balançant un pantalon de treillis beige et un T-shirt de la même couleur trop grand pour elle.
- Pourquoi ça ?
- C'est nous qui posons les questions.

L'homme la frappa derrière la tête pour lui indiquer de s'activer, ce qu'elle fit sans ajouter un mot. Sans se faire prendre, elle parvint malgré tout à récupérer la carte SD pour la passer d'un pantalon à l'autre avant de l'enfiler. Salim ne la quittait pas du regard, avait-il remarqué quelque chose ?
- Et maintenant ?

Alina changée, elle fit face à Salim, étant de la même taille. L'homme ne se démonta pas et lui sourit.
- On va à la maison, lâcha-t-il.

Deux hommes encadrèrent Alina le temps qu'elle monte en voiture. Un homme armé de chaque côté, les canons pointés sur ses côtes. Elle put admirer le désert, jusqu'à ce qu'un sac en tissu ne lui recouvre la tête. Ils roulèrent un bon moment avant que les véhicules ne s'immobilisent à nouveau. On lui enleva le sac et elle descendit calmement de la voiture.
Elle regarda autour d'elle et comprit qu'elle s'était fourvoyé en imaginant que le groupe se dissimulait dans le désert. Elle se trouvait actuellement dans un parking souterrain, et vu le genre et le nombre de voitures, il s'agissait sûrement d'un parking résidentiel. Salim devina également ce à quoi elle pensait, il lâcha son plus beau sourire et lui fit signe d'avancer.
Était-elle de retour à Kaboul ou avaient-ils atteint une autre ville ?

                           **

Tony grogna en décrochant le combiné de la chambre. Mais lorsque le standardiste de l'hôtel l'informa qu'un homme demandait à le voir, il se redressa rapidement. Il enfila jean et t-shirt puis descendit sans attendre. Il fit alors la connaissance d'Ahmed.
- Tony ?
- Et vous êtes ?
- Ahmed, un ami d'Alina.
- Où est elle?
- Dans les ennuis, j'en ai bien peur.

Ahmed expliqua rapidement ce qui s'était passé entre Alina et Salim. Le fait qu'il lui ai tendu une embuscade, mais qu'elle s'en doutait. Il tendit la carte SD de son appareil.
- Ce sont les photos de Salim. Le chef de l'organisation qu'elle suit.
- Ceux qui ont commis l'attaque contre le convoi de sécurité de sa mère ?
- Je ne connais pas les détails. Elle m'a juste demandé de la suivre et de prendre un max de photos. Mais ils sont partis en voiture, et je n'ai pas pu les suivre.

Tony passa sa main dans les cheveux, il récupéra la carte tendue par Ahmed et l'invita à prendre un café alors que Kate et Guibbs les rejoignaient. Rapidement mis au courant, les deux agents n'étaient pas rassurés sur le sort réservé à Alina, mais Ahmed leur fit comprendr l'inverse.
- Salim ne compte pas se débarrasser d'elle tout de suite. Alina est connue ici. Que ce soit des services de renseignements ou des terroristes ou criminels. Elle a fait tomber pas mal de rebelles en piratant ce qu'il fallait, légalement ou non. Ce qui fait qu'elle a eu accès à énormément d'informations que tout le monde souhaiterait avoir.
- Il va la torturer pour les obtenir, comprit Tony.
- Elle préfèrera mourir que parler, c'est bien là mon inquiétude. Si Alina a perdu sa mère, elle n'aura peur de rien.
- On doit la retrouver. Où se trouve le siège de cette organisation, la Voie du Dieu libre ?
- Personne ne l'a jamais su, ils sont toujours restés suffisamment discrets pour passer sous les radars.
- On va bien voir.

Guibbs décrocha son téléphone et attendit qu'Abby décroche. Il était temps d'employer toute leur ressource pour mettre fin à cette chasse à l'homme, ou femme en l'occurrence. Alina avait déjà pris bien trop de risques et était remontée sur les auteurs de l'assassinat de sa mère, avant même les agences gouvernementales américaines, ce qui était surprenant. Mais ce n'était pas à elle de faire le sale boulot, elle avait encore toute sa vie devant elle, et venait de se mettre une cible dans le dos. Toutes les agences allaient vouloir lui tomber dessus maintenant...

                               **

Abby comprit l'urgence de la situation. Elle ne connaissait pas Alina, mais elle sentait que cette jeune femme était perdue depuis la mort de sa mère. Elle devait l'aider à reprendre pieds et surtout à ne pas mourrir. Guibbs lui demandait de la retrouver, alors elle allait le faire, par n'importe quel moyen. Le tout premier ? Les vidéosurveillances de la ville de Kaboul, afin de suivre leur déplacement. Bien entendu, la légalité n'allait pas vraiment être de la partie, car les autorités locales étaient déjà dessus et ne laisseraient pas les américains y mettre leur nez.

RECHERCHÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant