Prologue

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Le Père Noël est assis sur son trône. Il est beau, grand et imposant, avec sa barbe blanche. Il me ferait presque un peu peur, mais maman me tient la main. Et avec maman je me sens rassurée. Papa est également là, dans son beau costume et il parle avec le Père Noël. Il en a de la chance. Mais maman m'a dit que j'allais pouvoir lui parler également. J'ai six ans. Je sais que c'est papa et maman qui m'offrent les cadeaux, mais je dois faire semblant pour mon petit frère. Je lève les yeux vers maman qui me serre la main. Elle m'offre un sourire, qu'elle veut rassurant, mais je sais qu'elle ne va pas très bien.

— C'est ton tour ma chérie, je t'attends sur le fauteuil juste là.

J'acquiesce en la regardant aller s'asseoir. Maman est fatiguée. Maman est malade. Elle ne veut pas que je m'inquiète, mais je le sais. Je l'entends parler avec papa le soir. Le Père Noël m'appelle.

— Bonjour princesse. As-tu été sage cette année ?

— Euh oui ! dis-je en souriant.

— Alors dans ce cas, que veux-tu pour Noël ?

— J'aimerais que ma maman ne soit plus malade... Et j'aimerais bien une malette de docteur.

Il me sourit en passant sa main sur ma tête, mais je vois dans son regard qu'il ne pourra pas réaliser mon souhait. J'aimerais être docteur pour soigner maman, mais je suis encore trop petite, maman ne tiendra pas. Je prends le sucre d'orge qu'il me tend et retourne rapidement voir papa et maman.

***

Maman ne va pas bien du tout. Elle est allongée dans son lit depuis deux jours. Elle est blanche, elle a froid et elle ne parle plus beaucoup. Papa reste près d'elle et Derek s'occupe de nous. Je n'ai pas beaucoup le droit de voir maman. Je suis assise sur les escaliers juste devant sa chambre et le médecin en sort avec papa. Ils parlent tout bas. Je veux voir maman. Elle me manque. Ce soir c'est le réveillon de Noël, je veux qu'elle voit ma belle robe et qu'elle coiffe mes cheveux comme d'habitude. Papa revient me voir après avoir raccompagné le médecin et s'accroupît devant moi. Papa aussi est fatigué, des tâches noires sont apparues sous ses yeux.

— Elisabeth, ne reste pas là, maman a besoin de repos.

— Je veux voir maman. Je suis grande maintenant.

— Je sais ma princesse. Mais maman ne va pas très bien, elle n'a pas de force pour te parler.

— Je veux lui faire un bisou... S'il te plaît.

Les larmes me montent aux yeux. Maman n'aimerait pas. Elle m'a appris à contrôler mes larmes. Mon père cède enfin et me prend par la main.

La chambre est dans le noir. Maman est allongée, ses cheveux étendus sur son oreiller. Une poche d'eau est près de son lit et reliée à son bras. Je pose ma main sur la sienne. Elle est très froide. Papa me porte et je dépose un bisou sur sa joue. Elle ne bouge pas, elle ne me parle pas, elle ne me regarde pas. Je n'entendrais plus le son de sa jolie voix.

C'est la dernière fois que je verrais maman. Elle partira rejoindre les anges la veille de Noël.

Je suis fixée sur son portrait depuis un long moment. Les souvenirs m'envahissent toujours quand je croise son regard. Le chagrin ne m'envahit plus. Il a forgé une muraille autour de mon cœur depuis 23 ans et elle ne fait que s'intensifier au fur et à mesure du temps qui passe : mon père nous a quitté il y a deux ans. Il n'a jamais surmonté le chagrin d'avoir perdu ma mère, et désormais ils sont réunis pour la vie.

— Maman !

La lumière de ma triste existence court vers moi  : ma fille Alva. Elle ressemble tant à ma mère. Elle a hérité de ses magnifiques yeux vert.

— Ton cours s'est bien passé ?

— Oui maman. J'ai appris à compter deux par deux aujourd'hui.

Elle me montre sa prouesse tandis que nous allons dans la salle à manger pour prendre son goûter. Je l'observe qui déguste son verre de lait et ses gâteaux. L'innocence de son regard me fait penser que j'en ai jamais vraiment eu. Ma mère m'avait préparé à tout ça. Je l'ai toujours connu malade d'autant que je m'en souvienne. Elle savait qu'elle ne guérirait pas de son cancer, elle savait que j'allais devoir me débrouiller sans elle, et que j'allais souffrir. J'aurais dû faire pareil avec Alva. Si demain il m'arrive quelque chose, elle est seule au monde, sans aucune famille. Son père nous a quitté peu après sa naissance, dans un tragique accident. Elle ne l'a jamais connu et n'a eu aucune figure paternelle à part sa nounou, qui est un homme et l'unique en qui j'ai confiance, car il m'a également élevé : Derek.

Lorsque je la regarde, j'aimerais ne plus être dans cette réalité, où j'ai dû arrêter mes études et me retrouver à devoir prendre la place de mon père et devenir la Reine d'Aldovie.

🎄🎄🎄  

Il était une fois à LeavenworthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant