Il était une fois à Leavenworth

Chapitre 5 - 5 décembre 2022

Point de vue Jake

Il est 6h30 lorsque je termine d'installer la salle pour le petit déjeuner avec ma mère. Mon père est parti de bonne heure nourrir les animaux, avant de revenir l'aider. Et moi je dois ouvrir le café dans une demi-heure.

— C'est bon mon chéri, tu peux me laisser.

— Tu es sûr ? J'ai encore un peu de temps.

— Oui oui. Tu reviens pour l'activité de cet après-midi ?

— Allez couper le sapin de Noël, pour rien au monde je ne louperais ça ! À tout à l'heure maman.

Je l'embrasse avant de mettre mon bonnet sur la tête et de partir ouvrir mon café. À sept heures pile, les habitués arrivent et s'installent. Le tintement de la porte me fait lever la tête et la mère de la petite Alva passe la porte. Je vois dans son regard qu'elle n'est pas spécialement heureuse de me voir, mais comme je suis le seul café, elle n'a pas vraiment le choix.

— Bonjour. Un café noir ?

— Oui. S'il vous plaît.

Je lui prépare et viens lui déposer. Je l'observe un quart de seconde : elle est si froide. Elle adopte toujours cette posture un peu hautaine et malgré qu'elle soit une femme sublime, ça gâche tout. Elle me tend un billet de dix dollars et me dit de garder la monnaie avant d'aller s'installer. Sacré monnaie dis donc. Je mets le surplus dans le pot à tips et sers le client suivant.

Tout en débarrassant les tables, je l'observe du coin de l'œil. Aujourd'hui elle a mis ses écouteurs, je suis persuadé que la musique de Noël l'agace. Elle tapote frénétiquement sur sa tablette. Elle doit être l'une de ces chefs d'entreprise, mal-aimable avec son personnel, dirigeante et arrogante. Je le sens bien. Le peu de mots qu'elle adresse aux gens le prouve. Je pars débarrasser le café qu'elle a terminé.

— Vous souhaitez autre chose ?

Malgré ses écouteurs, elle m'entend et lève les yeux vers moi puis regarde sa montre.

— Non merci, je vais devoir y aller.

— Votre fille aimerait un cookie frais pour ce matin ?

— Non merci. Ça fait un peu trop de sucre dès le matin.

— Très bien. À plus tard.

Je retourne au balcon et elle s'en va très rapidement. Sa fille et son mari doivent l'attendre.

À treize heures, je quitte le café pour rentrer chez mes parents me préparer. Mon père est déjà prêt pour aller couper le sapin. Ce que j'aime cette journée. Nous allons couper trois sapins : un pour la maison, un pour le café et un pour l'auberge. Et demain c'est mission décoration. Noël a toujours été une tradition dans ma famille. Nous nous réunissons tous avec mon frère et ma sœur et mes deux neveux, ainsi que le mari de ma sœur, mon frère étant divorcé. Et les préparatifs sont aussi amusants que le réveillon en lui-même. L'auberge appartenait à mes arrières-grands-parents et elle passe de génération en génération. J'ai toujours été destiné à reprendre l'affaire familiale et ça ne m'a jamais dérangé, mais en attendant je tiens mon propre café et ça marche plutôt bien. Notre village est reconnu dans le pays, et les gens du monde entier viennent exprès pour se mettre dans l'ambiance de Noël tout au long de l'année.

Mon père rejoint ma mère et moi je me rends directement à l'enclos des sapins pour préparer le matériel. Ils arrivent un peu plus tard et mon père commence son petit monologue sur la réserve familiale. La petite Alva me remarque et me fait un grand sourire en me faisant coucou. Je lui rends son coucou et je remarque que sa mère n'est pas là. Ils suivent mes parents et je ferme la marche. Alva vient me parler directement.