Chapitre 9 - 9 décembre 2022

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Cet après-midi, je suis parti faire un peu de shopping pendant qu'Alva fait la sieste. Ça a été difficile de la convaincre de se reposer en vue de la veillée de ce soir. Je déambule dans la petite ruelle de boutiques toutes décorées. Elisabeth, un effort. C'est vrai que c'est beau et agréable comme ambiance. Un chapeau de Noël ferait plaisir à Alva, j'en suis certaine... Je rentre dans une boutique et en choisi un qui s'illumine. Je prends également des sablés de Noël avant de sortir. Je bouscule quelqu'un en sortant.

— Oh pardon excusez-moi.

— Vous ne regardez jamais où vous aller ? Noël vous fait finalement tourner la tête ?

Jake me sourit en me retenant, et fini par me lâcher au bout de quelques secondes. La ville est si petite pour toujours tomber sur lui ?

— J'ai l'impression de vous voir partout, c'est normal ? Dis-je en remettant mon sac sur mon épaule.

— C'est vrai que je me balade beaucoup, mais ce n'est pas très grand ici donc vous voyez toujours les mêmes personnes. Vous faites des achats de Noël ?

— J'ai pris un chapeau à Alva comme le v... Vous n'avez pas votre chapeau ?

Je le scrute. En effet. Son regard me happe le temps d'un instant et me couperait presque la respiration. Mais je sais me contrôler. Ses cheveux sont d'un châtain clair très beau. Il poursuit.

— Certains rendez-vous m'empêchent de le porter, même si je trouve ça discriminatoire, dit-il en souriant.

Je lève les yeux au ciel avant de sourire. Il porte une chemise blanche sous sa doudoune, un rendez-vous galant peut-être ? Je sors de mes pensées et lui souhaite un bon après-midi.

— À ce soir.

J'acquiesce avant de me remettre en chemin. J'aurais bien discuté davantage avec lui, mais j'ignore ce que je pourrais lui dire. Il n'a peut-être même pas envie de faire connaissance, il ne pose jamais de questions.

***

Le bois craquelle dans la cheminée, le feu me réchauffe instantanément lorsque nous arrivons dans le salon. Quelques personnes sont déjà présentes ainsi que Susan, que nous saluons. Une chaise vide trône près de la cheminée avec un livre posé dessus. Je me laisse à observer le sapin et remarque la décoration d'Alva, avec une photo d'elle et Derek dessus. J'ai un petit pincement au cœur, sachant pertinemment que j'aurais pu faire cet effort pour ma fille. Ça va changer. Je suis à une veillée de Noël, qui l'eut cru. Certainement pas moi. Ni même Derek, qui m'a félicité avant de sortir dîner avec son rencard. Susan nous invite à nous installer et nous sert un chocolat chaud. Si nous n'en faisons pas une overdose d'ici la fin du séjour, on a de la chance.

Jake entre et illumine la pièce de sa bonne humeur. Il s'installe sur la chaise tandis qu'Alva lui fait coucou, tout sourire. Il lui rend avec un clin d'œil avant de croiser mon regard très rapidement. Il commence son petit laïus une fois tout le monde installé, et il commence à lire le conte « Casse-Noisette » de Ernst Hoffman. Je câline Alva, blottie dans mes bras tout en l'écoutant raconter l'histoire. C'est vrai qu'il raconte très bien. Il a une voix douce et prenante. Il nous captive dès les premiers mots. Je ne me souviens pas si mon père me lisait des contes de Noël. Peut-être plus Derek, mais je l'ignore. Au bout de longues minutes, je me laisse complètement aller dans ce conte et ne réfléchis plus à autre chose.

Alva s'est endormie avant la fin de l'histoire. Jake mets le point final à son récit et tout le monde le remercie avant de se disperser dans les étages. Je me lève doucement, tentant de ne pas réveiller Alva afin de la prendre dans mes bras.

— Attendez.

Jake m'interrompt et vient m'aider en la prenant dans ses bras.

— Il y a beaucoup de marches.

— Je peux me débrouiller toute seule.

Il lève les yeux au ciel, qui me disent d'accepter son aide. Je ramasse son doudou et le suis jusqu'à notre chambre. Je lui tiens la porte et il va la poser délicatement sur son lit, la recouvrant de la couette. Nous nous croisons dans le cadre de la porte, et sa proximité me trouble étonnement... Je murmure.

— Merci beaucoup...

Il ne me répond que par un regard, mais ne bouge pas. Il n'y a pas plus de vingt centimètres qui nous séparent. Faisant la même taille que lui, je n'ai même pas besoin de lever la tête pour admirer ses magnifiques yeux. Je me sens subitement mal à l'aise et tente de couper le contact...

— Je... Bonne nuit.

— Est-ce que vous accepteriez de sortir avec moi ? Demain.

— Quoi ? Comment ça ?

— J'aimerais vous voir. Plus que deux minutes et demi à mon café.

— Pourquoi ?

Il se retient de rire et sourit. C'est vrai, pourquoi moi ?

— Parce que quand je suis dans la même pièce que vous, j'ai l'impression d'arrêter de respirer. Et que mes bonnes manières me retiennent de vous embrasser.

— Mais... on ne se connait pas Jake.

— Je sais bien. Et pourtant depuis le premier jour je pense à vous.

Il est direct. Cela me déstabilise complètement. Et ce ne sont pas des mots que j'ai souvent entendu. Un rendez-vous avec lui ?

— J'aimerais vous faire découvrir un endroit merveilleux non loin d'ici. Une petite balade pour le coucher du soleil. Vous ne le regretterez pas. Considérez ça comme une excursion si vous préférez.

Je ne sais quoi dire... Je suis encore perdue avec ses mots. Je lui plais. Moi Elisabeth. Et pas moi la Reine d'Aldovie.

Lâche prise Elisabeth.

— D'accord.

Son sourire n'est que plus grand. Il m'informe qu'il passera me chercher en fin d'après-midi avant de sortir de la chambre. Je lâche un long soupir, dont j'ignorais l'existence et m'affale sur mon lit. Derek a raison : il me plait. C'est donc ça ? Ressentir quelque chose d'étrange en sa présence ? Des fourmillements dans le ventre et dans les mains ? Le cœur qui s'accélère à cause de sa proximité ? Mais comment est-ce possible ? Je ne le connais pas. Dans quoi je m'engage ?

Je ne serais plus là dans treize jours et je suis censée être mariée à un autre dans quinze. Vivre une passion le temps d'un hiver, est-ce le bon plan ?

🎄🎄🎄

Il était une fois à LeavenworthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant