Chapitre 7 - 7 décembre 2022

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Il est minuit passé et je ne trouve toujours pas le sommeil. Alva dort déjà depuis un moment, fatiguée de la journée. Et pour ma part, je suis venue prendre l'air dans le jardin. Il fait froid, mais ça me fait du bien. Je me ressasse cet après-midi depuis de longues minutes. Est-ce que Jake me fait de l'effet ? Oui il m'exaspère. Et si Derek avait raison ? Non je ne peux pas le croire. Comment le saurais-je ? J'ai eu des copains au lycée, mais rien de plus. Mes deux relations « sérieuses » ont été arrangées et sans aucun amour. Je ne suis jamais tombée amoureuse en réalité. C'est triste. 

Je resserre mon gros gilet sur moi, je ne pensais pas qu'il ferait si froid. Je me retourne pour rentrer, et le Père Noël est là dans la pénombre, et me fait sursauter.

— Vous m'avez fait peur !

— Désolé. Que faites-vous ici si tard ?

— Je prends l'air. Et vous alors ?

— C'est ma pause là.

Il sourit en venant s'asseoir sur le pouf dans le jardin. Je m'apprête à partir, mais je me retourne vers lui.

— Votre bonnet est greffé sur votre tête ?

Il rit franchement. Bah quoi ? C'est une vraie question.

— Peut-être bien.

— Faut laisser respirer vos cheveux.

— J'y penserais.

Il sourit en décapsulant sa bière et boit une gorgée. Je n'ai aucune envie d'aller me coucher, je resterais bien là. Mais il a l'air de vouloir être seul aussi. Il a raison, je suis pareille.

— Vous n'êtes pas obligée de partir, il y a assez d'espace pour nous deux.

Il me montre l'autre pouf et je cède. Je m'y installe, un peu avachie, pas très glamour pour une reine. Il sort un plaid du coffre à ses côtés et me le tend. Je le remercie en me couvrant les jambes.

Le silence de la nuit s'installe entre nous, et c'est trop lourd alors je décide de parler la première.

— Pourquoi vous aimez tant Noël ?

— Et vous pourquoi vous n'aimez pas ?

— J'ai posé la question la première, dis-je en levant les yeux au ciel.

— Comment ne pas aimer ? De la joie se dégage de cette période, tout le monde s'entraide, il y a de la bonne musique et j'en passe. Je ne me suis jamais posé la question d'aimer.

J'acquiesce en le regardant. Je peux comprendre qu'on aime cette période. Ses yeux brillent quand il en parle, c'est dingue.

— Et vous alors ?

— C'est privé.

— Rho ! Je vous montre mes cheveux si vous me le dites.

Je ne peux m'empêcher de rire en secouant la tête. Quel chantage. Après tout je peux lui donner une des raisons, ça le fera taire sur le sujet peut-être.

— Ok ! Allez-y.

— Vous d'abord, j'ai pas confiance !

Je souris en me blottissant davantage dans le plaid, et je lâche un soupir.

— Ma mère est décédée le soir du réveillon de Noël.

— Ah... Je suis désolé.

Je hausse les épaules en frottant mes bras. Si seulement il savait que ce n'était qu'une partie.

— Bon allez je vous montre ma calvitie.

Il sourit en retirant son bonnet, laissant apparaître de beaux cheveux bruns. Il a des airs à la Chris Evans vu d'ici. Plutôt mignon.

— Mais j'ai froid à la tête, dit-il en remettant son chapeau.

J'aurais envie de lui dire qu'il est plus beau sans, mais ce serait déplacé. Et que j'aurais bien voulu l'observer à la lumière du jour. Un silence s'installe à nouveau. Il boit une gorgée de sa bière avant de me parler.

— Je suis sûr que votre maman aimerait vous voir fêter Noël avec votre fille.

— Comment pouvez-vous le savoir ? Dis-je en soupirant.

— Quelle mère ne voudrait pas voir ses enfants heureux ? Vous seriez malheureuse, si la votre l'était.

— Bien sûr...

Il a raison. Je le sais au plus profond de moi. N'ayant jamais été confronté aux fêtes de Noël à nouveau, j'ignorais ce que perdait ma fille.

— Votre fille a des étoiles pleins les yeux. Elle découvre des choses, elle apprend, et désolé de vous dire ça, mais vous êtes en train de tout rater. Vous avez le droit de ne pas aimer Noël, mais laissez une chance à votre fille de choisir d'elle-même.

Ma poitrine se serre et je sais que tout au fond de moi, il a raison. Je le déteste d'avoir raison, mais à ce moment je me déteste davantage. Je me lève sans un mot et m'apprête à rentrer.

— Elisabeth. Je ne dis pas ça pour vous vexer. Je ne suis personne pour vous dire quoi faire, mais de l'extérieur je le vois bien.

Je rentre sans lui répondre et monte dans ma chambre. Je m'allonge sur le lit sans me changer.

🎄🎄🎄

Il était une fois à LeavenworthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant