Texte 10 : Tomber

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Les pensées tourbillonnent dans mon cerveau,
Je ne m'entend plus penser,
Le stress m'envahit.
Respire,
Respire.
Réfléchis calmement,
Ne panique pas,
Controle toi.
Respire,
Respire.
Essaie de séparer tes pensées,
Fair stopper le brouhaha dans ta tête,
Ferme les yeux.
Respire,
Respire.
Tout va bien se passer,
Controle tes doutes,
Ralentis les battements de ton cœur.
Respire,
Respire.
Ca va aller,
Tu peux le faire,
Non je ne peux pas.
Respire.
Respire.

Mais non je ne peux pas.
Respiration saccadé,
Tourbillon de pensées incontrôlée,
Mes mains viennent trouver mes lèvres,
Et enlèvent la peau qui les recouvrent.
Ma langue passe sur ma bouche,
Le goût de sang l'envahit.
Mes lèvres me brulent et piquent,
Le sang sèche sur les coins de mes lèvres.

J'ai du mal à déglutir,
Mes yeux s'embuent,
Une douleur vive me transperce,
Lorsque j'enfonce mes dents dans les plaies encore vive,
Pour que les larmes ne dégoulinent.

Ma main frotte machinalement cette mèche de cheveux,
Venant perpétuer mon éternel épis.

Mais pourquoi ? Pourquoi chaque jour depuis 2 ans tout ces tics se répètent ? Pourquoi ?

Pourquoi ?
Parce que j'ai les larmes aux yeux,
Parce que j'ai du mal à déglutir,
Parce que je tremble,
Parce que je respire difficilement,
Parce que j'ai cette boule au ventre,

Parce que je me fais ronger par le stress.

Mais pourquoi ?
Parce que je les entends.
Leur voix,
Leur mots,
Leur injures.
Parce que je les vois.
Leur tête,
Leur sourire,
Leur coups,
Parce que j'ai peur.
Non, parce que je suis terrifiée.

Non, parce que je suis traumatisée.

Pourquoi ?
Parce que maintenant les mots que j'entends à la volée me prennent d'assaut et me font mal.
Parce que même si ils ne s'adressent pas à moi, ils font ressortir leur insultes .
Parce que chaque mot redéclenche l'avalanche dans ma tête.

Parce que j'ai peur.

Pourquoi ?
Parce que j'ai peur quand je traverse ce parc toute seule.
Parce que j'ai peur quand je suis toute seule.
Parce que j'ai peur qu'ils soient là, à m'attendre.
Parce que j'ai peur même si je sais que c'est fini.
Parce que j'ai peur car pour moi ils sont encore là, dans ma tête.
Parce que j'ai peur de moi,
Parce que j'ai peur de comment ils me décrivaient.

Pourquoi ?
Parce que je suis juste :
Trop faible,
Trop fragile,
Trop émotive,
Trop bizarre,
Trop différente,
Trop mauvaise,
Trop immonde,
Je suis juste de trop.

Et je suis terrifiée.

Pourquoi ?
Parce que j'ai peur.
Parce que j'ai encore leur mots dans ma tête.
Parce que je n'ai pas le droit.
Parce que je ne devrais pas.
Parce que je ne m'aime pas.

Je me déteste.

Pourquoi ?
Parce que je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas être celle qu'ils décrivaient.
Je peux pas croiser d'autres personnes comme eux.
Parce que je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas.
Je n'ai pas le droit.
Il ne faut pas.

Je me dégoûte.

Pourquoi ?
Parce que j'aime les filles.

Ça fait déjà 2 ans.
J'ai rencontré de super personnes qui m'ont prouvé le contraire. Que j'avais le droit. Que je pouvais. Et je sais qu'elles ont raison. Et pourtant. Pourtant je pense encore le contraire. Parce que c'est le premier avis que j'ai entendu. Parce que le négatif reste ancré. Parce que les mots laissent des traces.
Pourtant rien n'est perdu. J'ai toujours su que j'aimais les filles. Pourtant, à cause d'eux, j'ai dit que j'aimais les garçons. Puis les filles et les garçons. Pourquoi ? Parce que je ne voulais pas être celle qu'ils décrivaient, elle me faisait peur. Mais maintenant, je dis que j'aime les filles. Parce que j'ai compris, j'ai compris que les mots mentent, j'ai appris à oublier. Et aujourd'hui je peux le dire. Je ne dis pas que j'en suis fière. Je ne dis pas que je ne pense plus à eux. Jr ne dis pas que c'est facile. Je dis que rien n'est perdu. Les plaies se sont refermées. Mais les cicatrices n'ont pas encore guérit. Ça prendra le temps qu'il faudra, mais ça se fera.

Les mots restent ancrés. Ils ne partent pas. Ils nous transforment. Ils nous font nous dégoûter. Ils nous convainquent. Ils nous terrifient. Ils nous rentrent dans le crâne.
Ils nous font mal.
Ils ne sont pas éphémères.
Les mots, souvent on finit par les croire. Parce qu'on pense qu'ils ont raison. Qu'on est mauvais.
Et si ils avaient tort ?
Si eux étaient mauvais, mais pas le contraire ?
Ils ont tort.
Tu es superbe, comme toi et toi aussi.
Ne les laisse pas te dire le contraire.
Tu mérites d'être heureux, tu mérites d'être toi, tu mérites de vivre.

Jeudi 10 Novembre, journée nationale contre le harcèlement. Portez du bleu.

Pages noiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant