This Unforgettable Night

Chapitre 3 - Caleb

Je m'attends à ce qu'elle devienne rouge pivoine mais non. Elle me lance juste le même regard meurtrier que tout à l'heure. Cette fille est vraiment chelou.

‒ Qu'est-ce que tu fais là ? Me demande-t-elle prudemment.

‒ A ton avis ? Voir si mon sweat est toujours en bon état. Je m'assoie sur la même marche qu'elle, mais garde mes distances.

‒ Tu insinues quoi au juste ?

‒ Bah je sais pas trop. Tu étais en train de le sniffer quand je suis arrivé, alors qui sait ce que tu peux faire d'autre avec ? Dis-je en me moquant.

‒ Je ne suis pas sale. Et je n'étais pas en train de le sniffer. Enfin si. Mais juste pour vérifier qu'il ne puait pas la transpi d'homme.

‒ Et en une heure tu n'as pas déjà eu le temps de vérifier. 

Elle ne dit rien. Je me marre et regarde le mur face à moi.

‒ Tu veux que je te le rende maintenant ?

‒ Nan t'inquiètes. Tu me le rendra quand tu rentreras chez toi. T'as pas mal aux fesses assise comme ça depuis une heure ?

‒ Nan, elles sont très musclées. Rien ne me fait mal. 

Je la sens se raidir vivement. Elle ne pensait très certainement pas dire ça à voix haute.

‒ Je te crois, dis-je en riant. Tu lis quoi ?

Elle plisse les yeux et me dévisage sans aucune gène. Ok. Elle n'a pas du tout confiance en moi. En même temps on ne se connaît pas, alors c'est normal.

‒ Du calme. Je suis là pour te draguer. Je voulais juste vérifier que tout allait bien. Si tu veux que je m'en aille, tu me le dis.

‒ Nan c'est bon. Je lis «A Fate of Wrath & Flame».

‒ Et en français ça donne quoi ?

‒ Littéralement, «Un destin de colère et de flamme».

‒ Ça parle de quoi ?

‒ De magie. De créatures féeriques, de monstres. C'est l'histoire de Romeria, jeune new-yorkaise qui du jour au lendemain se réveille dans le corps de la princesse Romeria. Elle est dans un monde parallèle, ou New York n'existe pas mais laisse place à des royaumes de créatures magiques et sanguinaires. Elle est menacée de mort pour avoir soit disant tué les parents de son futur époux, le roi Zander. Quand elle tente d'expliquer qu'elle est humaine et donc pas la Romeria que tout le monde connaît, personne ne la croit. Ils en concluent qu'elle est amnésique. Zander la déteste mais a besoin d'elle pour comprendre pourquoi elle a fait ça et retrouver ses complices.

‒ Oh stylé. Ça a l'air chouette.

‒ Chouette ? Répète-t-elle souriante.

‒ Bah quoi ?

‒ Rien. Je ne pensais pas que tu étais du genre à dire «chouette».

‒ Et je suis plutôt du genre à dire quoi à ton avis ?

‒ Wesh ma gueule, bien ou bien ? Dit-elle en prenant une grosse voix.

J'explose de rire après cette imitation foireuse et qui plus est ne me ressemble pas du tout.

‒ On ne vous a jamais dit que l'habit ne faisait pas le moine, madame ?

Elle sourit, et se remet à fixer le mur. Je l'observe de plus près. Son nez est droit, elle a quelques grains de beauté sur le visage et sur le coup. Ses cheveux auburn plutôt foncés descendent en une cascade boucle jusqu'au bas de son dos. Ses traits de visage son fermés. Impossible de savoir à quoi elle pense ni comment elle se sent, contrairement à tout à l'heure. Je me demande quel âge elle a. Et bien que je lui ai dit l'inverse, j'ai envie de savoir ce qui l'a mise dans cet état. Elle avait l'air tellement apeurée. Je m'approche rarement des filles. Non pas que je ne sois pas attirées par elle, mais tout simplement parce que je n'en ressens pas le besoin. Je suis bien dans mon coin, avec mes potes. Mais quand j'ai vu son teint pâlir d'un coup, et ses bras rougis par la force de ses mains, je dois avouer qu'elle m'a flipper. Son regard avait l'air vide, comme si elle n'était psychiquement plus avec moi. Quand elle s'est mise à rire puis à pleurer, j'ai senti des frissons parcourir ma nuque. Je me suis rappelé cet horrible évènement il y a sept ans de ça. J'ai eu le froid dans le dos. Je ne pouvais pas la laisser seule dans cet état. C'est vrai que son comportement m'a un peu soûlé. Je voulais juste l'aider, et elle m'a rembarré comme elle l'aurait probablement fait avec un vieux pervers relou. Mais je ne lui en veux pas. Je sais bien que les femmes doivent se méfier en permanence, bien plus que nous les hommes. J'entends soudain un petit raclement de gorge. Merde, elle a senti que je la fixais.