Prologue

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Début du mois de novembre

Le crépitement du beurre fondu est mon son préféré et l'odeur qui s'en échappe me donne l'eau à la bouche. Je pourrais manger ce plat tous les jours, surtout si c'est elle qui le prépare. Elle. La seule femme de ma vie, celle pour qui je serais prête à faire n'importe quoi. Mamie. Elle est occupée à préparer mon plat favori : escalope de dinde à la crème accompagnée de riz.

Quand je parle de la crème, je parle de la bonne crème fraîche qui n'est jamais dosée avec modération chez nous. Alors oui, c'est calorique, c'est gras et sûrement très mauvais pour la santé, mais je ne mangerais une autre escalope à la crème pour rien au monde.

Assise sur une chaise, ma tête posée sur mes bras, je regarde faire ce petit bout de femme, du haut de ses un mètre cinquante, qui, pour moi, est ma seule raison de vivre.

Sans un mot, je me lève et me dirige vers le placard pour prendre deux assiettes, deux paires de couverts et deux verres. Je les pose sur un plateau et pars les disposer sur la table à manger du salon.

Je mets le couvert et pars dans la cuisine prendre les dessous de plat que j'ai oubliés, je les passe sous mon bras et attrape la poêle dans une main et la casserole de riz dans l'autre.

Nous sommes synchronisées et sans même nous parler nous arrivons à nous coordonner parfaitement. Je lève légèrement mon bras, elle prend les deux dessous de plat avant de les mettre sur la table et j'y pose les deux gamelles.

Elle allume la télé pour mettre une émission de télé-réalité à la con et je souris déjà. Nous mangeons tout en répondant aux questions qui défilent. Je passe plus de temps à me moquer d'elle qu'à regarder la télé et elle me réprimande en me donnant des coups de serviette. Je dissimule mon sourire parce que je sais que si elle l'aperçoit, j'aurais droit à une double rations de coups.

Quand elle n'a pas la bonne réponse, elle soupire et marmonne je ne sais trop quoi et elle me sourit quand elle répond correctement.

-Un an que l'on vit ensemble et tu regardes toujours cette merde ! Finis-je par dire en soupirant et en sauçant mon assiette avec du pain.

-Max !

Mes lèvres s'étirent, car je sais qu'elle n'aime pas quand je jure sous son toit.

Alors, tandis qu'elle me frappe de nouveau, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire devant sa petite mine contrariée.

🌙🌙

19 novembre

Ma grand-mère a débarqué dans ma chambre à huit heures du matin, me répétant qu'elle était debout depuis six heures, qu'elle voulait attendre mon réveil, mais que ne pouvant plus patienter, a décidé de venir me réveiller elle-même. Six ou huit heures qu'importe c'est bien trop tôt pour moi.

Mais je lui ai tout pardonné dès la seconde où j'ai vu ce qu'elle a apporté avec elle.

Deux assiettes de pancakes, posées sur un plateau. Elle sait que je ne la laisserai jamais toucher aux miens alors elle s'est faite sa propre assiette. Je souris quand je constate qu'elle n'a pas oublié les accompagnements : du beurre de cacahuète, du Benco pour moi et de la confiture à la cerise pour elle.

Elle me tend une tasse fumante, et je devine rien qu'à l'odeur qu'elle m'a préparée ma boisson préférée, c'est à dire un café noisette double dose avec deux sucres.

-À tes dix-neuf ans Max, je t'aime très fort, tu le sais ça ?

Je pose ma tasse et lui retire la sienne pour la poser à son tour puis je prends ma grand-mère dans mes bras pour lui signifier que c'est réciproque.

Affarione, Tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant