Chapitre IX.

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Cela faisait plusieurs semaines que la petite créature, que nous avions suivi plus tôt, s'était échappée de son tragique destin et avait trouvé refuge sur le toit d'un certain bâtiment aux briques rouges. Plusieurs semaines qu'elle observait discrètement les allées et venues d'une troupe d'animaux, passant par la porte d'entrée du bâtiment. Parmi la troupe se trouvait un cochon, très peu commun en cet environnement, mais la vision de cet animal bien portant faisait saliver la petite créature ailée. Pour autant, cela semblait assez risqué de s'attaquer à lui avec le reste des animaux puis de la commotion, le risque également que des humains interviennent pour l'empêcher d'arriver à sa fin.

Des humains. Ce simple terme fit frissonner la créature. Elle avait déjà eu une très mauvaise expérience avec eux et elle ne pouvait s'empêcher d'avoir des ressentiments quant à cette espèce précisément. Pourquoi voulaient ils se servir d'elle alors qu'elle n'avait rien demandé, pourquoi l'avoir délogée de son domicile originel ? Que lui ont ils fait durant le temps où elle était endormie ? Elle pouvait simplement avoir des réflexes de défense et de peur lorsqu'elle était trop proche d'un individu de cette espèce. C'est dire combien de temps cela prendrait avant qu'elle fasse de nouveau confiance à eux ? Peut-être que ça n'arrivera jamais. Ça n'a pas marché la seule fois où elle s'est laissée faire alors pourquoi forcer ? Tel était son destin désormais, se cacher, survivre, se cacher, regarder le monde avancer sous ses petits yeux globuleux, se cacher, se défendre, se cacher...mordre.

Elle fut abruptement ramenée sur terre par le bruit d'une porte qui se claque. Le bruit était proche, très proche, trop proche. De là où se situait la créature, elle ne pouvait voir quelle en était la source. Mais elle pouvait reconnaître des bruits de pas ensuite. C'était un humain ! D'après les pas que cet individu faisait, il semblait être plutôt agité, rustre. Que pouvait il bien faire ici par cette température ?

Enfin, l'individu entra dans la ligne de vision de la créature et elle reconnut qu'il s'agissait d'un mâle, plutôt grand, le crâne dégarni sur l'arrière, la peau assez matte... Elle fut rapidement dérangée de ses pensées par la voix, teintée d'un accent d'Europe de l'Est, de l'humain. Elle ne pouvait comprendre ce qu'il disait, quelque chose en rapport avec "un pari, chercher de l'argent, Arnold doit en avoir dans sa chambre, il dira rien si...emprunt" ? La créature regardait donc cet homme tenter, et réussir, à ouvrir la verrière qui donnait sur cette fameuse chambre citée plus tôt. La petite créature ailée eut une impulsion soudaine, portée par l'idée qu'il ferait certainement meilleur à l'intérieur de cet antre. Elle sortit alors de sa cachette et prit son envol, se dirigeant vers l'homme et l'ouverture qu'il venait de créer. L'humain était en train de descendre dans la pièce, la créature se posa sur la poutre de la verrière et fixa l'intérieur de la pièce, observant ce nouvel environnement et cherchant une nouvelle cachette en attendant. Elle ne put s'empêcher de lâcher des petits cris, remerciements à sa nature animale, et c'est là que l'humain releva le regard et la remarqua.

L'humain poussa alors un cri de terreur et perdit sa balance, tombant sur le lit en dessous de lui. Il n'arrêtait pas d'hurler le mot "une chauve-souris" d'une voix stridente, ce qui fit perdre l'équilibre à la chauve-souris. Ce n'était peut être pas une bonne idée de vouloir se cacher ici finalement... L'homme se précipita pour remonter le long du mur qu'il venait de descendre pour fuir de cet endroit, ce que la créature voulait également mais encore sonnée pour réagir. Elle reprit finalement ses esprits et s'empressa de s'envoler pour vite sortir de là mais sa tête rencontra une surface dure et pourtant transparente. La verrière avait été refermée, elle était coincée à l'intérieur ! Elle pouvait observer l'homme crier des mots incohérents puis s'enfuir vers la porte du toit par laquelle il était venu auparavant, laissant la petite chauve-souris seule dans cet endroit étrange et mystérieux pour elle. Elle finit par se calmer après plusieurs minutes à essayer de sortir de là mais sans grande réussite. La seule option qui lui restait était d'attendre à nouveau, elle se percha la tête en bas sur l'une des poutres de la verrière, à l'opposé de là où elle était rentrée. Elle ferma les yeux et tenta de chercher une autre solution à cette situation, espérant qu'elle pourrait sortir assez rapidement de toute cette bizarrerie.

BRAVE. / BOLD.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant