I-AUTO-STOP : Mauvais présage...

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-Je suis Thomas, et c'est ma femme, Safia.

-Enchanté, siffla-t-elle, elle secoua ses cheveux et son parfum se diffusa dans la voiture. On est mieux à l'intérieur ! Ajouta-t-elle frissonnante.

-Et tu es ? Ester croisa le regard de l'homme dans le rétroviseur.

-Ester, répondit-elle en embrayant, elle passa la première, la voiture démarra.

-C'est vraiment adorable de nous emmener Ester, la remercia Safia, elle se retourna et échangea un regard complice avec son mari.

-Oui merci encore, renchérit-il.

-Pas de quoi.

-Tu as l'air toute jeune, tu as quel âge ? Lui demanda Safia.

-J'ai... euh 23 ans. 24 au mois de septembre.

-Génial pile comme on les aime, grogna Thomas à l'arrière.

-Pardon ? S'interrogea Ester.

-La vingtaine ! C'est les meilleurs années non ?! Ça nous vieilli !

-L'année prochaine nous serons plus proche de la quarantaine que de la trentaine. Expliqua Safia.

-Ah vous avez le même âge ?

-Oui, à quelque chose près, répondit-elle. Et qu'est ce que tu fais ? Dans la vie ?

-Une thèse, en études de genre. Et vous ?

-Thomas est architecte, déclara Safia, moi doctoresse en biologie humaine.

-Je peux te demander ce que tu fais dans ce trou paumé au milieu de la nuit ? Finit par demander l'homme sur la banquette arrière.

-Ah... Soupira Ester, des histoires de famille, vous savez. Ma petite soeur habite à trente bornes vers Ternant.

-Vraiment ? Écoute, ça m'embête de te demander ça mais notre maison de campagne est à Sémelay... Ce n'est pas très loin tu penses pouvoir faire un crochet pour nous déposer ?

-Je connais... Répondit Ester à mi-voix. Elle détourna les yeux de la route un instant pour étudier la femme assise près d'elle. Oui... C'est d'accord.

Un sourire étira lentement les lèvres de Safia.

-Super ! Lança-t-elle. Elle posa sa main sur la cuisse d'Ester qui serra les dents. Tu nous sauves la vie. Après quoi elle se retourna vers son mari à l'arrière. Elle va nous déposer, tu entends ça ?

-Au fait, repris Ester comme pour conjurer le sentiment de malaise qui tentait de s'emparer d'elle. Qu'est ce qui est arrivé à votre voiture ?

-On a percuté une bestiole. Un sanglier je crois. Il s'est enfuit mais notre voiture est restée clouée sur place.

-Oui, ajouta Thomas, pas moyen de la refaire démarrer.

-Vous n'avez pas appelé de dépanneuse ?

-Si, mais ils ne pouvaient envoyer personne avant demain matin.

-Aie... Marmonna Ester.

-Heureusement qu'on est tombé sur toi finalement... Lança Safia d'une voix suave.

-Oui en plus notre convive va s'impatienter.

-Ah un convive ? Vous recevez quelqu'un ?

-Ça fait une petite semaine qu'il est avec nous mais il est fatigué... Il ne tiendra pas la durée.

Ester déglutit difficilement. Elle préféra ne pas poser de question supplémentaire. Dehors, le brouillard ne se levait pas et renforçait encore son impression d'étouffer. Sur le bas côté, elle entraperçut le panneau indiquant Sémelay. Elle serait bientôt débarrassée d'eux.

-Tu es trop difficile avec lui... Soupira Safia après une seconde de réflexion, avec tout ce qu'on lui a fait le pauvre.

-Il... est malade ? Hoqueta Ester la gorge serrée.

-Grand dieu non, seulement un peu amoché, répondit la femme sur le siège passager. C'est à droite, indiqua-t-elle.

Ester avait les mains crispées sur son volant. Quelque chose n'allait pas, elle le savait.

Safia lui indiqua une grande propriété en pierre.

-Là, tu peux te garer dans la cour.

-Non, je ne veux pas traîner, rétorqua Ester, je vais vous déposer ici.

Elle commença à freiner et à se diriger vers le bas côté mais la main épaisse de Thomas sur posa sur son épaule. Elle sursauta.

-C'est ridicule, grogna Thomas, rentre dans la propriété. On habite juste là !

-S'il vous plaît, descendez ici... Supplia Ester. J'ai déjà fait tout ce chemin pour vous.

-Aller ma belle, souffla Safia tout près son l'oreille, elle posa la main sur le volant et le tourna pour prendre la direction de la propriété. Tu peux bien faire quelques mètres de plus.

Sur son épaule, la main de Thomas se serrait comme un étaux.

-Arrêtez ! S'exclama Ester. Je veux que vous descendiez. Maintenant.

Un sourire éclaira le visage de Safia.

-Avance ta putain de voiture, ordonna Thomas.

Ester prît une courte inspiration. Elle n'avait pas eu besoin de réfléchir plus longtemps. D'un geste vif, elle ouvrit la portière et plongea au-dehors. Elle fît quelques pas maladroits sur la chaussée et se redressa. Thomas était déjà là, face à elle.

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