II-NE ME FAIS PAS MAL : Tu es sûre ?

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J'étais attachée, mains liées dans le dos et pieds saucissonnés à la chaise sur laquelle elle m'avait fait assoir. C'est elle qui avait insisté pour que nous nous prêtions à ce jeu, et bien que je ne fusse d'accord, j'avais fini par céder face à son regard sévèrement amoureux.

« -Très bien... Avait-elle sourît, tu es sûre ?

-Je... Je ne sais pas trop.

Finalement, je crois que c'était cette réticence timorée et bafouillante dont elle était tombée amoureuse, enfin amoureuse à sa manière car elle cherchait pourtant sans cesse à me refaçonner à son image. Elle voulait me posséder non pas pour ce que j'étais, mais pour ce en quoi elle pensait pouvoir me transformer.

-Dis-moi si tu changes d'avis... Souffla-t-elle en me faisant tomber une bande de tissus sur les yeux. J'arrive.

Une boule de nervosité germa dans mon ventre et je sentis les battements de mon coeur jusque dans mes joues. Bientôt, un frisson glacial me parcourût la colonne vertébrale pour le réprimer, je me mordît férocement l'intérieur des joues.

-Nel ? Appelais-je en tentant de desserrer les liens qui emprisonnaient mes poignets. Nel reviens je crois que je n'ai plus envie.

Pour dissimuler la panique qui tentait de s'emparer de moi je pris une longue inspiration.

-Nel ? S'il te plaît je ne me sens pas très bien...

J'entendis dans le corridor le bruit sourd d'un objet tombant sur le parquet.

-Nel ? Répétais-je la gorge serrée. Je ne me sens pas bien libère-moi.

Alors que je commençais à frotter ma tête contre mon épaule espérant faire tomber le bandeau qui me privait de mes yeux, sa main glacée me caressa la joue.

-Nel, s'il te plaît, ça ne m'amuse pas, ARRÊTE.

Ses mains s'éloignèrent avant de revenir plus près de mon visage pour plaquer un épais morceau de tissus entre mes lèvres.

Je m'apprêtais à me débattre, à la fois prise d'une colère inouïe pour ce qu'elle osait me faire sans mon consentement et d'une peur profonde qui tétanisait tous mes muscles lorsqu'une voix qui n'était pas la sienne résonna dans la chambre.

-Ça te plaît de la forcer hein Nellie ? Dis-moi que ça te plaît !

On arracha brutalement le bandeau qui me couvrait les yeux. Ils n'étaient pas moins de cinq hommes pour retenir Nellie qui se débattait comme une lionne. Plaquée sur le sol, ils lui relevaient la tête pour la forcer à regarder la femme qui faisait les cents pas autour de moi.

Je voulais appeler à l'aide mais il ne s'échappa de ma bouche que de légères plaintes étouffées.

-Va te faire foutre pesta Nellie en crachant sur les escarpins rouges de la grande blonde.

-Elle est plus belle que moi ? C'est ça ? Plus jeune ? Moins expérimentée ? C'est ça qui t'excites ?

-Tu es complètement folle, vociféra Nellie dont les cheveux roux en bataille ne dissimulaient pas le regard rempli de haine.

-Tu sais, même à l'époque je savais que tu ne m'aimais pas si sincèrement... Mais j'espérais quand même être au-dessus de... ça... Tu as essayé de me tuer Nellie, et pire que ça, n'as même pas fini le travail, tu m'as laissé agonisante sur un trottoir pourri. Sur ce, la femme souleva son tee-shirt et découvrît les cicatrices de trois impactes de balles le long de sa hanche.

-Si j'avais su, je t'en aurais collé une de plus entre les yeux.

-Que de promesses... Mais ce qui est fait est fait... Je m'en suis tirée, ça m'a prît du temps, mais comme tu peux le voir, je suis de nouveau sur pied. Et me voilà. Je t'ai retrouvé, et accompagnée en plus. Une joie de voir que tu as pu tourner la page.

Tout à coup, Nel donna un violent coup de pied à l'un des hommes qui valsa en arrière. Son crâne heurta violemment le lit à baldaquin. De son côté, la femme s'était mise à sourire avec un sadisme entendu en voyant ses hommes reprendre le contrôle de la situation, plaquant de nouveau la jolie rousse sur le sol pour l'immobiliser.

-Quelle fougue ! S'exclama l'étrangère, mais en toute honnêteté on dirait que l'âge ne t'as pas épargné ma toute douce... Je m'attendais à plus de... dynamisme. Bon dieu ! S'écria-t-elle en se retournant ensuite vers moi. Mais quelle âge elle a en plus ?! Majeure au moins ? Je pourrais bien de dénoncer à la police pour détournement de mineure... Pas de maquillage... Pas de dentelle... Pas de talons... La jeune femme se pencha et plongea sur visage dans mes cheveux. Elle prît une longue inspiration. Seulement... Poursuivît-elle, seulement un parfum léger de pivoine. Comme c'est romantique... C'est une espionne ? Demanda-t-elle à Nellie qui lui répondit d'un regard noir. La femme me contourna avant d'approcher sa bouche de mon oreille. Tu es une espionne chérie ? Souffla-t-elle doucement.

Tous les muscles de mon corps se contractèrent sous l'effet du stress. Je fis non de la tête.

-Oh... Murmura la grande blonde en retroussant sa lèvre inférieure dans une imitation atroce d'une moue d'enfant déçue. Non Nel... Ne me dis pas qu'elle est juste... ordinaire. J'aurais du mal à la garder vivante.

-Laisse-là partir Suzan, tu sais bien qu'elle n'a rien à faire là-dedans.

-Hum... Soupira la grande blonde, c'est tellement... INTENSE....Mais tu sais... Elle posa brusquement ses mains sur mes épaules et me fît sursauter. Je crois bien qu'elle a tout à voir. Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire d'elle mon amour... Quoi qu'il en soit, tu comprends bien qu'il faille que ma vengeance soit à la hauteur de ce que tu m'as fait subir n'est ce pas ?

-Tu nous avais trahie Suzan, tu avais vendu des dizaines d'agents, ça ne pouvait plus continuer.

-Mais je t'aimais Nel, j'aurais tout fait pour toi.

-Pas moi. Rétorqua sèchement Nellie.

-Mais elle... Tu l'aimes n'est ce pas ? Tu aimerais la posséder complètement... Mais elle te résiste, c'est ça que tu aimes pas vrai ? Tu veux qu'elle soit à toi et uniquement à toi.

-Tu devrais partir... Avant qu'il ne soit trop tard.

-Elle ne voit que toi n'est ce pas ? La grande blonde laissa échapper un petit rire. A-t-elle seulement connu quelqu'un d'autre ? Hein Chérie ?

Elle se retourna vers moi et fît tourner une mèche de mes cheveux entre ses doigts. Ma respiration était incontrôlable, mes muscles étaient tétanisés, et j'étais incapable de contrôler les tremblements qui s'emparaient de moi.

NE PRENEZ PAS D'AUTO-STOPPEUR LA NUIT ET AUTRES NOUVELLESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant