I-AUTO-STOP : Le jeu

251 9 0
                                    

-Il respire encore ? Demanda Safia en caressant le visage d'Ester. Thomas, lui, se baissait au-dessus d'une silhouette sombre à l'autre bout de la cave. Il prît son pouls.

-Bof. Siffla-t-il.

Safia haussa les épaules.

-Pas grave, il va pouvoir souffler un peu maintenant qu'on a un nouveau jeu, la terrifiante femme reporta lentement son regard sur Ester.

-Je ne comprends pas ce que vous me voulez de moi, gémît Ester qui commençait à reprendre son souffle.

Safia effleura une nouvelle fois son visage, mais cette fois la jeune femme tourna sèchement la tête pour l'esquiver.

-Qu'est ce que vous voulez ? Qui est-ce là-bas ? Insista Ester.

Safia émit un rire rauque avant de se redresser. Elle s'éloigna et sortit de la cave.

De son côté Thomas approcha d'un pas lent. Il inclina la tête sur le côté et sourit tendrement.

-Elle aime bien faire peur aux petites nouvelles. Ne lui en veux pas.

-Qu'est ce que vous voulez ? Gronda Ester avec un regard sombre.

-Pas grand chose, soupira Thomas. Seulement jouer à des jeux.

-Et si je ne veux pas ? Rétorqua Ester.

-Ne dis pas de bêtises. Tout le monde sait qu'il faut jouer, même lui, déclara-t-il en désignant le jeune homme tremblant à l'autre bout de la pièce d'un geste de la tête.

-Vous feriez mieux de me laisser partir. Ma soeur sait que je dois arriver. Elle va prévenir la police si je ne répond pas.

-Oh mais tu vas pouvoir partir ne t'inquiète pas pour ça. Suffit que tu joues et que tu gagnes.

-Et lui ? L'interrogea Ester. Pourquoi il est là ? Qu'est ce que vous lui avez fait ?

Thomas ne répondit pas. Il fît un clin d'oeil et sortit de la cave.

Quand la porte se referma dernière lui tout devînt parfaitement noir. L'odeur salée et âpre de l'humidité arriva aux narines d'Ester. Elle frémît. Près d'elle, elle entendit la respiration saccadée de l'autre prisonnier.

-Hé...? Murmura-t-elle en se traînant sur le sol tâtant son environnement du bout des doigts. Ça va ?

-Argh... Gémît le jeune homme.

-Hé...? Ester sentît son corps glacé au bout des doigts. Depuis combien de temps tu es ici ?

-Je ne sais pas... Souffla-t-il d'une voix douce.

Ester sentît les épaules du jeune homme elle l'aida à s'assoir et lui donna sa veste pour le réchauffer.

-On est quel jour...?

-Mardi. Répondit Ester.

-Quel mardi ? Demanda le garçon.

Aussitôt une boule d'angoisse germa dans la gorge d'Ester.

-On est en juillet. Le 10.

Le garçon étouffa un sanglot. Ester lui frotta vigoureusement le dos.

-Quoi...? Depuis combien de temps tu es ici ?

-Ils m'ont eu en décembre. Avant Noël.

-Seigneur... Articula Ester. Comment tu t'appelles ?

-Camille... Hoqueta-t-il tremblotant.

-Qu'est ce qu'ils t'ont fait...? Murmura Ester la gorge serrée, elle même ignorait si elle avait la force d'entendre la réponse à sa question.

Le garçon posa doucement sa tête sur sa poitrine. Il pleurait.

-On va sortir d'ici... L'encouragea Ester. Tu vas voir. On va s'en sortir.

-Si tu gagnes... Souffla Camille, si tu gagnes tu dois pas parler.

-Comment ça si je gagne ? Qu'est ce qu'ils t'ont fait ?

-Faut pas parler... Répéta une nouvelle fois le garçon.

-Comment ça ? S'inquiéta Ester. Elle secoua le jeune homme, mais il ne lui répondit pas.

Sa respiration lente la rassura à peine. Il s'était évanoui. 

NE PRENEZ PAS D'AUTO-STOPPEUR LA NUIT ET AUTRES NOUVELLESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant