II-NE ME FAIS PAS MAL : Je ne te connais pas

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-Lâche-là Nel. Tu n'aimes pas les pleurnicheuses.

Nellie passa une dernière fois la main dans mes cheveux avant de se redresser me laissant prostrée au sol.

-Dommage. J'aimais bien ce jeu, j'avais espéré que ça dure plus longtemps. J'ai faim. Mangeons quelque chose. Nous reprendrons quand la demoiselle aura repris son souffle.

Là-dessus, les deux femmes s'attablèrent. La table de la salle à manger était immense et n'était pas sans rappeler les grands banquets de la renaissance, on aurait pu organiser un bal ici, ou tout du moins une belle réception.

Suzan n'eût pas à lever le petit doigt pour que des domestiques servent le repas. Je me demandais intérieurement si eux aussi avaient le droit à des séances de tortures. Ils et elles ne parlaient pas, s'exécutant machinalement comme des robots.

-J'aimerai savoir... Siffla Suzan en découpant un morceau de viande bien saignant. Tu travailles toujours n'est ce pas ?

Nellie ne répondis pas. Elle bu d'un trait le vin qu'on lui avait servi.

-Je le savais. Je suis passée après toi. Il y a deux mois. Quand j'ai vu le boulot, j'ai su que c'était toi.

-Où ? L'interrogea Nellie.

-Paris. 3ème. La fille de Krakov.

Un long frisson me parcouru l'échine.

-Pas un seul survivant. Un vrai massacre dans les règles de l'art, poursuivît Suzan. Pas une seule balle tirée. Ils ont mis des heures avant de comprendre ce qui c'était passé. La fillette, tu l'as fait dans son sommeil, j'ai vu comment tu avais placé ses mains. Ses cheveux sur l'oreiller. Ta signature.

-Nel... Hoquetais-je sous le choc.

Suzan laissa échapper un rire acerbe.

-Elle avait 11 ans, expliqua-t-elle alors que je serrais les dents en me redressant lentement. J'avais repris mon souffle. Je devinais seulement la brulure de la corde sur ma gorge en souvenir de mon agonie.

-Je pensais... Commençais-je les yeux remplis de larmes, que je te connaissais. Mais... J'ai eu tort. Je me tournais ensuite vers Suzan. Et vous... Vous êtes un monstre.

Elle me répondit d'un simple sourire. De son côté Nellie resta interdite, les yeux fixés dans son assiette.

-Laissez-moi partir, exigeais-je peinant à masquer les tremblements de ma voix.

-Tu entends ça chérie, grogna Suzan, elle ne veut plus de toi maintenant qu'elle sait qui tu es. Elle mît un gros morceau de viande dans sa bouche et poursuivît la bouche pleine. Nous n'avons qu'à... la laisser partir.

J'avalais difficilement ma salive, je fis quelques pas en arrière.

-Margot ? Lança-t-elle plus haut. Veuillez raccompagner notre invité je vous prie. Une jeune femme approcha aussitôt et posa sa main sur mon épaule pour m'escorter vers la porte d'entrée. Nous marchâmes lentement. Je retiens mon souffle.

-Non... Murmura une voix.

Je sentis le sourire victorieux de Suzan qui flottait dans l'air.

-Tu as dis quelque chose mon amour ? Sifflât-elle à l'intention de Nellie.

-Non. Répéta-t-elle un peu plus fort. Je me retournais doucement alors que Margot me retenais toujours près d'elle, une main sur l'épaule. Nellie avait la tête baissée sur son assiette. Le regard sombre.

-Non quoi ? Siffla Suzan.

-Elle reste. Déclara-t-elle en relevant la tête. Un hoquet de surprise m'échappa. Je ne la reconnu pas. Ses traits étaient devenus glacials, ses yeux étaient vides.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 20, 2023 ⏰

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