Chapitre 3 - Dispute

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Les deux elfes se regardèrent un moment avant qu'Arwen ne prenne la parole.

— Tu ne partiras pas.

— Et pourquoi ?

— Ta place est ici, à Fondcombe, avec moi.

— Non, et tu le sais très bien !

— Tu ne peux pas partir comme ça et tout laisser derrière toi ! Ta vie est ici, si tu t'en allais, c'est comme si rien n'avait compté ! s'emporta Arwen.

— Bien sûr que ça a compté ! Mais ça ne veut pas dire que ma vie est ici ! Et je ne laisse pas tout derrière moi puisque je reviendrai ! répliqua Ilona. De toute façon tu as toujours su que je finirais par partir !

— Oui, je savais que tu partirais, seulement là c'est différent ! C'est bien plus dangereux qu'un simple voyage ! Et si tu ne revenais pas ? Tu y as pensé, à ça ? Tu as pensé à ton père ? À moi ?

— Je reviendrai, donc la question ne se pose même pas ! Et puis ça fait si longtemps que j'attends, je n'en peux plus !  Je pensais que toi au moins tu le comprendrais. Je partirai, et tu ne peux pas m'en empêcher, lui expliqua Ilona.

— Je refuse ! s'exclama son amie.

— Mais ce n'est pas ton choix, c'est le mien et tu n'y peux rien ! Je ne te laisserai pas décider pour moi !

Le ton montait et les deux elfes se fusillaient du regard. Un silence tendu pris place entre elles, comme si le vent et les oiseaux retenaient leur souffle, attendant avec angoisse les mots qui seraient prononcés.

Très bien, lâcha finalement Arwen d'une voix glaciale, brisant cette attente silencieuse. Si tu veux tellement partir, va-t-en. Personne ne te retiens ! Alors pars ! Qu'est-ce que tu attends ? Pars !

Et elle s'en alla, ses cheveux se balançant au rythme de ses pas pendant qu'elle s'éloignait rapidement.

Elle ne se retourna pas.

Ilona la regardait partir, furieuse. Elle ne comprenait pas. Comment Arwen pouvait-elle lui faire ça ? Les deux amies s'étaient toujours tout raconté et se partageaient leurs secrets. Ilona connaissait les sentiments qu'Arwen éprouvait envers Aragorn et Arwen connaissait le besoin irrépressible de partir à l'aventure d'Ilona. D'ailleurs, celui-ci n'était un secret pour personne. Mais elle pensait que la personne qui resterait toujours de son côté serait Arwen. Or l'elfe venait de lui tourner le dos. Elle se sentait trahie.

Tant bien que mal, Ilona chassa ces pensées et se dépêcha d'aller préparer ses affaires. Si elle voulait rejoindre la communauté de l'anneau, elle devait être prête à partir à n'importe quel moment puisqu'elle ne savait pas quand ils quitteraient Fondcombe.

Les jours qui suivirent furent étranges pour tous ceux qui les connaissaient. Les deux elfes, qui passaient habituellement leur temps ensemble, s'évitaient. Quand Ilona entrait dans une pièce où Arwen se trouvait déjà, elle faisait demi-tour et Arwen s'éloignait de tous les lieux où Ilona était susceptible d'aller. Pendant les repas, elles se retrouvaient dans la même pièce mais elles s'asseyaient le plus loin possible l'une de l'autre et s'ignoraient. Personne ne savait ce qu'il s'était passé et tous espéraient que le problème serait vite réglé.

Deux ombres se tenaient face à face, à peine éclairées par la lueur des étoiles. Une elfe et un homme. Arwen et Aragorn. Il prit la parole :

Nous partons dans deux jours, à l'aube. Je tenais à vous dire adieu.

— Ce n'est pas un adieu Aragorn, répondit-elle. Nous nous reverrons, j'en suis sûre.

Elle hésita un instant avant de reprendre :

J'ai quelque chose à vous dire. Vous n'en parlerez à personne, n'est-ce pas ?

— Je vous le jure.

— Et bien... il est possible, ou plutôt certain, qu'Ilona se joigne à vous. Je ne sais pas quand ni comment mais cela ne servirai à rien de l'en empêcher. Elle ne renoncera pas. J'ai tenté de l'en dissuader, en vain. Pourrez-vous... veiller sur elle ?

— Ne vous inquiétez pas, répondit Aragorn, je ferais en sorte qu'il ne lui arrive rien.

Le lendemain, Ilona était dans sa chambre quand elle entendit quelqu'un toquer doucement à la porte. Elle ouvrit et se retrouva face à Arwen.

Arwen. Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu ne voulais plus me voir. Tu ferais mieux de t'en aller.

— Il faut que je te parle. C'est important, ajouta-t-elle en voyant qu'Ilona s'apprêtait à fermer la porte.

Très bien, soupira l'elfe aux cheveux blancs. Entre.

Arwen entra. Son regard fit le tour de la pièce et s'arrêta sur des sacs posés contre le mur. Pendant ce temps, Ilona était avait refermé la porte. Elle faisait face à Arwen, les bras croisés et attendait. Après une dernière hésitation, cette dernière pris la parole.

Ils partiront demain, à l'aube.

Ilona ne répondit rien, se contentant de la regarder.

Je suis désolée, reprit Arwen. Pour ce que je t'ai dit la dernière fois. Je n'aurais pas dû te parler comme ça. C'est ta vie, c'était à toi de faire ce choix. Je t'ai accusé de ne pas penser aux autres mais je ne pensais qu'à moi ! Je ne pensais qu'au fait que tu serais loin de moi et que tu ne reviendrai peut-être pas.

Elle lui tourna le dos avant de continuer.

Je sais ce que tu dois te dire. Que ce n'est pas une excuse. Mais mets-toi un instant à ma place ! L'homme que j'aime et ma meilleure amie, ma sœur, s'en vont risquer leur vie dans un combat qui n'est pas le leur. Deux des êtres qui me sont le plus chers partent et je ne suis pas sûre de les revoir un jour. J'ai tellement peur de vous perdre !

Ilona s'approcha d'elle et la serra dans ses bras.

Je suis désolée, murmura-t-elle. Je n'avais pas pensé à ce que tu pouvais ressentir. J'ai déjà fait mon choix, mais tu peux être sûre que je reviendrai, et qu'Aragorn reviendra aussi. Je t'en fait la promesse.

— Tu ne devrais pas faire des promesses que tu n'es pas sûre de pouvoir tenir. Mais j'attendrai votre retour, toute ma vie s'il le faut.

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