Chapitre 28 - Plus que des souvenirs

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Le lendemain matin, Ilona débuta sa journée en faisant le tour des blessés les plus graves. En début d'après-midi, après s'être occupée d'Eowyn, elle s'approcha de la chambre où se reposait Faramir. Le jeune homme s'était réveillé la veille mais était encore faible. L'elfe s'arrêta avant d'entrer, le cœur battant, et posa une main sur le repli de sa robe où se cachait deux lettres.

Elle entra finalement et commença par soigner Faramir. Après s'être occupé de ses blessures, Ilona resta un instant debout dans la chambre, comme hésitante. Elle finit par s'asseoir à côté du Gondorien qui lui lança un regard perplexe.

— Je... Boromir m'a donné ça pour vous, avant de... enfin, avant, lança-t-elle.

Elle lui tendit alors une des lettres qu'elle gardait soigneusement depuis la mort de son ami. Le regard triste, le jeune homme s'en saisit. Sa mission désormais achevée, Ilona se releva pour le laisser seul avec la lettre de son frère. Avant de partir, elle lui posa une dernière question.

— Savez vous où je pourrais trouver Vana ?

Une ombre passa sur le visage de Faramir, qu'il chassa en relevant la tête vers Ilona avec un sourire triste.

— Vous ne la trouverez pas.

— Comment ça ? Est-elle... ? murmura Ilona.

Il hocha la tête.

— La maladie l'a emportée, expliqua-t-il.

— Je suis désolée.

Une demi-heure plus tard, Ilona franchit le portail d'un petit cimetière au cœur de la cité. Les tombes de pierre blanche alignées étaient intactes, préservées de la guerre qui avait pourtant fait rage juste à côté. Des bouquets de fleurs fanées, prêtes à tomber en poussière, en ornaient certaines, quand d'autre se contentaient de feuilles mortes tombées là par hasard. Les Gondoriens n'avaient pas le temps de s'occuper de ceux les ayant quitté il y a longtemps.

Elle s'avança dans le cimetière jusqu'à ce qu'elle atteignit la tombe de Vana. Son nom était délicatement gravé sur la pierre blanche et lettres formaient comme des arabesques. Ilona s'accroupit pour y déposer un bouquet de fleurs des champs colorées.

— Bonjour Vana, commença l'elfe. J'espère que ces fleurs vous plairont. Je m'appelle Ilona. Vous ne me connaissez pas mais moi je vous connais, enfin un peu. Boromir m'a beaucoup parlé de vous. Il m'a vraiment donné envie de vous rencontrer. Je pense que nous aurions pu devenir amies.

Ilona sortit une lettre d'un repli de sa robe et la posa sur la tombe, entre les fleurs.

— Il m'avait demandé de vous remettre cette lettre s'il venait à mourir. Je ne sais pas si vous l'aviez deviné, mais il tenait plus à vous qu'il ne le disait.

Elle esquissa un sourire.

— Si la vie n'a pas su vous réunir, j'espère que vous avez pu vous retrouver dans la mort.

Ilona finit par se relever et quitta le cimetière. Le cœur plus léger, elle retourna à l'infirmerie, près de ceux qui avaient besoin d'elle.

Les jours s'écoulèrent lentement, tous semblables. La vie elle-même semblait être en suspension, comme si le monde ne faisait qu'attendre. Attendre la victoire, la chute du mal, le retour de ceux qui sont partis, tout en craignant la défaite et la mort.

Un après-midi, alors qu'elle prenait l'air sur les remparts, Ilona aperçut au loin une lueur écarlate illuminer soudainement l'horizon avant de s'éteindre. Les ténèbres qui assombrissaient le ciel à l'est depuis longtemps s'effacèrent doucement.

— Il est tombé, murmura-t-elle, abasourdie. Sauron est tombé. Alors ça y est ? C'est fini ?

L'elfe voulait crier sa joie et son soulagement, mais elle avait peur de s'être trompée, d'avoir mal vu, que cette lumière soit... autre chose. Elle décida alors de garder le silence sur ce qu'elle seule avait vu. Mieux valait attendre encore en peu, plutôt que de célébrer une fausse victoire.

Quelques heures plus tard, deux aigles géants traversèrent le ciel et déposèrent délicatement deux petits corps sur les remparts de Minas Tirith avant de s'y poser. Gandalf descendit du dos d'un des aigles pendant qu'Ilona accourait. Quand elle fut suffisamment près, elle vit que les deux corps étaient ceux de Frodon et Sam, gravement blessés. Elle se précipita vers eux et s'assura avec soulagement qu'ils étaient toujours vivants, bien que mal en point.

Échangeant un regard avec son père, Ilona se saisit de Sam pendant que le magicien s'occupait de Frodon. Pendant qu'ils portaient les deux hobbits jusqu'à un endroit plus adapté pour les soigner, les aigles s'envolèrent.

— Ils ont réussis, n'est ce pas ? demanda Ilona sans trop oser y croire.

— Oui. Sauron a été vaincu. La guerre est terminée.

— Et est-ce que...

— Il va bien, grommela le magicien. Aragorn et Gimli aussi. Ainsi qu'Eomer.

Ilona laissa échapper un soupir de soulagement.

Ils arrivèrent alors à l'infirmerie où ils purent commencer à soigner les deux blessés.

Quelques jours plus tard, l'armée, ou plutôt ce qu'il en restait, arriva à Minas Tirith. Ils furent acclamés par la foule qui se précipita à leur rencontre, pour s'occuper des blessés et tous les remercier. Les rues étaient en fête. Mais la joie ne se lisait pas sur tous les visages car les pertes avaient été nombreuses. Certains arboraient fièrement le sourire de la victoire malgré leur larmes qui ne s'arrêtaient pas de couler. La vie allait pouvoir reprendre son cours.

Ilona était la première à avoir rejoint l'armée en marche. Elle les avait vu arriver bien avant tous les autres et s'était empressé d'aller les rejoindre. Ses amis étaient en tête du cortège alors elle avait pu les retrouver facilement.

Arrivée devant eux, elle se jeta dans leurs bras, les enlaçant un par un avec soulagement. Quand elle se retrouva face à Legolas, elle ne se contenta pas de le serrer dans ses bras et l'embrassa sous les regards amusés de ses amis. Les deux elfes finirent ensuite le trajet main dans la main.

Héritage (LOTR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant