Chapitre 13 - Confidences aux étoiles

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Ilona était assise sur un tronc d'arbre, à la lisière d'une petite clairière. Silencieuse, elle observait les étoiles. Les gens pouvaient bien mourir, les nourrissons pouvaient bien naître, les larmes pouvaient couler comme les rires résonner, au fond cela importait peu. Les étoiles restaient les mêmes, inchangées, immuables. Peut-être que leur propre chagrin les rendaient insensibles à ce qui se passait sous elles ? Ilona n'en savait rien, mais leur éclat d'argent apaisait l'elfe en deuil.

Alors que ses pensées tourbillonnaient comme une nuée de papillons effrayés, quelqu'un s'assit à côté d'elle. Du coin de l'œil, elle regarda de qui il s'agissait. C'était Legolas. Après plusieurs minutes de silence, il prit la parole.

— Les étoiles sont belles ce soir.

— Oui. Comme chaque soir, en réalité. Même si le monde s'écroulait, elles resteraient identiques.

— C'est vrai.

Le silence s'étira à nouveau entre eux. Mais ce n'était pas silence gênant ou crispé, non, c'était un silence doux, serein. Un de ces silences qui appellent à ouvrir son cœur, à se libérer du poids des non-dits, à mettre son âme à nu. Ilona soupira longuement.

— J'ai un secret, commença-t-elle.

Legolas ne répondit rien, par peur de briser cet instant suspendu.

— C'est un secret lourd à porter. Souvent, ce n'est qu'un léger désagrément et je peux passer outre. Mais par moment il me déchire de l'intérieur. Et même si j'en comprends les raisons, ce n'était pas mon choix de le rendre secret.

Elle fit une pause. Jeta un regard désespéré aux étoiles.

— J'ai l'impression que je vais exploser. D'autant plus maintenant, car ça ne rime plus à rien. Je n'arrive plus à le garder secret, je voudrais... je voudrais le crier au monde. Je sais qu'il me dirait de ne pas le faire, d'être forte. Mais je n'y arrive plus. Je ne sais pas quoi faire. Je suis perdue.

Elle eu un petit rire désabusé.

— Je ne sais même pas pourquoi je vous dit tout ça. Ça ne vous concerne pas. Je ne fait que rajouter un poids supplémentaire sur vos épaules. Je suis désolée.

— Vous n'avez pas à vous excuser, répondit-il. Je ne peux pas dire que je comprends car je n'ai jamais vécu ça, mais que vous vous confiiez ainsi à moi ne me dérange pas, bien au contraire.

— Merci, sourit Ilona.

Elle hésita un instant, hésitante à poser la question qui lui brûlait les lèvres.

— Les étoiles sont bien trop loin pour faire de bonnes confidentes, murmura-t-elle finalement. Accepteriez-vous que je vous révèle mon secret ?

Il sourit.

— Bien sûr. Si ça peut vous aider à vous sentir mieux.

Ilona prit une inspiration tremblante avant de lâcher quelques mots dans un souffle. Quatre mots qui pourtant impliquaient tant de choses.

— Gandalf est mon père.

Sans un mot, il la regarda puis passa son bras autour de ses épaules. Elle posa sa tête sur lui.

— Je lui en voulais. Beaucoup. De partir longtemps et surtout de partir sans moi. Il refusait toujours que je l'accompagne. Il avait peur de me perdre. Et au final, c'est moi qui l'ai perdu.

Les larmes se mirent à rouler sur ses joues alors qu'elle continuait à se confier, se vidant de tous ces mots qui la hantaient. Quand elle se tut, le silence les enveloppa tous les deux. Ils ne bougèrent pas pendant de longues minutes.

— Ilona, est-ce que je peux vous poser une question ? finit par demander Legolas. Pourquoi me l'avoir dit à moi, et pas à quelqu'un d'autre ?

Mais elle ne répondit pas. Épuisée par ses trop nombreuses larmes, elle s'était endormie sur l'épaule de Legolas. Esquissant un sourire attendri, il se leva et la prit dans ses bras.

Elle était légère, aussi il traversa facilement la Lothlorien. Arrivé dans la chambre d'Ilona, il la déposa dans son lit et la borda. Il s'arrêta un instant avant de partir, puis, après un dernier regard sur l'elfe endormie, il referma la porte.


Le lendemain, avant leur départ, Galadriel et Celeborn leur offrirent des cadeaux. Tout d'abord, ils reçurent chacun une cape elfique des mains d'Haldir, puis la dame de la Lorien s'adressa à chacun d'entre eux.

— Mon cadeau pour vous, Legolas, est un arc des Galadhrim, digne de l'adresse de nos parents des bois.

Il saisit l'arc d'un air émerveillé, admirant le bois sculpté de l'arme. Pendant ce temps, Galadriel se tourna vers les hobbits, en commençant par Merry et Pippin.

— Voici les dagues de Noldorin. Elles ont déjà servies pendant la guerre. N'ayez crainte, jeune Peregrin Touque, vous trouverez le courage en vous. Pour vous, Sam Gamegie, une corde elfique faite en Hitlain.

Ils la saluèrent en s'inclinant, touchés par ses présents. Elle s'adressa ensuite à Gimli.

— Quel cadeau un nain peut-il demander aux elfes ?

— Aucun, répondit Gimli. Excepté admirer une dernière fois la dame des Galadhrim car sa beauté de tous les joyaux qu'abrite la Terre.

Galadriel éclata d'un rire cristallin alors que le nain rougissait en détournant le regard. Elle offrit ensuite une ceinture en or à Boromir et une fiole de cristal remplie de la lumière d'Eärendil à Frodon. Aragorn ne reçut que quelques mots d'encouragement, qui pourtant signifiaient beaucoup pour lui. Puis ce fut le tour d'Ilona.

— Tout ce que j'aurais pu t'offrir, tu le possède déjà, sourit la dame de la Lorien. La route te paraîtra peut-être longue, mais je sais que tu arriveras au bout de ta quête. Crois en toi.

Elle serra alors Ilona dans ses bras, qui l'enlaça à son tour.

— Mais sache que quoi que tu accomplisses, je serai fière de toi. Je le suis déjà. Et ton père l'était aussi. Il le disait peu, mais il t'aimait de tout son cœur.

— Je sais, murmura Ilona. Il me manque.

Pour toute réponse, Galadriel la serra un peu plus contre elle. Lorsqu'elles se séparèrent, Celeborn s'adressa une dernière fois à la communauté de l'anneau pour leur souhaiter une bonne route.

Ils rejoignirent les barques qui avaient été préparées pour eux. Leurs affaires étaient posées devant, avec des provisions supplémentaires. Legolas s'approcha des sacs de nourriture.

— Du lembas !

Les hobbits le regardèrent d'un air intrigué.

— C'est un pain de voyage elfique, expliqua Ilona.

— Une seule bouchée suffit à nourrir un homme adulte, compléta Legolas.

Merry lança un regard à Pippin avant de se pencher vers lui.

— Tu en as mangé combien ? murmura-t-il.

— Quatre, répondit son ami.

Il étouffa un rot, ce qui fit rire Ilona. Ils finirent ensuite de charger les barques puis s'y installèrent. Boromir monta avec Merry et Pippin, Aragorn avec Frodon et Sam et Legolas, Ilona et Gimli prirent la troisième barque. Une fois tous prêts, ils quittèrent enfin la Lorien, saluant une dernière fois Galadriel et Celeborn qui assistaient à leur départ.

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