Chapitre 17 - Edoras

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Gandalf serra sa fille dans ses bras encore quelques instants puis se remit à marcher au milieu des arbres. Tous le suivirent, se demandant où ils allaient. Sans s'arrêter, il leur expliqua.

— Une étape de notre voyage est finie. Une autre commence. Nous devons aller à Edoras à grande allure.

— Edoras ? Ce n'est pas la porte à côté, commenta Gimli.

— Nous savons qu'il y a la guerre au Rohan, et que le roi va mal, dit Aragorn.

— Oui. Et il ne sera pas aisé de le guérir.

— Alors on a couru tout le chemin pour rien, s'exclama le nain. Allons-nous laisser ces pauvres hobbits ici, dans cet horrible, sombre et humide endroit infesté d'arbres ?

Les arbres en questions se mirent à grincer et gronder, ce qui calma instantanément le nain.

— Je veux dire... charmante, très charmante forêt.

— Ce n'est pas un simple hasard qui amena Merry et Pippin ici, reprit Gandalf. Un grand pouvoir s'est endormi ici depuis de nombreuses années. L'arrivée de Merry et Pippin sera comme la chute de petites pierres qui déclenche une avalanche dans les montagnes.

— Les Ents vont se réveiller ? demanda Ilona.

— Oui. Ils vont se rendre compte qu'ils sont forts.

— Forts ? ... C'est... c'est bien !

— Arrêtez de geindre maître nain ! Merry et Pippin sont en sécurité. En fait, ils le sont bien plus que vous allez l'être.

Sans plus attendre, le magicien accéléra le pas. Bien vite, ils atteignirent la lisière de la forêt. Hasufel et Arod les y attendaient, broutant tranquillement l'herbe.

— On va faire comment ? À cinq sur deux chevaux, ça va jamais passer, dit remarquer Ilona.

Gandalf ne répondit pas, il se contenta de sourire en regardant au loin. Un magnifique cheval blanc s'approchait en galopant.

— C'est un des Mearas, s'exclama Legolas, admiratif.

— Gripoil. C'est le seigneur de tous les chevaux.

Il monta en selle en prononçant ces mots. Les autres l'imitèrent et ils partirent au galop, en direction d'Edoras.

Ils traversèrent les immenses pleines du Rohan jusqu'à sa capitale. Ils approchaient des murs de la ville quand Gandalf les mit en garde.

— Prenez garde à ce que vous dites, nous ne sommes pas les bienvenus ici.

Ils parcoururent les quelques centaines de mètres qui les séparaient encore d'Edoras et franchirent la haute porte en bois. La ville paraissait vidée de toute vie, de toute joie. Les habitants les regardaient passer avec des regards méfiants. Sur leurs visages fermés, on lisait la fatigue et la douleur.

— Et bien, c'est plus gai dans un cimetière, commenta Gimli avec raison.

Ilona détourna le regard et ferma les yeux quelques instants, mal à l'aise. Quand elle les rouvrit, elle les posa sur le château qui surplombait la ville. Leur destination. Elle y aperçut une jeune femme en robe blanche qui les regardait approcher.

Quand ils atteignirent les portes du château, un garde les arrêta.

— Vous ne pouvez pas voir le roi Théoden ainsi armé, Gandalf Maison Grise, par ordre de Grima Langue de serpent, déclara-t-il.

Tous se tournèrent vers Gandalf qui leur fit signe d'obéir. Chacun déposa ses armes, avec plus ou moins de difficulté. Après avoir récupéré toutes les armes, l'homme se tourna vers le magicien.

— Votre bâton.

— Oh... Vous n'allez pas priver un vieil homme de son appui pour marcher.

Il s'appuya sur son bâton en adressant un petit sourire suppliant au garde. Derrière, Ilona se retint difficilement de sourire face au jeu d'acteur de son père. L'homme finit par les laisser passer en soupirant. Ils entrèrent dans le château lentement, à la vitesse de Gandalf qui perfectionnait son rôle de vieil homme en s'appuyant sur Legolas.

On les fit entrer dans une grande salle. Face à eux, un homme était assis sur un trône. Il semblait vieux et fatigué, presque mourant. Un homme vêtu de vêtements sombres se tenait derrière lui, dans l'ombre du trône.

— La courtoisie de votre maison a quelque peu diminué ces temps-ci, roi Théoden, commença Gandalf.

— Pourquoi vous ferai-je bon accueil, Gandalf, corbeau de tempête ? répondit le roi.

— Question très pertinente mon Suzerain, chuchota l'homme en noir.

Ilona le regarda d'un air méfiant. Cet homme avait tout l'air d'un serpent.

— L'heure est tardive où ce magicien choisit de réapparaître, continua-t-il en se redressant. Mauvaises nouvelles comme je le nomme, car ses nouvelles font mauvais hôtes.

Pendant qu'il parlait, il fit un geste de la main et les gardes se rapprochèrent d'eux.

— Fais silence ! ordonna le magicien. Garde ta langue fourchue entre tes dents. Je n'ai pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent.

Vexé, l'homme fit un pas en avant. Il s'apprêtait à répliquer quand un détail attira son attention.

— Son bâton ! Je vous avais dit de lui prendre son bâton !

Il recula précipitamment et laissa ses hommes de main se précipiter sur les voyageurs. Legolas, Gimli et Aragorn s'interposèrent. Ils n'avaient peut-être pas d'armes, mais ce n'était pas ça qui allait les empêcher de se battre. Quand tous les gardes furent à terre, Gimli s'occupa du conseiller du roi. Il le fit tomber au sol et appuya son pied sur son torse pour l'empêcher de s'échapper.

— Je resterais tranquille si j'étais vous.

Pendant ce temps, Gandalf s'était approché de Théoden. Il tendit sa main vers lui.

— Je vous libère de l'envoûtement.

À la surprise de tous, il se mit à rire. Mais ce n'était pas le rire du roi Théoden.

— Vous n'avez aucun pouvoir ici, Gandalf le Gris !

Le magicien rejeta son manteau, montrant ses vêtements d'un blanc immaculé et illuminant la pièce. Le roi fut projeté en arrière, contre le dossier de son trône. Alors qu'il grimaçait, surpris, la jeune femme qu'Ilona avait aperçue se précipita vers lui. Aragorn l'arrêta et lui demanda d'attendre. Elle obéit.

— Si je sors, Théoden meurt, ricana Sarouman à travers Théoden.

— Vous ne m'avez pas tué moi, vous ne le tuerez pas lui, répliqua Gandalf.

— Le Rohan est à moi.

— Partez !

Théoden se mit à gémir. La femme en robe blanche échappa à Aragorn et courut le soutenir. Sous les yeux ébahis des personnes présentes, il commença à rajeunir. Les rides sur son visage s'effacèrent. Ses cheveux blancs reprirent de la couleur. Lentement, il se redressa. Son regard se posa sur la jeune femme à ses côtés.

— Je connais ton visage... murmura-t-il. Eowyn...

Elle se mit à rire, ses yeux encore plein de larmes. Théoden tourna la tête et aperçu Gandalf.

— Respirez de nouveau l'air libre, mon ami, sourit le magicien.

Héritage (LOTR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant