Peu de temps après leur départ, Boromir manœuvra sa barque près de celle des elfes et du nain.
- Ilona ? Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?
- Bien sûr, répondit-elle.
- Et bien... Suite à notre discussion de l'autre jour, j'ai beaucoup réfléchi. Et je me suis rendu compte que vous aviez raison.
- J'ai toujours raison ! s'exclama l'elfe.
Gimli s'esclaffa mais Boromir ne réagit pas et poursuivit ses explications.
- Je me suis dit que si je ne rentrais pas, il fallait quand même qu'ils le sachent. Alors j'ai écrit des lettres. Deux. Une pour Faramir et une pour Vana. Si... si je venais à mourir, pourriez-vous les leur donner ?
Ilona le regarda droit dans les yeux, l'air sérieuse.
- C'est inutile de me demander ça car vous aller les leur donner en main propre. Vous n'allez pas mourir. Personne ne va mourir. En tout cas, plus personne.
- Nos souhaits ne se réalisent pas toujours, répondit Boromir d'une voix douce. Alors si je devais mourir, je vous en prie, donnez-leur ces lettres.
- Très bien, fini-t-elle par lâcher en détournant le regard. Je vous promet que ces lettres arriveront à destination. Mais de toute manière, vous n'allez pas mourir.
Il la remercia et laissa sa barque reprendre de la distance. Et la journée se poursuivit.
Si voyager sur une barque est moins fatiguant et plus rapide, le temps semble s'écouler beaucoup plus lentement. Ilona en fit l'amère expérience. Les jours se suivaient, tous identiques. Ils pagayaient toute la journée, dans un paysage magnifique, certes, mais qui ne semblait pas changer, puis ils se posaient sur la berge pour la nuit. Et le lendemain, tout recommençait. Encore et encore.
Quelques jours plus tard, alors qu'elle pagayait en soupirant, Ilona aperçut au loin deux immenses statues, une de chaque côté de la rivière. Intriguée, elle les observa, tentant de comprendre ce qu'elle voyait. Bientôt, les autres les virent eux aussi. Plus ils s'approchaient, plus les statues semblaient immenses.
Les deux statues, hautes de plusieurs centaines de mètres semblaient présenter des rois. Ils portaient une couronne et un heaume, ainsi qu'une hache dans leur main droite. Leur main gauche était levée paume en avant, comme pour arrêter des ennemis.
- C'est l'Argonath, expliqua Aragorn. Depuis longtemps je rêve de contempler les rois de jadis. Mes ancêtres.
- On l'appelle aussi la porte des rois, ajouta Boromir. Elle marque l'entrée dans le royaume du Gondor.
Ils passèrent entre les statues avec un silence respectueux, admirant la majestuosité de ces rois d'antan. Ils poursuivirent leur route encore un peu, avant de tomber sur un lac. Aragorn se dirigea vers la berge, suivit par les autres. Perplexe, Ilona se demanda pourquoi ils s'arrêtaient aussi tôt. Quand tout le monde eu fini de tirer sa barque sur le rivage, le rôdeur se tourna vers eux.
- Nous traverserons le lac à la tombée de la nuit, cacherons les bateaux, et continuerons à pieds. Nous atteindront le Mordor par le nord.
- Oui, oui ! s'exclama Gimli. Il nous suffira simplement de trouver notre chemin à travers Emyn Muil, un labyrinthe infranchissable, fait de rochers tranchants comme des rasoirs. Et après ça, ce sera encore mieux ! Une région de marécages gluants et puants à perte de vue.
- Oui, c'est notre route, répondit Aragorn d'un ton calme. Je vous suggère de prendre du repos pour recouvrer vos force.
- Recouvrer mes.... ! s'offusqua le nain. On a pas besoin de recouvrer nos forces, nous, les nains !
Un grand sourire sur les lèvres, Ilona s'amusait de la discussion entre Aragorn et Gimli. Elle s'apprêtait à intervenir quand elle se figea. Elle se retourna vers Legolas.
- Vous aussi vous l'entendez ? murmura-t-elle.
- Quoi donc ? répondit-il, perplexe.
- Quelque chose approche, je le sens.
- Où est Frodon ? demanda soudainement Merry.
Tous se retournèrent cherchant du regard le hobbit. Personne. Il semblait avoir disparu.
- Et où est Boromir ? ajouta Ilona.
Ils se regardèrent tous, inquiets. Sans se concerter, ils se saisirent de leurs armes et se dirigèrent vers la forêt.
Ilona marchait entre les arbres depuis de longues minutes quand elle entendit des bruits de combat et des grognements d'orcs. Elle se mit à courir, se fiant à ses sens elfique pour retrouver d'où venaient les bruits. Au bout de quelques instants, elle les vit. Boromir se battait contre des orcs. Débordé par le nombre, il faisait tout pour les éloigner de Merry et Pippin. Elle se précipita dans la clairière où se déroulait le combat, quand un flèche fusa l'air. Boromir hoqueta. Ilona se figea.
- Non ! Boromir !
Elle empoigna son épée et se jeta dans la mêlée. Alors qu'elle tuait un orc puis un deuxième, Boromir reprit le combat. Ilona tentait de rejoindre son ami, mais les orcs étaient trop nombreux entre eux. Alors elle tranchait tout ce qui était à sa portée, enfonçait sa lame dans les corps, parait les coups. À chaque ennemi tué, un autre semblait surgir. C'était sans fin.
Un deuxième trait fendit l'air, droit sur l'homme du Gondor. Il s'effondra. Ilona cria, ses coups redoublèrent d'intensité. Elle devait le rejoindre, elle devait le sauver, c'était son ami, elle ne pouvait pas le laisser mourir ! Merry et Pippin rejoignirent à leur tour le combat en criant. À la grande surprise de l'elfe, Boromir se releva. Ses gestes étaient faibles, il parait les coups des orcs avec difficulté, mais il réussissait à les atteindre. Entre ses mains, son épée semblait peser lourd, très lourd, trop lourd. Plus les mouvements de l'homme ralentissaient, plus Ilona désespérait.
Un orc plus fort que les autres la projeta contre un arbre. À moitié sonnée, la vision trouble, elle vit une troisième flèche transpercer le corps de Boromir. Elle hurla de désespoir. Une onde de choc sembla surgir du corps de l'elfe, traversant la clairière. Sur son passage elle repoussait les orcs encore en vie. Le silence empli l'espace, comme si tout avait été mis en pause. Perplexes, les orcs se regardèrent. Quelques-uns avancèrent prudemment. Ne voyant aucune nouvelle onde magique, ils se ruèrent vers Merry et Pippin. Les hobbits eurent beau se débattre de toutes leurs forces, les orcs les entraînèrent avec eux. Bien vite, la clairière se retrouva vide, ou presque. Un orc était resté. Un arc dans les mains, il se plaça face à Boromir et encocha une ultime flèche, prêt à l'achever. Ilona tenta de se relever. Elle se redressa avec difficulté, pas assez rapidement pour aider son ami.
Alors qu'elle pensait que tout était perdu, Aragorn surgit d'entre les arbres et se jeta sur l'orc. Ils roulèrent tous les deux au sol, puis se relevèrent et saisirent leurs armes. Ils se mirent à combattre, leurs armes s'entrechoquant avec violence. Pendant qu'ils se battaient, Ilona retrouva ses esprits et ses forces. Elle se pencha pour ramasser son arme. Un des coups de l'orc repoussa Aragorn contre un arbre. Sous la puissance du choc, l'homme lâcha son arme qui vola loin de lui. L'orc s'approcha avec un rictus cruel. Il ne vit pas Ilona s'approcher dans son dos. Avant qu'il ne puisse porter un nouveau coup au rôdeur, il s'effondra, et sa tête roula au sol.
D'un regard, Ilona s'assura qu'Aragorn allait bien, puis se précipita vers Boromir.
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Héritage (LOTR)
FanficIlona est une jeune elfe de Fondcombe et rêve d'aventures. Alors quand elle apprend l'existence de l'anneau, elle décide de rejoindre la communauté. Mais elle a un secret qui pourrait la mettre en danger. Quels choix devra-t-elle faire pour surviv...