Chapitre 11 - L'ombre et la flamme

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Ils franchirent une porte de pierre et se retrouvèrent face à un escalier cerné de vide. Ils l'empruntèrent à toute vitesse, sans réfléchir, poursuivis par le Balrog. Les gobelins les observaient des hauteurs. Une flèche s'écrasa aux pieds de Legolas, puis une autre tomba près d'Aragorn. L'elfe sylvestre n'hésita pas une seconde et abattit l'archer gobelin. Ils poursuivirent leur course, mais ils se retrouvèrent vite face à un problème : une portion de l'escalier s'était écroulée.

Legolas sauta au dessus du vide, suivi par Gandalf et Boromir. Ilona hésita un instant. Ses yeux croisèrent ceux de Legolas et y puisèrent la force qui lui manquait. Elle sauta et percuta le torse de l'elfe qui la serra instinctivement dans ses bras. Les hobbits n'arrivaient pas non plus à sauter, alors Aragorn les saisit un par un et les lança pour que Legolas et Boromir les réceptionnent. Il lança d'abord Sam, puis Merry et Pippin. Quand il se tourna vers Gimli, celui-ci secoua la tête.

— Personne ne lance un nain !

Il s'élança alors dans le vide. Ses pieds touchèrent la pierre mais il perdit l'équilibre. Legolas le rattrapa de justesse par la barbe et le tira en sécurité.

— Non ! Pas la barbe !

Il ne manquait plus que Frodon et Aragorn. Une partie de l'escalier s'effondra sous leurs pieds et ils reculèrent. Ils ne pouvaient plus sauter. Mais avant qu'ils ne puissent trouver une solution, un morceau de plafond tomba, entraînant avec lui une portion de l'escalier derrière le hobbit et le rôdeur. Ils ne pouvaient ni avancer ni reculer. Leur section d'escalier s'effondra vers l'avant. Au moment où elle percuta l'endroit où les autres se tenaient, Aragorn sauta, entraînant Frodon avec lui. Désormais tous réunis, ils poursuivirent leur course.

Ils atteignirent enfin le pont de Khazad-Dûm. Ce n'était qu'un étroit pont de pierre, mais c'était leur seule porte de sortie. Le Balrog surgit alors derrière eux, auréolé de flammes. Ils s'élancèrent à travers le pont, Gandalf en dernier. Quand tous ses compagnons eurent atteint l'autre côté, il s'arrêta. Ilona voulut le rejoindre mais il lui ordonna de rester avec les autres. Pour une fois elle lui obéit, surprise par son ton sec. Il se retourna alors vers le Balrog.

— Je suis un Serviteur du Feu Secret, détenteur de la flamme d'Anor. Le feu sombre ne vous servira à rien, flamme d'Udûn. Repartez dans l'ombre !

La créature tenta de la frapper avec une épée de lave, mais Gandalf se protégea d'un bouclier magique. Le Balrog leva ensuite un fouet de flamme mais le magicien le prit de cours.

— Vous ne passerez pas !

Il frappa la pierre de son bâton de mage, puis le pont s'effondra sous le Balrog, entraînant la bête dans le vide. Gandalf se retourna, satisfait. Mais le Balrog n'en avait pas fini avec lui. Dans un dernier mouvement, son fouet s'enroula autour de la cheville de Gandalf, le faisant tomber. Le magicien se raccrocha à la pierre, et son regard croisa celui de ses compagnons. Tous le regardaient avec peur, chagrin, et désespoir. Frodon cria son nom et tenta de se précipiter vers lui, mais Boromir le rattrapa.

— Fuyez, pauvres fous ! murmura Gandalf avant de sombrer dans le vide.

Pendant que Frodon se débattait dans les bras de Boromir en hurlant, Ilona regardait le magicien chuter. Quelque chose en elle disparaissait en même temps que lui. Elle le regardait tomber, immobile, perdue. Il ne pouvait pas mourir. Il revenait toujours. Parfois il s'absentait longtemps et Ilona s'inquiétait et lui en voulait. Mais il finissait par revenir. Il revenait toujours. Pourquoi cette fois-ci serait-elle différente ?

Aragorn et Boromir entraînaient les hobbits vers la sortie, suivis par Gimli. Legolas se retourna avant de s'en aller et vit Ilona, immobile devant le pont. Il se précipita vers elle, lui saisi la main, et la tira à sa suite, évitant les flèches des gobelins qui étaient revenus dès la chute du Balrog.

Ils coururent à travers les galeries et mirent peu de temps à enfin sortir des mines. Une fois dehors, ils s'effondrèrent, de fatigue et de chagrin. Des larmes roulaient sur leurs joues et des sanglots les traversaient. Ilona les regardaient sans comprendre.

— Pourquoi pleurent-ils ? murmura-t-elle. Gandalf n'est pas mort. Il va revenir. C'est évident.

Legolas l'entendit et lui lança un regard désolé.

— Il ne reviendra pas. Pas cette fois.

Elle le regarda d'un air perdu.

— Comment ça ?

Mais Aragorn les interrompit en demandant au groupe de se relever et de continuer pour atteindre les bois de la Lothlorien avant le coucher du soleil. Ils se remirent à marcher et Ilona suivit le mouvement. Ils marchèrent plusieurs heures, mais ils faisaient encore jour quand ils dépassèrent les premiers arbres des bois de Lothlorien. De temps à autre, Legolas jetait un regard inquiet à Ilona. Quand Gimli parla de Galadriel comme d'une ensorceleuse, elle esquissa un sourire mais ne répondit rien, elle qui était pourtant si prompte à réagir. Mais alors que le nain vantait ses qualités, des elfes surgirent des bois et les encerclèrent, les menaçants de leurs arcs.

— Le nain respire si fort que nous aurions pu le tuer dans le noir, lança un elfe au cheveux blonds.

Haldir, car c'était son nom, salua Legolas puis Aragorn en elfique. Gimli s'emporta.

— Voici donc la légendaire courtoisie des Elfes ! Ils parlent une langue qui nous est inconnue.

— Nous n'avons pas eut de rapports avec les Nains depuis les Jours Sombres, lui expliqua l'elfe.

— Et vous savez ce que le nain répond à cela ?

Il sortit alors une phrase dans sa langue. Elle sonnait comme une insulte.

— Cela non plus n'est pas très courtois ! intervint Aragorn en jetant un regard d'avertissement à Gimli.

Mais Haldir ne prêta pas plus attention au nain et se tourna vers le rôdeur.

— Vous apportez un grand danger avec vous. Vous ne pouvez aller plus avant.

Aragorn s'apprêtait à plaider leur cause lorsque Haldir remarqua la présence d'Ilona.

— Dame Ilona ? Nous n'avions pas été prévenus de votre arrivée.

Elle ne réagit pas. Elle ne répondit rien, et ne tourna pas la tête vers l'elfe. Haldir la regarda un instant, avant de se retourner.

— Très bien, suivez-nous.

Il se mit en marche, rapidement suivi par la compagnie ainsi que par les elfes.

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