Chapitre 7 - Sous la neige

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Il faisait froid. La neige recouvrait tout à l'horizon. Ils avançaient, difficilement, pas après pas. Ils se déplaçaient en colonne et suivaient les traces de celui qui les précédaient. La neige épaisse dans laquelle ils s'enfonçaient les ralentissaient. Et plus ils prenaient de l'altitude, plus la couche de poudreuse s'épaississait. Le seul point positif, c'était qu'il ne neigeait pas. Le ciel était dégagé, on ne voyait pas un seul nuage à l'horizon.

Ilona s'ennuyait. Elle marchait depuis longtemps, sans rien faire d'autre que mettre un pied devant l'autre. Soudain elle eu une idée. Pour se divertir, bien sûr, mais aussi pour aider les autres. Ils avaient bien besoin de se détendre un peu ! Elle se baissa, ramassa un peu de neige et la tassa pour lui donner la forme approximative d'une boule. Après une légère hésitation, elle se retourna et la lança sur Aragorn, avant de se reretourner pour faire comme s'il ne s'était rien passé. Mais son grand sourire la trahissait.

— Ilona !

— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle d'un ton innocent.

Aragorn ne répondit pas. Intriguée, elle se retourna et se prit une boule de neige en plein dans le visage.

— Tu vas me le payer !

Elle tenta de lui relancer une boule de neige mais le rôdeur se baissa et la boule de neige toucha Boromir. Il se laissa entraîner dans le jeu, et bien vite tout le monde se retrouva à lancer des boule de neiges en tentant d'en éviter.

Au bout d'un moment, ils finirent par arrêter puis reprirent leur route. Mais marcher dans la neige reste difficile, d'autant plus lorsque l'on en a pas l'habitude. Il est courant de perdre l'équilibre. C'est ce qui arriva à Frodon. Il perdit l'équilibre, glissa, tomba. Il roula dans la neige sur plusieurs mètres, avant d'être arrêté par Aragorn, qui marchait derrière lui. Le rôdeur aida le hobbit à se relever. Mais une fois debout, le semi-homme se rendit compte que l'anneau, qu'il portait accroché à une chaîne autour du cou, n'était plus là. Il le chercha dans la neige avant de le repérer près de l'endroit où il était tombé. Boromir, juste à côté, s'en saisit. Le tenant par la chaîne, il l'approcha de son visage.

— C'est une étrange fatalité que nous devions éprouver tant de peur et de doute pour une si petite chose, une si petite chose !

— Boromir, murmura Ilona. Ne le laissez pas empoisonner votre esprit.

— Boromir ! s'exclama Aragorn. Rendez l'Anneau à Frodon !

L'homme descendit de la montagne pour se retrouver au niveau de Frodon et Aragorn. Il tendit la main et laissa tomber l'anneau dans celle de Frodon.

— À vos ordres ! Je n'en ai cure ! répondit-il en souriant.

Après cet incident, ils reprirent leur route, comme s'il ne s'était rien passé. Ils marchèrent pendant des heures et des heures, et, bien vite, la neige atteint plus d'un mètre. Désormais, pour avancer, ils devaient se frayer un chemin en creusant dans la neige. Seul Legolas et Ilona pouvaient marcher au dessus, leur sang d'elfe les rendant plus légers. Étant beaucoup plus rapides, ils servaient d'éclaireurs. Cependant, ils ne pouvaient faciliter le trajet des autres. 

Tous les éléments se liguaient contre eux. Un vent glacial soufflait avec force, la neige tombait, et la température avait drastiquement chuté. Les cheveux de chacun des membres de la communauté étaient couverts de neige et de glace. Ils suivaient un chemin étroit, entre une falaise et un immense précipice. Soudain, Legolas s'arrêta. Il tendit l'oreille, comme s'il écoutait le vent.

— J'entends une voix sinistre dans les airs !

— C'est Sarouman ! répondit Gandalf.

Des rochers dégringolèrent, comme pour confirmer ses dires.

— Il essaye de déclencher une avalanche ! s'exclama Aragorn. Gandalf ! Il faut faire demi-tour.

— Non ! Nous devons continuer !

Il se redressa et se mit à réciter d'étranges incantations, son bâton de mage tendu devant lui. Un instant, la montagne sembla se calmer. Mais un éclair jailli de nul part et la frappa. Une immense plaque de neige se détacha du sommet de la montagne pour s'abattre sur les voyageurs.

— Tous contre la falaise ! Vite !

La neige les ensevelit. La corniche de pierre était seulement recouverte de neige, il n'y avait plus aucune trace de leur passage.

Ilona ouvrit les yeux. Tout, autour d'elle, était blanc. Blanc et silencieux. Est-ce à ça que ressemble la mort ? se demanda-t-elle. Elle tendit la main. Une bulle protectrice l'entourait. Le résultat de sa magie quand elle se sentait en danger. Mais derrière, elle sentait un froid intense. Tout était blanc et froid. Comme... de la neige. Elle était recouverte de neige ! Tout lui revînt en mémoire. Il fallait qu'elle sorte, il fallait qu'elle aide ses amis ! Elle repoussa la neige au-dessus d'elle, puis sentit le vent glacial sur sa main. Elle acheva de dégager la neige, sortit un bras, puis un autre, et enfin s'extirpa complètement du trou. Elle se releva. Personne. Si, là, une main creva la surface plane de la neige. Elle se précipita, la saisit et tira. La tête de Legolas apparut, couverte de neige.

— Où sont les autres ?

— Ils sont encore sous la neige, répondit-t-elle. Il faut les aider !

Elle l'aida à se dégager de la neige puis ils se mirent à creuser. Gandalf et Aragorn s'en sortirent seuls, contrairement aux hobbits, qu'il fallut attraper et soulever pour les reposer sur la neige. Ils semblaient frigorifiés, incapables d'avancer ou de prononcer un mot.

— Il faut quitter la montagne. Prenons par la trouée du Rohan, supplia Boromir, faites un détour par ma cité.

Aragorn secoua la tête.

— La trouée du Rohan nous rapproche trop d'Isengard.

— On ne peut pas passer par dessus la montagnes, alors passons par dessous ! s'exclama Gimli. Passons par les Mines de la Moria !

Malgré toutes ces propositions, Gandalf semblait décidé à poursuivre par la voie qu'ils empruntaient.

— On ne peut pas rester ici, ou se sera la mort des Hobbits, lui lança Boromir.

Le magicien jeta un dernier regard à la montagne puis soupira.

— Laissons le Porteur de l'Anneau décider.

Il ferma les yeux, attendant une réponse qui ne venait pas.

— Frodon ?

Après une dernière hésitation, le hobbit, tremblant de froid, répondit enfin.

— Nous passerons par les Mines.

— Qu'il en soit ainsi ! murmura Gandalf, comme pour se dédouaner d'une décision qu'il n'avait pas prise.

Héritage (LOTR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant