Chapitre 12 - Famille

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Les elfes les escortèrent jusqu'au cœur de la forêt. Après la tombée de la nuit, ils atteignirent une splendide cité bâtie au milieu des arbres. Caras Galhadon. La plupart d'entre eux n'y était jamais entré, aussi ils admiraient la beauté et la sérénité des lieux alors qu'ils gravissaient des escaliers montant jusqu'à la cime des arbres. Au bout de longues minutes, ils atteignirent enfin le sommet de l'escalier et se retrouvèrent face à Galadriel et Celeborn, les souverains respectés de la Lothlorien. Celeborn prit la parole alors que la dame de la Lorien observait les membres de la communauté de l'anneau un par un.

Mais Ilona n'écouta pas les paroles de l'elfe. Elle était perdue dans ses pensées, quand la voix de Galadriel la sortit de sa torpeur.

— Ilona, ma douce enfant, viens.

Sous les regards surpris de ses amis, elle s'avança vers l'elfe qui la prit dans ses bras. Cette dernière lui murmura quelques mots, que tous entendirent résonner dans le silence.

— Je suis désolée Ilona. Ton père est mort.

Le cœur d'Ilona, déjà fissuré, se brisa pour de bon. Une larme roula sur la joue de la jeune elfe, suivie par une autre, puis encore une autre. Bien vite, un torrent de larmes dévala ses joues. Elle s'effondra dans les bras de Galadriel qui lui caressait les cheveux. Celeborn les enlaça, murmurant à Ilona des mots de réconfort. Mais elle ne les entendait pas. Elle sanglotait de toute son âme, épuisant ses dernières forces. Elle n'était plus que chagrin et douleur. Galadriel et Celeborn la berçaient, partageant sa tristesse. Ils formaient une triste vision, unis dans leur peine.

Guidés par Haldir, les autres durent quitter les lieux. Tous lancèrent un dernier regard à Ilona avant de s'en aller. Dans leurs cœurs, la stupéfaction avait laissé la place au chagrin.

Après s'être changé et un peu reposé, les membres de la communauté de l'anneau se réunirent à nouveau. Ils écoutaient le chant des elfes, doux et triste, une complainte pour Gandalf. Le chagrin et le deuil enveloppaient la cité dans les arbres.

— Ils ne doivent pas parler de ses feux d'artifice, dit Sam. Il devrait y avoir un couplet pour ça.

Il réfléchit un peu avant de s'élancer.

— Qui a vu plus belle fusée, en étoile verte ou bleue éclater ? Tonnerre d'averse, d'or et d'argent, c'est une pluie de fleurs qui descend. Ça ne leur rend pas justice, ajouta-t-il précipitamment. Bien loin de là.

— J'ai trouvé ça très beau, fit une voix féminine dans leurs dos.

Ils se retournèrent tous. Ilona se tenait devant eux. Elle balaya leurs inquiétudes d'un sourire.

— Je vais bien.

Elle les rejoignit et s'installa avec eux.

— Vous devez vous poser des questions à propos de tout à l'heure. Pourquoi Galadriel et Celeborn en personne m'ont apprit... me l'ont apprit.

— Vous ne nous devez rien, intervint Aragorn. Nous n'avons pas besoin de réponses, tant que vous allez bien. C'est ce qui importe.

— Ça ne me gêne pas d'en parler, le rassura l'elfe. En tout cas je peux vous dire certaines choses. Galadriel et Celeborn sont mes grands-parents. Ma mère... c'était leur fille.

— Était ? releva Gimli. Elle est... morte ?

— Oui, acquiesça Ilona. Oh, c'était il y longtemps, je me souviens à peine d'elle ! Ça ne me touche plus.

— Comment est-ce arrivé ? demanda timidement Pippin.

— Elle voyageait avec sa sœur, la femme d'Elrond, quand elles ont été attaquées par des orcs. Le temps que de l'aide arrive... c'était trop tard pour elle. Elle était déjà morte. Sa sœur n'a pas pu se remettre de ses blessures et est partie à Valinor.

— Alors vous êtes également la nièce du seigneur Elrond et la cousine d'Arwen Undomiel ? demanda Legolas, intrigué.

— C'est exact.

— Je l'ignorais.

— Et bien, maintenant vous le savez, sourit-elle.

Elle hésita un instant avant de reprendre la parole.

— Je voulais vous remercier. D'être là pour moi, sans rien me demander. Je vous aime tous énormément, vous comptez beaucoup pour moi. En rejoignant la communauté de l'anneau, je n'ai pas seulement gagné des amis, j'ai aussi gagné une famille.

Elle se tourna vers les hobbits en souriant.

— Des petits frères amusants.

Puis elle regarda Aragorn et Boromir.

— Et des grands frères rassurants. Alors merci. Après, vous ne pensez peut-être pas la même chose mais ce n'est pas grave, chacun voit les choses différemment, je comprendrais tout à fait que...

Merry et Pippin la coupèrent en se jetant sur elle pour lui faire un câlin, vite rejoints par Sam et Frodon. Aragorn, Boromir et Legolas souriaient, touchés et amusés. Gimli se mit à rire.

— C'est bien la première fois qu'une elfe dit ça à nain ! Mais ne vous inquiètez pas, je vous apprécie aussi beaucoup Ilona. D'ailleurs, je fait partie des grands frères rassurants ou des petits frères amusants ?

— Mmm... des grands frères amusants ! rit Ilona.

Ils se mirent alors à discuter joyeusement de tout et de rien, se séparant au fil des discussions.

La nuit tombait lorsque Ilona rejoignit Boromir, un peu à l'écart. Elle s'assit à côté de lui sans le regarder. Après un silence, elle prit la parole.

— Votre amie. Vana. Sait-elle que vous l'aimez ?

— Comment... ? Enfin, que... ?

Il la regarda d'un air abasourdi, les joues légèrement rouges, et tenta de trouver ses mots. Elle ne lui en laissa pas le temps.

— Alors quand vous rentrerez chez vous, dites-le-lui. C'est important de dire ce qu'on ressent vraiment aux gens. Parfois, on pense que ce n'est pas important, qu'on a le temps. Mais on se trompe. Et après c'est trop tard.

Elle se retourna vers lui et le regarda droit dans les yeux.

— On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime qu'on les aime, alors que c'est important ! Alors, je vous en prie, quand vous serez de retour chez vous, dites à votre frère, à votre père, à vos amis, que vous les aimez ! Moi je lui disait que je le détestait alors que c'est faux. Et maintenant je ne peux plus lui dire que je l'aime !

Il la serra dans ses bras. Les yeux fermés, elle se laissa aller contre lui.

— D'accord, je leur dirais, murmura-t-il pour l'apaiser.

Elle se recroquevilla contre lui. Ils restèrent ainsi de longues minutes. Ilona finit par s'éloigner de lui.

— Il se fait tard, dit-elle. Vous devriez aller vous coucher. Vous avez besoin de dormir.

— Vous aussi.

Elle sourit.

— Je suis une elfe.

— C'est vrai. Je vous souhaite tout de même une bonne nuit.

Boromir se leva et s'en alla. Elle le regarda partir puis se leva à son tour. Elle se dirigea vers la forêt, marcha un peu, puis s'assit sur un tronc couché au sol. Au milieu des arbres, le regard tourné les étoiles, une larme solitaire roula sur sa joue.

Héritage (LOTR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant