XXXIV- Merci, petite

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Fenris


Je sens le froid m'engourdir peu à peu alors que les fragments d'âme s'effacent en moi. Angélique, Gabriel, Raphaël, Haniel. Lilith, Lucifer, Eyna. Disparus. Tout comme moi, je disparais. Je ne sens plus mes jambes. Ni mes doigts. Je ne sens plus que la délicate caresse des cheveux d'Eden sur mon visage, sa chaleur irradiant tout autour de moi. Je ne sens plus que son délicieux parfum de miel et de lavande. Elle glisse doucement sa main dans la mienne, m'offrant ce sourire dont je rêve depuis tant d'années. A moins que je ne l'aie attendue que quelques minutes ? Le temps n'a plus de prise, elle est ici. Souriant, je me redresse, savourant le contact de sa paume contre la mienne. Un son incongru me parvient malgré tout, sorte de sanglot étonnant. Je me retourne, en cherchant l'origine.

A nos pieds, recroquevillée sur elle-même, la petite Aline pleure mon cadavre vide. Je souris. Pourquoi pleure-t-elle ? Je n'ai plus mal, je ne suis plus seul, et je suis plus heureux que jamais. Toutefois, ses larmes me touchent. Cette petite n'aura finalement jamais perdu totalement cette étincelle étonnante qui fait le charme de ce que l'on ne peut comprendre. Sans jamais lâcher la main d'Eden, je m'approche doucement de la jeune femme à genoux dans la boue et le sang, et passe doucement ma main dans ses cheveux.

- Merci, petite.

Un dernier sourire, et je me noie dans les yeux d'émeraude de celle que j'aime depuis trop longtemps sans pouvoir la voir. Aujourd'hui, elle est là. Nous sommes là. A jamais.

Ex Nihilo -3- Alea jacta estOù les histoires vivent. Découvrez maintenant