Chapitre 7

394 42 0
                                    

L'eau me brûle la peau, mais peu importe. Les paroles d'Hemia tournent en boucle dans ma tête. Ça tombe sous le sens, Niall a rencontré sa fiancée pendant qu'on était ensemble et il m'a quitté pour elle. J'ai été si stupide, une totale abrutie. Voilà six mois que je ne faisais que me morfondre en me répétant que je suis le problème, mais il m'a menti. Trahie, trompée. Mon caractère trop passif n'était qu'une couverture à sa tromperie. Peut-être que c'est l'une des raisons, mais pas la principale. La principale raison est une femme. Une femme qui n'est pas moi. Mais alors qu'elle le connaît si peu, elle a déjà plus que ce que je n'ai jamais eu. J'ai envie de hurler, de frapper dans tout ce que je peux trouver, mais tout ce que je fais, c'est pleurer comme une misérable sous ma douche tout en essayant de ne pas penser à ma future facture d'eau chaude.

Une heure, une minute, un jour passe peut-être avant que je ne sorte de la douche. Je ne prends pas la peine de me sécher et me jette sur mon lit. Mon téléphone vibre, un message d'Hemia. Je souris en voyant ce qu'elle a marqué. "Fais-lui regretter." Si seulement. Mais, je ne suis pas comme ça. Je ne veux pas que Niall souffre. Je le fais si bien pour nous deux. Je repose ma tête trempée sur mon coussin et ferme les yeux pour tarire mes larmes. Avec un peu de chance, ça formera une grosse croûte et je ne pourrai plus ouvrir les yeux, jamais.

Le lendemain est difficile. J'ai l'impression qu'un tracteur m'est passé sur le corps. Mes épaules sont tendues, mon cou est raide et je ne parle même pas des poches sous mes yeux. Je camoufle comme je peux les marques de ma douleur et je forme un masque neutre. Le trajet jusqu'au bureau se fait sans accroc et je prends le temps de poser mon sac, ainsi qu'un café dégueulasse avant de toquer à la porte de Balthazar. Il me dit d'entrer après quelques secondes. J'ouvre la porte et il est au téléphone.

— Oui... Nous commençons à y travailler aujourd'hui... Bien entendu qu'on sait ce qu'on fait... Tout sera fait dans les temps, ne t'inquiète pas... D'accord... Très bien... A ce soir.

Il raccroche avant de m'indiquer le fauteuil sur lequel il m'a réconforté hier.

— Hartfills. J'espère que vous vous sentez d'attaque pour cette journée. Nous avons beaucoup de travail.

Il récupère sa tablette et vient se placer sur le fauteuil en cuir noir à côté du mien. C'est étrange de le voir de si près. Je n'y ai pas fait attention hier, car j'étais dans un état second, mais je me rends compte que c'est la première fois que nous sommes à cette proximité. Nous avons toujours gardé nos distances physiques. Je ne sais pas vraiment qui a initié cela, sûrement lui, mais nous avons toujours parlé à quelques mètres de distance et souvent avec un bureau entre nous. Sinon, nos échanges sont principalement par mail, téléphone et messagerie instantanée de l'entreprise.

— Bon. La direction va surveiller de près ce que nous allons faire, donc nous n'avons pas le droit à l'erreur. Je compte sur vous pour être irréprochable. Je vous rappelle également qu'un poste de responsable pourrait être au bout. Je serais le premier à vous recommander et voir même à pousser votre promotion.

Une boule d'excitation se forme au creux de mon ventre. S'il me dit cela, c'est que c'est vrai. Il ne ment jamais et ne s'avance pas s'il n'est pas sûr de lui. Il est peut-être la personne la moins sympathique de la boite, mais il est respectueux. S'il me recommande, je suis sûre à 90 % d'obtenir le poste. Le salaire d'une responsable est très intéressant. Je pourrais avoir assez pour prendre un appartement un peu plus proche et dans un quartier plus sympa.

Nous passons une bonne partie de la matinée à déterminer ce que nous avons à faire. Il a le plus gros du travail, mais je suis surprise de voir qu'il me laisse m'occuper de choses qui sont en général, géré par une responsable des ressources humaines ou une cheffe de projet. Je lui demande pourquoi Sophie et Marietta ne sont pas incluses dans le projet, ce à quoi il me répond qu'elles ont assez de travail et qu'il ne pouvait pas les accabler plus que ça. Elles sont indispensables au bon fonctionnement de l'entreprise. Il a plus de temps et cela fait partie de ses attributions. Le fait que je fasse "équipe" avec lui est une suite logique des choses.

Promise meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant