Chapitre 9

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Ce. N'est. Pas. Possible. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je suis figée, totalement perdue, je n'arrive pas à comprendre ce qui est en train de m'arriver. Cole Humpson est en train de... m'embrasser ? Avec des lèvres incroyablement douces et agréables ? Je n'arrive pas à faire fonctionner mon cerveau correctement. Je ne sais pas combien de temps cela dure. Une seconde ? Une minute ? Une heure ? Une année ? Quoi qu'il en soit, étrangement, je trouve qu'il se détache de moi bien trop rapidement. Je contiens une plainte lorsqu'il se recule, les yeux brillants. Son visage est étrangement de marbre, alors que le mien doit être rouge pivoine.

— Excuse-moi, souffle Balthazar assez fort pour être entendu par Niall, j'ai été retenu plus longtemps que nécessaire. Trouvons-nous une place de choix pour le discours de mon oncle ?

Sa proposition glisse sur moi comme de l'eau, je le fixe bouche bée. Il m'adresse un sourire que je pourrais qualifier d'adorable ? Putain, mais qui est cet homme, car ce n'est certainement pas mon boss. Je refuse d'y croire. J'hoche machinalement la tête en ne le quittant pas des yeux. Je ne remarque pas le visage choqué de Niall, ni l'éclat de rire que tente de contenir Hémia et encore moins le silence brisé par quelques chuchotements qui s'est installé dans la salle. Mon boss m'indique de la main un endroit proche de l'estrade, mais éloigné de tous. Je me dirige vers l'endroit, le cerveau complètement embrumé, les jambes en coton. Je sens sa main se poser au creux de mes reins et je me raidis, peu à l'aise avec son toucher. Je sens la main perdre de sa poigne et me fait l'effet d'une caresse.

— Je suis désolé, murmure Balthazar pour que seul moi l'entende. J'aurais dû vous demander la permission, mais la situation ne s'y prêtait pas.

Une fois à l'endroit qu'il a indiqué, je pose une main sur la table haute ronde pour m'ancrer à quelque chose. Je tourne la tête vers lui, et même si son expression est assez neutre, je peux remarquer une sorte d'appréhension. Est-ce qu'il a peur que je porte plainte ? Ou que j'aille me plaindre aux ressources humaines ? Ce serait tellement ironique.

— Pourquoi ?

Ma voix me paraît lointaine, différente, comme si elle ne m'appartenait pas. Je ne sais pas comment la qualifier, je ne sais pas comment je me sens. Je suis totalement perdue. Il semble mal à l'aise, mais ce n'est rien à côté de ce que je ressens.

— Je ne comprends pas votre question.

J'avale ma salive pour contenir une soudaine colère qui monte en moi. Il ne comprend pas, vraiment ?

— Pourquoi vous avez fait ça ?

Il ne répond pas et je dois à nouveau tourner la tête vers lui pour voir s'il est toujours là. Il semble chercher ses mots, ce qui est inhabituel, lui qui sait toujours quoi dire.

— Vous aviez besoin d'aide et personne d'autre ne serait venu.

— Pourquoi m'avez-vous embrassé ?

Le ton agacé que j'emploie ne passe pas inaperçu. J'en suis la première surprise. Il se racle la gorge et bois une gorgée de son verre rempli.

— Ca m'a paru être le seul moyen de vous sortir de là. Je dois avouer que j'ai agi sur un coup de tête.

Notre big boss monte sur l'estrade et demande l'attention de la salle, mettant fin à notre conversation. Je retiens en bouche tout le flot de mots emplis de colère que je veux déverser. Je prête une oreille peu attentive au discours passionné de notre grand patron, car la présence si proche de Balthazar me perturbe énormément. Son parfum épicé parvient jusqu'à moi et m'enveloppe de la plus étrange des manières. Je sens mon portable vibrer dans la poche de ma combinaison. Je le sors discrètement et remarque une dizaine de textos d'Hemia. Je n'ai pas le courage de lire ce qu'elle m'a écrit, parce que je ne sais pas comment gérer mes émotions. Mes pensées sont un tourbillon brumeux où je ne peux distinguer quoi que ce soit. Tout le monde applaudit, ce que je fais également pour ne pas faire tache. Un brouhaha ambiant me permet de me retourner vers Balthazar et de le sermonner un petit peu sans me faire remarquer.

Promise meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant