4

295 22 17
                                    

DERECK
DANS LE PASSÉ

Mes mains sont tremblantes de peur en poussant les portes du lycée, cette boule désagréable qui se transforme dans mes tripes. Elles les dévorent, les grignotent sans scrupules. Chiffonnant le peu de courage qu'il me reste.

Je ne suis conscient que certains regards son braqueur sur moi en entrant dans l'haul. « La victime » c'est ainsi qu'ils aiment tous m'appelais, sans couille parfois aussi. Arrivant devant mon casier, des insultes écrit au ventre son inscrit sur ma porte défoncer à coup de poing. J'aimerais la brisée aussi fort qu'ils ont brisé mon cœur. Effacer ces insultes aussi fort qu'elles ont effacé mon âme colorée.

Je m'enferme dans les toilettes et ferme la cuvette pour m'installer dessus. C'est comme ça, tous les jours depuis des années. J'attends la sonnerie ici, pour que personne ne me remarque. Des bruits de pas résonnent et une porte se claque dans la toilette. Je tends l'oreille pour écouter et mon souffle se coupe automatiquement.
Marc, Ethan et Noah, mais plus grandes peurs.

Je remonte mes jambes contre ma poitrine et respire faiblement pour qu'ils ne m'entendent pas. Parce que s'ils m'entendent, c'est fini pour moi. Je l'ai entendu parler des corps soient disants splendides des Pompom girls, de l'équipe de foot, du dernier coup qu'ils ont tiré.

Leur conversation me déroute au plus haut point. Les entendre parler ou même entendre leurs respirations est un calvaire. Je l'ai détesté. Tous. Après un temps dans la même position, une crampe inattendue me fait pousser un petit soupire de surprise et de souffrance, ce qui attise l'intention de mes camarades.

- On n'est pas seuls dans les toilettes .

C'est d'abord la voix d'Ethan qui claque.

- Oh le petit coquin ! Il écoute les conversations aux portes, s'écria Noah. J'espère que tu as aimé entendre que ma dernière conquête c'était Ambre.

Des coups s'abattaient sur toutes les portes pour les ouvrir une par une, jusqu'à arriver à la mienne.

- Tu te caches ici ?

Cette fois, c'est la voix de Marc. C'est lui le pire, c'est lui qui mène la danse. C'est de lui qu'on doit avoir le plus peur.

- Tu sais que si tu veux pas sortir, on va te faire sortir . Je me demande bien qui se cache derrière cette porte, demanda-t-il de sa voix menaçante.

J'ai les mains qui tremblent et le cœur qui tambourine de peur. Je sais qu'ils vont me faire du mal et mes muscles se contractent d'avance. Je ne veux pas, je ne veux pas que ça recommence.

- Aah, c'est notre petit Dereck.

J'ouvre les yeux et découvre la tête de Noah en dessous dans l'ouverture de la porte, mais yeux restent figé sur son visage menaçant.

- Sors de là, Dereck ! On va discuter, tu sais comme on aime parler avec toi, on adore ça.

De toute façon que je reste là ou pas, ils vont m'attendent et me faire subir ce qu'ils aiment le plus les coups et encore des coups. Il tape contre la porte à trois, et je sais qu'elle va finir par céder sous leurs assauts.

- Espèce de petite merde ! Tu vas l'ouvrir cette porte ! cria Marc en donnant un coup dans la porte.

La porte ne cède pas, mais moi oui, j'ouvre la porte tout doucement, et les trois visages d'horreur me font face avec un sourire.
À cet instant, j'aimerais que mon frère soit là.. J'aimerais qu'il soit là pour me défendre, qu'il leur fasse autant de mal qu'ils m'en font. Quoiqu'il ne soit pas là pour me défendre, je l'aime et je le déteste à la fois.

Une main s'abat sur mon cou pour me propulser contre le mur, claquant mon dos dans un bruit sourd. Puis un premier coup, claque contre ma joue. Elle doit être rouge et la douleur s'intensifier autant que les minutes passent. Noah s'effondre à mes côtés et me tire les cheveux pour que mon visage soit symétrique aussi.

- Tu vois petite victime. Si tu n'obéis pas à ce qu'on te demande, c'est ce qui t'arrive, tu as mérité ça, et tu mérites tous les coups qui vont suivre.

C'est faux. Je ne mérite pas ce qui m'arrive. Je ne mérite pas cette vie. Je mérite de vivre quelque chose de beau et unique. Je mérite d'être près de ma mère et de mon frère. Je mérite une vie. Dans celle-ci, je meurs. Je décède de mes blessures causées par leurs violences, par celle de mon père que j'ai tant désiré qu'il m'aime. Mais, l'amour ne fait pas de blues. Tandis que son amour à lui à marquer ma peau pour toujours.

Il continue à me frapper sur le visage, dans mon ventre, mais ce qui prend le plus de coups ce sont mes côtes. Elles, elles prennent tout. Au bout de ce qui me semble être un millénaire, il me laisse là, à bout de souffle, le visage marqué de leurs assauts répétitifs.

Je recherche un dernier espoir, celui qui m'aidera à avancer là où tout s'effondre. Je cherche toujours sans trouver ce qui me réanimera, et si cela n'arrive pas vite, j'ai bien peur de me noyer pour toujours sans jamais pouvoir remonter à la surface.

Après un temps, pensant me laisser là mourir, la porte s'ouvre à nouveau. Ce qui me fait face, ce n'est pas mes harceleurs, mais Mr Louis, le concierge du lycée.

- Oh mon petit, qu'est-ce qui ton encore fait...

J'aimerais lui crier toute ma peine, la frustration qui encercle mon âme.

- Je suis désolé, je murmure

Il m'aide à me relever et me tend mon sac à dos.

- Ce n'est pas de ta faute s'ils sont mal éduqués. Relèves-toi toujours, mon garçon et montre à ces abrutis que ça ne t'atteint pas.

- Mais ça m'atteint, j'ai tellement mal, dis-je en posant mon front contre le mur froid

Il caresse mon dos dans un geste affectif, et je ne ressens rien. Ce qui me terrifie encore plus, c'est que j'ai cessé de ressentir la chaleur des bras de ma mère. Elle a disparu, me laissant dans cet océan sans fond et sans voile pour me sauver.

Cher  inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant