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TIERNEY
DE NOS JOURS

« -Salut ma chérie, c'est maman. Tu ne réponds à aucuns de mes messages, ni appels, tu dois être débordé avec la librairie... J'ai quelque chose à te dire, pourrais-tu me rappeler dès que cela sera possible pour toi ? Je t'embrasse. »

C'est le deuxième message qu'elle laisse sur mon répondeur en deux jours. Hier, elle m'a appelé une dizaine de fois. Je l'avoue, j'ai ignoré volontairement. Elle va m'annoncer son mariage avec J. Sébastien, son nouveau petit ami. C'est un vieille ami à moi, qui me l'a annoncé. Sa mère est conviée au mariage. Je n'ai même pas reçu d'invitation, alors qu'il est annoncé depuis deux mois et que les cartes d'invitations sont envoyées.

- Vous avez choisi ?

C'est la voix de la serveuse, qui m'intercepte dans ma lancée.

- Euh oui, désolé. Je vais vous prendre un café au lait et une par de flan, merci.

Elle me regarde de ces grands yeux noirs, en mâchant son chewing-gum avant d'écrire ma commande sur son petit calepin.

C'est aussi fou que ça de vouloir manger et boire un bon café à trois heures du mat dans le seul bar-restaurant qui est ouvert.

Elle finit par me tourner le dos, tout en claquant ces talons sur le sol. Je réécoute le message de ma mère une dernière fois, avant de le supprimer pour ne plus entendre sa voix.

Je récupère le carnet qui était dans mon sac. Toujours un œil dessus. Pour la quatrième page seulement un petit paragraphe et un papier plié en quatre. Je la déplie et commence à lire la lettre destiné à ton frère.

Quelques larmes coulent sur mes joues humides de la pluie et du tonnerre qui gronde dehors. Une lettre pour son frère, une lettre qui n'a jamais eu de destinataire.

- Je savais que c'était vous ! s'exclama une voix grave

Je ferme le carnet et relève les yeux sur la personne qui s'est installée face à moi.

- Pardon ?

- Vous êtes bien, Tierney ?

Un homme d'une vingtaine d'années, les cheveux noir corbeau, des yeux bleu océan et des fossettes qui dansent ensemble à chaque parole. Une faible cicatrice sur son arcane gauche, presque caché par son sourcil, un nez fin, un bel homme, mais qui me confond avec une autre.

- Oui.

Il me scrute sans gêne, examinant chaque détail de mon visage, comme si cela le fasciner.

- Vous ne me reconnaissez pas ? me demande-t-il en dégageant une mèche tombant sur son front

- Sincèrement, non. Je m'en excuse.

Il sourit avant de me tendre sa main, dans une présentation.

- Je suis superman.

Les souvenirs de la soirée dernière me reviennent en mémoire avec quelques failles qui reste flou sur des détails. Je me souviens. Il m'a rapporté une bouteille d'eau et nous avons parlé une bonne partie de la soirée. C'est fou de se rencontrer une nouvelle fois, surtout ici, mais surtout à trois heures du matin.

- William les autres jours de l'année, dis-je en lui serrant la main, reprenant ces mots.

Il rit de bon cœur à ma réponse et la serveuse me ramène ma commande à ce moment, coupant toute discussion. Il commande à son tour un thé, ce qui signifie qu'il compte rester à ma table. Je range le carnet dans mon sac comme protection.

- Comment allez-vous depuis cette soirée ? Vous chantez toujours TAKE ONE ME dans l'herbe ou vous avez mis fin à votre carrière ? me taquine-t-il

- Rupture du ligament croisé, ça a mis fin à ma carrière avant même qu'elle ne commence.

Une seconde fois, son rire jaillit du plus profond de ses entrailles, entraînant le mien. Ce restaurant est pratiquement vide, mais les quelques clients présents nous observent sans comprendre notre hilarité.

- Vous êtes encore plus amusante en étant sombre.

- Je dois le prendre comme un compliment ?

- Certainement, Mademoiselle.

La serveuse revient déposant son thé vert brûlant, elle ne me regarde pas, mais coule
un regard à mon compagnon de table. Sans un retour de sa part, elle tourne une nouvelle fois les talons vers le comptoir.

- Que faites vous à trois heures du matin ici ? je demande

- Et vous ? répond-il du tac au tac

- Je pourrais penser que vous me suiviez. Ça semble plus faisable qu'une rencontre banale dans ce restaurant à une heure pareille.

- Effectivement. Je pourrais être un psychopathe ou un tueur en série, qui est à la recherche de la prochaine victime.

- Quel honneur que ce soit tombé sur moi.

- Vous le méritez bien.

Ces deux fossettes s'entraînent dans une danse folle. Il me sourit d'un air amusait et bois une gorgée de son thé.

- Vous n'êtes pas comme les autres, murmure-t-il pour que personne d'autre ne l'entende

- C'est-à-dire ?

- J'aurais eu cette conversation avec une autre femme, elle aurait pris ces jambes à son cou avant de s'enfuir.

- J'ai regardé tous les King fu panda pour me défendre et puis, j'adore les documentaires sur les tueurs en série. Je sais comment vous amadouer.

- J'adore. En vérité, j'étais chez mon meilleur ami Keith, qui habite à cinq minutes d'ici. Je suis passé devant et à travers la vitre, je vous ai reconnu. Et vous ?

- Manque de sommeil. Mes voisins du dessus viennent d'avoir un bébé, c'est du bonheur, comme du malheur pour mes nuits.

Il acquit, tout en buvant une autre gorgé de son thé. Il laisse couler quelques minutes avant de reprendre la parole et me demander :

- Est-ce que vous seriez partant pour un rendez-vous avec moi ? Nous avons déjà fait les présentations deux fois à la soirée et ici. On peut dire qu'on se donnait un peu.

- N'est-il pas un actuellement ? je demande en souriant

- Certainement. Et la soirée est de loin terminée. Alors, mademoiselle terminée votre flan, je vous kidnappe pour le reste de la nuit.

Il me sourit, ses yeux blues océan me transpercent avec une intensité qui fait vibrer les papillons dans mon ventre.

- Et vous m'emmenez où ?

- Si je vous le disais, ça ne serait plus un rendez-vous surpris.

- Vous jouez le mystérieux .

- Je suis mystérieux, dit-il en posant sa main sur son cœur faussement blessé

Il me sourit tendrement et ajuste sa veste, me faisant comprendre que notre rendez-vous commence maintenant. J'envoie un message par précaution à Gabriella lui indiquant avec qui je passe le reste de la soirée. En réalité, s'il m'arrivait quelque chose, personne ne pourrait me retrouver à part son prénom qui est peut-être faux. Je ne sais pas qui est William.

Pourtant, je le suit sans une once d'incertitude quand il me tend la main pour m'emmener dans cette nuit étoilée .

Cher  inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant