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TIERNEY
DE NOS JOURS

Ce matin en me regardant dans le miroir, le soleil m'éblouissant les yeux. Ce n'était pas la journée que j'imaginais. C'était sans doute, celle où je devrais rencontrer la personne qui a fait souffrir Dereck.

La porte rouge qui me fait face, contenant un heurtoir en forme de lion est le dernier pas à franchir avant de n'avoir plus de limite et entrer dans la vie personnelle d'un parfait inconnu.

« Tu as la tête dans mon histoire, maintenant et si tu fais attention, tu verras qu'elle est remplie de verre cassé. Rends-toi à l'adresse que je t'ai indiquée récemment et confronte ma plus grande peur. Mon père et demande lui pourquoi il n'a jamais aimé son fils. »

Ceci est la raison de ma présence devant la maison qui n'est sans doute plus celle de son père. Je m'avance à pas léger, le carnet sous mon coude et souffle un bon coup. Je ne connais pas vraiment, Dereck, mais sa souffrance vaut ce moment de confrontation avec l'un des bourreaux qui la tuer.

Je sonne deux fois sous automatique et attends le cœur battant à une vitesse surnaturel, faisant trembler tout mon corps. Une minute, ainsi que deux sans réponse. Puis la vieille porte s'ouvre dans un grincement strident et une vielle femme au cheveux blanc m'ouvre avec un sourire des plus accueillant.

- Bonjour, dis-je en tendant ma main

Elle la sert et me demande la raison de ma visite.

- Je suis venu rapporter quelque chose au propriétaire, mais je pense qu'il n'habite plus ici depuis longtemps...

- Mon mari habitait déjà ici quand nous nous sommes rencontrés, mon enfant. C'est sûrement lui que vous recherchez.

- C'est Mr Shelby. C'est lui votre mari .

- Oui, qu'est-ce que vous voulez à mon mari ? Je pensais que vous étiez une vendeuse de cookies, me rétorque-t-elle méfiante à présent.

Je sers un peu plus fort le carnet contre moi, peur de le perdre.

- Lui parler de son fils.

Tout d'un coup, elle semble ravie de ma venue et m'ouvre un peu plus la porte.

- Oh, Éden. Ça fait un moment qu'il ne répond plus aux appels de son vieux père.

- Non Dereck.

Elle paraît surprise, puis confuse.

- Mon mari n'a aucun fils qui se prénomme Dereck.

Je ne sais pas ce qui me brise le plus le cœur, que ce con n'est pas parlé de son fils décédé à sa femme ou qu'il fait comme si il n'avait jamais existé.

Soudain une fois grave résonna dans le dos de la vieille femme, lui demanda ce qui se passer à la porte. Elle referme légèrement l'ouverture et murmure :

- Une jeune femme qui prétend te connaître, ton fils et toi, mais pas Éden un prénommé Dereck. Je ne pense pas qu'elle soit dans un état normal, mon chéri.

- Va donc dans la cuisine et prépare-moi un bon thé. Je vais m'occuper d'elle, dit-il et quelques secondes plus tard la porte s'ouvre de nouveau.

Un homme blanc au teint pâle, cerné de taches noires sur le visage et des cheveux gris peu soignés, me fait face la mine désapprobatrice de mon présent.

- Que puis-je pour vous ? me demande-t-il d'une voix pâteuse et remplie d'amertume

- Vous parlez de Dereck.

- Comment connaissez-vous mon fils ? Il est décédé.

- Je sais. Pourquoi n'avoir pas parlé de lui à votre femme ? C'est votre fils.

- Ça ne vous concerne en rien. Vous avez le culot de venir chez moi, dans ma propriété privée pour réclamer des réponses qui nous vous regarde pas. Alors, c'est avec toute ma gentillesse que je vous demande de quitter mon domicile.

Il s'apprête à me fermer la porte au nez, mais je le devance et cris pour attiraient l'attention de sa femme :

- Vous le battiez ! C'est à cause de vous qu'il s'est suicidé.

En une seconde la porte s'ouvre de nouveau, il m'attrape le bras et me force à entrer dans sa maison tout en claquant la porte dans mon dos. Je ne suis pas effrayé dans le pire des cas, je m'enfuie en courant.

- Pour qui vous prenez-vous, bon sang ! Vous ne connaissez pas mon fils, ni les raisons de son suicide !

Ces doigts gras sont toujours enroulés autour de ma poignée, je me dégage d'un geste vif.

- Touchez-moi encore de la sorte, vous verrez qui moi je suis ! Vous le battiez. Peut-être même parfois à mort. Pour regarder vos matchs, vos soirées entre collègues ! Bordel, ça n'était qu'un gosse. Votre enfant !

- Les coups étaient pour l'endurcir. Pour qu'il devienne...

Je le coupe avant qu'il n'aille plus loin.

- Pour qu'il devienne un homme, c'est ça .

- Exactement.

- Vous êtes pathétique, mon pauvre. Ça ne m'étonne pas que la mère de Dereck soit partie loin de vous.

Il me bouscule pour m'ouvrir la porte, rouge de colère et sûrement de honte.

- Sortez de suite. Ou j'appelle la police.

Je m'élance en direction de cette dernière puis me rappelle la vraie raison de ma venue ici.

- Pourquoi vous ne l'aimiez pas ?

- Ce gamin me pourrissait la vie. Il n'était pas celui qu'il prétendait. Sa mère aurait dû l'emporter avec elle et son frère dès le départ. Peut-être qu'il serait toujours en vie aujourd'hui.

Il ponctue ces mots avec un faible sourire et tout mon corps s'enflamme de colère, de dégoût pour cet homme rempli d'amertume dans son cœur et mon poing s'abat sur son nez dans un craquement. Sa tête bascule en arrière avec un cri strident de douleur. Son sang a taché mon chemisier vert, mais je ne prends pas la peine d'examiner chaque détail et m'enfuis en courant en criant :

- Il ne désire que ça, d'être aimé !

Je remarque que sa femme débarque pour vérifier que son mari va bien. Je passe le petit portail et disparais de leurs champs de vision le carnet en main, le sourire aux lèvres en pensant qu'il le mérite.

Ma main me fait atrocement mal mais ça n'est rien comparé à la satisfaction de mon poing contre son nez. Ce n'est qu'un mini-bout de tout ce qu'il a fait subir à son fils.

Je lève ensuite les yeux vers ce ciel bleu, rayonnant d'une lumière jaune.

- J'espère que tu as vu ça, Dereck. C'était pour toi.

Cher  inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant