Black Fox

Chapitre 1 : Black Fox

Chapitre 1 : Black Fox

Rabattant ma casquette devant mes yeux, je jette un dernier coup d'œil à mon appartement. Rien ne traine. Tout est vide, déshumanisé. L'appartement ne donne pas l'impression d'avoir été habité pendant un mois. En même temps, comment aurais-je pu le rendre à mon goût ? Je ne possède plus rien. Tout ce qui n'a pas été détruit par la guerre et le temps se trouve désormais dans un musée. Je sais que le Shield me donnerait tout ce que je souhaite, mais ce n'est pas comme ça que j'ai été élevé. Et puis, je n'ai pas abandonné mon rôle de majorette pour redevenir un pantin dans leurs mains. Si je me suis réveillé ici, à cette époque, c'est que le destin a prévu quelque chose pour moi. Et ce n'est pas en restant passif que je vais le découvrir.

Ma résolution prise, je quitte mon appartement, claquant la porte et fermant le verrou. Je n'aime peut-être pas cet endroit, ce n'est toutefois pas une raison pour le laisser se faire squatter. Et puis, je dois donner le change jusqu'au dernier moment. Sans y réfléchir plus longtemps, je m'élance dans l'escalier. Ne pas changer ses habitudes, ne pas se faire voir.

Un bruissement de parquet m'oblige à retenir un sourire. Là, au premier étage, la vieille dame, probablement un ancien agent du Shield, surveille mes aller venus. Dès que je descends les escaliers, je l'entends se mettre devant le judas pour m'observer passer, faisant légèrement craquer la planche de son parquet. Pas que quelqu'un d'autre puisse l'entendre cependant. Le Shield a entièrement rénové le bâtiment pour que je m'y sente à mon aise, en passant par l'insonorisation. Pour avoir lu mon dossier, ils savent que je vois, j'entends bien mieux que la moyenne, ils ne savent simplement pas à quel point et je ne ferais rien pour les dissuader. Normalement, le docteur Erskine devait faire une visite médicale poussée après ma transformation, mais sa mort à changer la donne. Ensuite, rien de plus facile que d'embrouiller les médecins pantois devant moi. Un sourire et ils écrivent ce que je souhaite. Quant aux Commandos Hurlants, ils ne m'ont jamais trahi. Une véritable aubaine.

Je continue ma route jusqu'au parking où je prends ma moto, l'un de mes seuls investissements. Ce sera la seule chose qui me manquera. Malheureusement, je ne pourrais pas m'en acheter une similaire dans ma fuite. Elle est trop rare et trop particulière pour que je prenne ce risque. Je ne connais pas le degré de connaissance du Shield, mais je ne vais pas les laisser m'avoir pour un stupide caprice. Je rajuste mes mitaines avant d'attraper le guidon. L'enfourchant, je lance enfin mon plan d'évasion. Je n'ai pas beaucoup de temps. Dès que je changerai de trajectoire, ne me rendant pas à la salle de sport comme à mon habitude, je vais être traqué. Pas grave, que la chasse commence.

Je bifurque dans une rue et je peux presque entendre les cris de mes poursuivants. Moins d'une minute plus tard, mon téléphone vibre dans ma poche. Pas mal Fury. Sans prendre la peine de décrocher, je le lance dans un camion que je croise et je continue ma route. Ce coin-là de Brooklyn n'a guère changé et j'arrive devant ma destination, un pub. Descendant de ma moto, je la pose à côté des autres et entre dans l'établissement. Il a changé depuis ma dernière venue, 70 ans plus tôt. C'est normal en même temps, les Blacks fox sont rusés. Nous ne nous sommes jamais fait attraper et personne en dehors de notre organisation sait qui nous sommes. Pourtant, comme les autres gangs, nous avons notre spécialité. La collecte et le transfert d'information. Il est temps d'avoir un retour d'ascenseur. Surtout que j'ai déjà passé commande la semaine dernière, plaçant un morceau de papier dans l'œil d'un renard sur Long Island, une sculpture mise à disposition pour le gang. Lorsque l'on veut disparaitre rapidement, on met notre besoin sur un parchemin et le glisse dans l'œil.

Heureusement, le lieu est vide. Me dirigeant vers le barman, j'enlève légèrement ma mitaine droite, dévoilant un petit tatouage sur mon pouce. A cause de mon sérum, il a pratiquement disparu, ne laissant uniquement quelques lignes visibles, représentant un renard stylisé. Pour toute personne en dehors du gang, il s'agit simplement de vieilles cicatrices et je n'ai pas laisser approcher quelqu'un suffisamment pour qu'il découvre la réalité.

- Un double whisky sans glaçon.

- Quelque chose à oublier ?

- Ma copine est fiancée à un autre.

- Vous en trouverez une autre. Ce ne sont pas les filles qui manquent dans le coin.

- Je pense que je vais partir un peu, changer d'air me fera du bien.

- J'espère que vous trouverez ce que vous cherchez.

Sur ces mots, le barman me tend ma commande, que j'avale cul sec. L'alcool n'est pas mauvais et me brûle gentiment la gorge. Enfin, une minuscule clef cogne contre mes dents, il a compris. Remerciant le barman d'un signe de tête, je me dirige vers les toilettes, qui ont bien changé. N'ayant pas beaucoup de temps, je cherche des yeux un renard gravé sur le mur. Sortant la petite clef, je la glisse au niveau du museau, dévoilant une cache. A l'intérieur, j'attrape un sac contenant une liasse de billet et quelques vêtements à ma taille avant de refermer la cachette.

Le léger claquement fut suivi d'un soufflement. Il s'agit d'une mousse qui est automatiquement lancé dans le caisson après la fermeture d'un coffre, remplissant l'espace et scellant le contenu. Impossible ainsi de découvrir l'endroit. Le truc génial avec cette mousse est qu'elle disparait au bout d'une semaine, s'évaporant par elle-même. De cette manière, personne ne peut découvrir la vérité.

Prenant garde à ne pas mélanger mes affaires, je me change rapidement dans une cabine, laissant le sac offert par le Shield dans un coin. Prenant l'autre et ajustant ma tenue, je quitte ensuite les toilettes par une seconde porte, qui donne une salle réservable, heureusement libre à cette heure. Je ne peux m'empêcher de sourire en la reconnaissant. La vieille salle de fraude. Celle qui, durant la prohibition, donnait accès à la véritable cave.

Sans plus attendre, je soulève la trappe cachée et m'enfonce dans les souterrains, qui eux, n'ont pas changé. Ces couloirs sont reliés à tout ce qui se trouve en sous-sol, comme le métro, les parkings ou les égouts. Pour ma part, j'ai besoin d'une voiture. J'aurais préféré une moto, mais ce n'est pas discret, pas pour moi en tout cas.

D'une petite foulée, je reprends ma route, m'éloignant de plusieurs kilomètres de ma position de départ. Connaissant le Shield, ils vont rapidement trouver mes affaires et ce souterrain. Le barman ne parlera pas, après tout, personne n'a jamais réussi à faire parler ceux-là. Il fera mine d'ignorer l'existence de la planque. Après tout, le bar est récent, il n'a pas à le savoir. Je dois m'éloigner le plus possible avant que le Shield ne déploie ses satellites.

- Pssst !

***

Bienvenue sur cette nouvelle histoire centrée sur Steve Rogers !

Elle suivra notre Captain América tout au long de son aventure, car qui sait ce qui lui serait arrivé s'il avait eu des contacts à l'extérieur du Shield en se réveillant ?