Black Fox

Chapitre 9 : Jeannette

C'est dans un état d'impatience durement caché que Maisie et moi nous nous rendons chez Jeannette. Je suis complètement sur les nerfs. Peut-être que cette rencontre définira la fin de ma quête ou le début d'une nouvelle aventure.

Ayant été prévenu de notre visite, Thomas, le petit fils de Jeannette vient nous ouvrir dès notre arrivée et nous conduisit dans un vieux salon, où la dame âgée se repose dans un fauteuil avec une boite en fer sur ses genoux. Malgré ses 90 ans, elle a toute sa tête et un regard vif, qui se pose sur moi dès mon arrivée et ne me lâche plus.

-          Tu es Steve, n'est-ce pas ?

Ma voix se bloque dans ma gorge. Comment peut-elle savoir ? Voyant que je suis incapable de répondre, dans un anglais parfait, Jeannette reprend.

-          Il savait que tu viendrais le chercher.

-          Vous...

-          Mamie ?

-          Thomas, je te présente le Captain Steve Rogers.

-          Qu'est-il arrivé à Bucky ? Demandais-je, impatient et trop déboussolé pour être poli.

Jeannette soupira avant de jeter un regard à Maisie.

-          Je fais confiance à Thomas, fais-tu confiance à ton amie ?

-          Totalement. C'est grâce à elle que j'ai pu venir jusqu'ici.

-          J'espère que tu as raison. Autant tout te raconter depuis le début.

Jeannette se cala dans son fauteuil, son regard perdu dans le vide alors qu'elle rassemble ses souvenirs. A côté de nous, Thomas apporte quelques biscuits et du café, avant de se rasseoir dans un fauteuil pour écouter l'histoire de sa grand-mère. Vraisemblablement, il n'a pas l'air d'être au courant de ce secret familiale.

-          J'avais douze ans quand j'ai rencontré ton ami. J'allais chercher de l'eau à la rivière quand je l'ai trouvé allongé sur la berge. J'ai aussitôt prévenu mon père et avec mon oncle et mes cousins, ils l'ont ramené à la maison.

-          Il était en vie ?

-          Blessé, mais en vie. Le médecin du village a dû l'amputer du bras droit. Entre l'hypothermie et la chute, il n'aurait pas survécu.

J'avale difficilement en imaginant mon meilleur ami, transit de froid, un bras en moins, allongé sur un lit en proie à la fièvre. Encore une fois, il a souffert par ma faute.

-          Au départ, il avait beaucoup de fièvre, mais en quelques jours, elle disparue, par miracle. Cela passé, il se remit tranquillement, tout en nous aidant dans nos tâches quotidiennes. Comme j'étais celle qui l'avait trouvé, je devais le surveiller. Nous avons beaucoup discuté et de toi notamment. Il était certain que tu viendrais le chercher. Même quand la radio a annoncé ta disparition, il savait que tu viendrais.

-          Il ne devait probablement pas imaginer que je mettrais 70 ans...

-          Certainement !

Jeannette me sourit et avala une gorgée de café. Visiblement, elle me fait payer mon retard en prolongeant l'attente. C'est de bonne guerre, même si j'ai envie de savoir ce qui est arrivé à Bucky. Quelque chose me dit que cela ne va pas me plaire.

-          Il est resté avec nous pendant trois semaines avant que des militaires débarquent. Au départ, ton ami était heureux de les voir et puis... Je parlais encore mal l'anglais à cette époque, donc je n'ai pas tout compris mais... Bucky est devenu méfiant. Il a réussi à retarder son départ pour se rendre dans sa chambre, où il m'a confié cette boite en me demandant de la cacher et de te la donner quand tu viendrais. Ensuite, il est parti avec les militaires et sans le savoir, il m'a sauvé la vie.