Chapitre premier

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   L'arme tremblote dans mes mains et je déglutis d'appréhension, l'homme en face de moi pleure de toutes ses forces et m'implore du regard de ne pas appuyer sur la détente. (Moi non plus je ne veux pas faire ça, désolé monsieur. )La tête de mon papa se rapproche doucement de la mienne et son odeur d'alcool et de tabac froid vient me m'envahir les narines.

-Fait le pour moi mon petit ange, appuie sans réfléchir.

   Les larmes me montent aux yeux et papa le remarque immédiatement. Je me dépêche de les essuyer avant qu'il ne me gronde.

-Arrêtes de chialer et appuie sur cette putain de détente !

-Désolé papa, je vais le faire.

   Il vient se placer derrière moi et ses mains robustes appuient sur mes épaules, il me fait mal. Mais je ne dois pas me plaindre ou ça sera pire. Je me reconcentre sur le monsieur en face de moi et resserre l'arme dans mes petites mains.( C'est lourd. )Puis, comme papa me l'a dit, j'appuie sans réfléchir.

Je me réveille en sursaut le cœur en trombe dans ma poitrine, ce n'était qu'un rêve, qu'un mauvais rêve. Je prends quelques secondes pour me resituer dans l'espace et dans le temps. C'est vrai je suis à la bibliothèque, j'étais venue pour réviser avant mon contrôle de demain. Je me lève de ma chaise et récupère mes affaires, je salue la bibliothécaire en sortant mais elle ne me rend pas mon attention. Elle a peur.

     Une fois dehors, je bataille quelques secondes avec mes écouteurs avant d'arriver à les démêler et dès que la musique se lance je me sens prête à retourner jusqu'à ma chambre, je traverse le campus sans faire attention aux gens qui me dévisagent et suis le rythme des paroles, quand je suis devant ma porte, j'inspire une bouffée d'air.
    Puis, j'ouvre la porte en y allant franco, de toute façon j'aurai l'air d'une conne si je restais plantée devant la porte à hésiter d'entrer dans ma propre chambre.
    Amber (ma coloc) est tranquillement assise dans son lit, son ordi sur les genoux mais quand elle se rend compte de mon arrivée, elle relâche directement l'engin pour venir m'assaillir de questions, comme à chaque fois.

-Ça a été ta journée ?

     Pour moi, chaque journée qui ne se termine pas par le meurtre de mon paternel n'est pas une bonne journée mais évidemment, ça, je ne vais pas lui dire ça.

-Bien.

     Je ne lui demande pas comment s'est passée la sienne car je n'ai pas envie de lui parler. De toute façon je ne parle à personne en général car en général personne ne me parle, sauf Amber.
    De tout le campus, c'est la seule personne qui ait accepté de m'avoir comme colocataire. Je me rappelle encore de l'appel de la secrétaire me disant qu'on ne voulait pas de moi comme coloc. Soit disant que mon nom de famille les a effrayés. En vérité je les comprends, qui voudrait la fille d'un célèbre tueur en série comme moi dans sa chambre ? Personne. À part Amber de toute évidence.
    Au début je croyais qu'elle ne lisait pas les journaux et ne regardait pas les informations mais il s'est avéré tout le contraire, c'est en réalité une fana de faits divers qui rêvait de me rencontrer un jour.
    Malheureusement pour moi, elle s'est rendue au bureau des élèves à cause d'une erreur dans son emploi du temps et elle a entendu la secrétaire marmonner à quelle point elle avait du mal à me « caser », elle a donc sauté sur l'occasion et a elle même demandé à ce que je soies sa colocataire.

-La mienne aussi ! Bryan m'a invité à la soirée de ce weekend. Tu veux venir. ?

-Non merci.

     Plutôt creuver. Elle s'attendait à mon refus et ne revient pas à la charge immédiatement mais elle a comme une illumination et place ses mains en position de prière comme pour me supplier.

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